Il y a Adaline et Ellis. Ils sont jeunes, beaux, intelligents. Et quand leurs regards se croisent pour la première fois, il se passe quelque chose. Un coup de foudre? Un genre de «reconnaissance» surnaturelle? Peu importe. Quelque chose. Ils sont faits l'un pour l'autre. Visiblement. Ou pas.

Parce que cette jeunesse, Adaline ne la possède qu'en apparence. Elle est née au tournant du XXe siècle. Elle avait 29 ans lorsque, par un concours de circonstances scientifico-fantastique, elle a cessé de vieillir. Depuis, elle vit incognito, sans amis, sans relations. S'installant ici, là, puis ailleurs. Son ancre, la seule, est sa fille, Flemming, née avant qu'Adaline ne devienne éternelle. Flemming qui est maintenant octogénaire, alors que sa mère, aujourd'hui plus que centenaire, ne semble pas avoir passé le cap de la trentaine.

Pour raconter The Age of Adaline, le réalisateur Lee Toland Krieger a fait appel à Blake Lively et à Michiel Huisman.

Elle

«Je ne sais pas si j'étais la meilleure personne pour interpréter Adaline. En fait, je peux vous donner une liste d'actrices qui auraient été meilleures dans ce rôle, mais je peux vous dire que j'étais certainement la plus agressive. Je voulais vraiment l'avoir», a raconté, lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles, celle que l'on a découverte dans The Sisterhood of the Traveling Pants puis, à la télévision, dans Gossip Girl. Et qui s'est éclipsée des écrans à la fin de la série, en 2012.

Pourquoi? Parce qu'elle est sortie épuisée de son séjour dans la peau de Serena van der Woodsen.

«J'ai travaillé pendant six ans pour la télé. Ça veut dire tourner 10 mois par année, de 16 à 18 heures par jour.» Dès que son horaire le lui permettait, elle quittait «l'élite de Manhattan» pour plonger dans d'autres univers cinématographiques (The Town, Savages ou encore Green Lantern, où elle a rencontré celui qu'elle a épousé en 2012, Ryan Reynolds).

Bref, une pause était nécessaire. Pour prendre du recul. Lire des scénarios. Dont celui de The Age of Adaline. Auquel, donc, elle tenait vraiment. Pour lequel elle s'est battue. Avec succès. «Et c'est là que je suis tombée enceinte», pouffe-t-elle. Une partie du tournage s'est faite alors qu'elle attendait James, sa fille, née en décembre dernier.

Le défi, pour l'actrice de 27 ans qui devait imaginer, pour la majeure partie du film, contemporaine, en avoir 107, a été de se trouver un modèle.

«J'essaie toujours, pour m'inspirer, de me coller à quelqu'un qui ressemble au personnage que je dois incarner. Mais... bon, c'est compliqué de trouver une personne qui a vécu plus de 100 ans et, plus encore, qui serait immortelle», rigole-t-elle. Elle s'est plutôt penchée sur ce moment, dans la vie, où une femme se trouve elle-même, «où elle se définit». Où elle devient la femme qu'elle sera le reste de sa vie.

Pour Blake Lively, Adaline a éclos dans les années 20. Quand elle a trouvé l'amour, quand elle est devenue mère. L'actrice a alors décliné cette femme des années 20 dans les décennies subséquentes. «La place des femmes a changé, Adaline a suivi le mouvement, mais elle a toujours conservé ce classicisme, ce stoïcisme, cette réserve, ce côté formel, presque conservateur, du temps où elle s'est «faite».»

Pour cette fashionista qu'est Blake Lively, impossible, par exemple, que le personnage aille «se vêtir chez Zara ou adopte une allure à la Sarah Jessica Parker. Elle devait, en tout temps, paraître sans âge». Paraître, mais aussi parler, agir, réagir. Ce, sans trop pousser et en faire une extraterrestre. Juste assez pour intriguer.

Lui

«Pour moi, le défi se trouvait dans le fait que, sur papier, Ellis semble parfait», indique Michiel Huisman, son interprète, que l'on voit ces temps-ci au petit écran dans les bras de la blonde Daenerys Targaryen, puisqu'il incarne Daario Naharis dans Game of Thrones. «Il a du succès, il est philanthrope, il est jeune...» «Il est beau», le coupe Blake Lively en riant.

Un compliment que l'acteur reçoit avec... une belle humilité (et un sourire). Avant de poursuivre. De dire ses inquiétudes. «Je craignais que ce Mr. Perfect ne paraisse insupportable.»

«C'est vrai qu'avec autant d'atouts dans un gabarit de 1,85 m, oui, Ellis pouvait facilement avoir l'air du vrai connard qui a tout et qui, en plus, veut gagner le coeur de la belle fille», reconnaît le réalisateur Lee Toland Krieger.

Les deux hommes ont donc longuement discuté afin d'humaniser le personnage. Ils l'ont donc imaginé effacé, un peu geek, qui a grandi de façon plutôt solitaire et a créé un algorithme, seul dans son dortoir, à l'université. Dix ans plus tard, grâce à cet «accident», il est richissime. Mais il est resté lui-même. Humble. Discret. Et au lieu de briller grâce à sa fortune, il a décidé, naturellement, de l'utiliser pour aider les autres.

«Il fallait que l'on comprenne pourquoi une vieille âme comme Adaline tombe amoureuse de ce p'tit jeune», conclut l'acteur.

Et l'autre

Un troisième personnage occupe une place cruciale dans The Age of Adaline. Le père d'Ellis, William, incarné par Harrison Ford. Qui, pour une rare fois, ne participait pas à la promotion d'un film où figure son nom. Et pour cause.

Au moment des rencontres de presse, dimanche, il n'était sorti de l'hôpital que depuis une semaine. Récupérait encore de l'accident survenu le 5 mars, alors qu'il a réussi à poser le petit avion en détresse qu'il pilotait sur le terrain de golf de Venice. Il est encore en convalescence.

Ni le réalisateur ni ses partenaires du long métrage ne lui ont parlé depuis. Mais des courriels ont été échangés.

«Ce type est un dur, hé, c'est Han Solo! Qu'il soit parvenu à ramener l'appareil au sol est en soi un exploit», fait Lee Toland Krieger qui a toujours pensé à Harrison Ford pour le rôle de William.

«Quelque chose de sophistiqué et d'intellectuel émane de lui. Autant vous pouvez croire en lui en aventurier, autant il est crédible en érudit», explique le réalisateur qui avait besoin, pour ce rôle, d'un acteur pouvant trouver sa place dans le long métrage même s'il n'y «entre» qu'à mi-parcours, «un acteur d'âge mûr possédant encore beaucoup de charisme».

Un charisme auquel les deux jeunes têtes d'affiche ont succombé. D'autant que «vous savez, vous vous dites qu'il va se pointer sur le plateau, être Harrison Ford et repartir. Mais non, il était vraiment là, dans le moment présent», fait Blake Lively.

«En fait, que ce soit avec lui ou avec Ellen Burstyn [qui incarne la fille d'Adaline] ou Kathy Baker [qui joue l'épouse d'Harrison Ford], nous partageons ce désir de dire des histoires», complète Michiel Huisman. Et c'est ce désir, peu importe l'expérience, qui les a liés sur le plateau.

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The Age of Adaline (Éternelle Adaline) prend l'affiche le 23 avril.