Avec The Intern, la réalisatrice et scénariste Nancy Meyers propose une comédie romantique nouveau genre en changeant l'amour pour l'amitié. En plus d'offrir à Robert De Niro un rôle tendre et comique, comme on l'a rarement vu en jouer.

Après une demi-douzaine de comédies romantiques traditionnelles, Nancy Meyers a eu envie de réinventer le genre avec The Intern (Le nouveau stagiaire). En effet, son nouveau film décrit la naissance d'une amitié improbable entre Ben Whittaker, un stagiaire de 70 ans (Robert De Niro), et Jules Ostin, une femme de 30 ans qui dirige un site d'achats de vêtements féminins en ligne (Anne Hathaway).

Le film met aussi en vedette plusieurs jeunes acteurs, comme Adam DeVine et Anders Holm (Workaholics), de même que Rene Russo.

Or, s'il n'y a pas de romance comme telle dans cette comédie empreinte de nostalgie, il y a beaucoup de galanterie entre les protagonistes. En entrevue avec La Presse au début du mois à New York, Nancy Meyers a confié s'être inspirée de classiques des années 50 et 60 avec, entre autres, Spencer Tracy et Katharine Hepburn, pour ses personnages de Ben et Jules.

Durant le tournage qui a duré 15 semaines, Robert De Niro avait aussi Spencer Tracy en tête (à l'époque de Devine qui vient dîner?). Le genre d'homme typique des comédies romantiques, portant un mouchoir dans la poche de sa veste pour l'offrir aux femmes en pleurs.

«Mais Robert est vraiment un acteur de composition, explique Nancy Meyers. Il part du scénario pour créer son propre personnage et lui donner une valeur ajoutée. Parmi les comédiens avec qui j'ai travaillé, Robert est l'acteur qui compose le plus son personnage», confie la cinéaste qui a aussi dirigé Mel Gibson, Alec Baldwin et Jack Nicholson.

Des garçons éternels

The Intern est un film sur le choc des générations. Ben est un homme d'âge mûr qui évoque un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. «Il n'est pas confus, comme bien des hommes aujourd'hui. Il ne pose pas constamment des questions sur sa masculinité, ses relations, ses amours. Aujourd'hui, quand un gars veut s'excuser à sa blonde, au lieu de lui parler, il lui envoie un émoticon!»

Dans le film, Meyers se moque de ces hommes de 30, 35 ans qui s'habillent comme des garçons de 6 ou 10 ans. «On dirait que leur garde-robe est la même depuis 25 ans: jeans, t-shirts, espadrilles, dit-elle. Ben est tout le contraire. Il s'habille chaque jour en complet trois pièces pour aller travailler, alors que ses jeunes collègues ne rentrent même pas leur chemise dans leur pantalon.»

Si Ben est un homme en voie de disparition, Jules est une femme d'aujourd'hui. Une superwoman, digne représentante de la génération Y, qui tente de sauver son couple, sa famille, son entreprise tout en étant belle et glamour.

À une époque où l'on change de téléphone tous les six mois, The Intern montre le revers de la médaille de la jeunesse et de la nouveauté: les bienfaits de l'expérience, du recul et de la sagesse. «Il faut aussi aller voir ailleurs, croit la réalisatrice. Il y a des cultures, comme au Mexique, où l'on habite avec nos grands-parents jusqu'à la mort. On ne devient pas invisible après la retraite. Tandis qu'ici, on vous met de côté. Pourtant, les baby-boomers ont beaucoup de savoir à transmettre à la jeune génération.»

Robert De Niro se souvient que, jeune acteur, il a beaucoup appris de ses aînés, comme Elia Kazan. «Un mentor peut changer votre vie, dit-il. C'est une chose précieuse. C'est un raccourci pour arriver à un endroit qui peut demander plusieurs années de travail. Je me fais un devoir de transmettre mon expérience aux jeunes sur le plateau.»

Vieillir, la belle affaire!

Finalement, vieillir a aussi ses bons côtés? «C'est sûr que je suis chanceux d'avoir une bonne santé, répond Robert De Niro. Chaque matin, je me sens encore jeune. Je ne regarde pas en arrière; je pense aux projets.»

À 72 ans, l'acteur oscarisé paraît 15 ans de moins en personne. «Robert est en meilleure forme que plusieurs jeunes acteurs de 25 ou 30 ans sur le plateau. Je le sais, car je les tous ai fait courir», rigole la réalisatrice.

En conférence de presse, Meyers et Anne Hathaway ont louangé le calme et la contenance de l'acteur de Raging Bull et Taxi Driver sur le plateau de tournage. «Il est très zen, imperturbable. Robert est un Jedi! lance Hathaway. Ça faisait du bien de le voir dans cet état, car tout le reste de l'équipe était survolté.»

Pour la première fois, la réalisatrice n'a pas tourné en studio, mais dans divers lieux new-yorkais, principalement à Brooklyn et dans le Bronx. «Je voulais que The Intern se passe ici, explique Meyers, parce qu'après Silicon Valley, en Californie, New York est le deuxième endroit où l'on trouve le plus d'entreprises 2.0 qui démarrent. De plus, c'est une ville qui nous fascine, Robert et moi. Un cinéaste pourrait filmer éternellement New York qu'il trouverait un nouvel angle à montrer à chaque prise.»

Cinéma au féminin

Nancy Meyers est l'exception qui confirme la règle à Hollywood. Dans un milieu où les hommes occupent (presque) tout l'espace, la cinéaste réalise des films hollywoodiens sur des intérêts féminins, mettant en vedette des actrices qui ont dépassé la quarantaine: Diane Keaton, Meryl Streep, Helen Hunt, Cameron Diaz.

De son propre aveu, elle s'apprêtait à enterrer le scénario de The Intern quand le studio Warner Bros. lui a donné son O.K. «Une femme de 65 ans qui veut faire un film sur un homme de 70 ans, stagiaire dans l'entreprise d'une femme de 30 ans, c'est pas très populaire comme histoire pour les studios, dit Meyers. Ils ne voient pas à quel endroit on pourrait donner un rôle à Channing Tatum!»

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The Intern (Le nouveau stagiaire) prend l'affiche le 25 septembre.