Deux ans après son long métrage de fiction Gare du Nord, Claire Simon nous revient avec un documentaire, Le bois dont les rêves sont faits, consacré au bois de Vincennes, à Paris. Deux oeuvres qui se complètent et s'opposent, nous dit la réalisatrice dont le film est présenté aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal.

Le bois de Vincennes, au sud-est de Paris. On y vient seul, à deux ou en famille. On y vient pour draguer, baiser, se détendre, manger, écouter de la musique, faire de l'exercice, peindre, photographier, réfléchir. La ville, pourtant si proche, s'efface. Le temps s'arrête.

Les images du long métrage documentaire Le bois dont les rêves sont faits de Claire Simon ne sont pas sans évoquer le va-et-vient de son film de fiction Gare du Nord, dans lequel jouait, entre autres, la comédienne Monia Chokri.

Une version «verte» de Gare du Nord que cette oeuvre?

«Oui, on peut dire cela, répond la cinéaste au bout du fil depuis Paris. En fait, c'est le contraire. Les deux films forment un diptyque. Gare du Nord était comme la porte de l'enfer. Alors que Le bois dont les rêves sont faits est comme la porte du paradis.»

«Partir en train évoque un inconnu, alors qu'on va au bois pour s'y retrouver.»

Elle ajoute avoir eu l'idée de faire ce documentaire en tournant Gare du Nord, autre signe que les deux oeuvres se font écho l'une l'autre.

L'idée du paradis reviendra, sous une autre forme, plus tard dans la conversation. «Le bois est comme un temple, une église, dit Claire Simon, qui a grandi au coeur de la nature dans le Var avant de s'installer à Paris. Les gens y pratiquent toutes sortes de rituels et ont le sentiment de s'élever.»

995 hectares

Superficie du bois de Vincennes, qui est trois fois plus grand que Central Park et représente cinq fois la dimension du parc du Mont-Royal

On peut donc facilement sentir la nature se refermer sur soi dans cet immense poumon urbain. Chacun s'y réfugie à sa façon.

«Pour ceux qui y passent, il y a un rapport à la nature sauvage, et c'est ce qui m'a plu, observe la cinéaste. Prenez ces pêcheurs prêts à passer la nuit dans le bois pour pêcher de grosses carpes dans le lac. Ça ne paraît pas, mais ils sont à 50 mètres d'une station de métro.»

Pour plusieurs autres, le bois sert de lien à l'enfance. C'est le cas de ceux qui, arrivant de très loin, y voient un phare, un refuge.

Alternant entre films de fiction (Ça brûle, Les bureaux de Dieu) et documentaires (Les patients, Coûte que coûte), Claire Simon affectionne les tournages dans des lieux publics ou encore les endroits où de nombreuses personnes sont de passage. C'est le cas avec ses deux plus récentes oeuvres. Et ce sera aussi le cas avec son prochain film, intitulé Le concours.

«J'ai filmé tout le concours permettant d'entrer à la Fondation européenne des métiers de l'image et du son (FEMIS), dit-elle. C'est une école de cinéma où il est très difficile d'être accepté.»

Le spectateur s'y sentira visiblement loin du reposant bois de Vincennes!

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Aujourd'hui, 19 h 45, salle Jean-Claude-Lauzon de l'UQAM;  dimanche (15 novembre), 14 h 30, Cinémathèque québécoise.