Après un passage remarqué dans des festivals canadiens, le long métrage Marinoni de Tony Girardin prend l'affiche. La Presse s'est entretenue avec le réalisateur qui a tourné un film à l'image du fabricant de vélo : cru, vrai, sans compromis.

Vous dites avoir mis des années à convaincre Giuseppe Marinoni de tourner un film sur lui. Mais qu'est-ce qui vous a allumé chez lui ?

Je collectionnais des vélos en dilettante. Un jour, j'ai trouvé un Marinoni dans le sous-sol d'une maison de Drummondville. J'ai découvert qu'il avait été fait par un Italien résidant du Québec. J'ai trouvé d'autres vélos de la même marque et je suis allé le voir à son atelier. Dès notre première rencontre, je me suis dit qu'il était un sujet parfait pour faire un documentaire.

Il est évident, en visionnant votre film, que vous avez mis du temps à le convaincre. Comment y êtes-vous arrivé ?

Je le relançais de temps à autre lors de mes visites. Chaque fois, il m'envoyait promener. Mais Marinoni avait aussi ce projet de battre le record de distance sur piste en une heure dans sa catégorie d'âge des 75 ans et plus. J'ai donc commencé à filmer ses entraînements à Bromont, puis je suis allé dans son entreprise. Je crois que nous nous sommes liés au moment où je l'ai accompagné en voyage en Italie. Nous avons vécu ensemble une douzaine de jours alors qu'il s'apprêtait à faire sa course. Nous avons appris à nous connaître et nous sommes rapprochés.

Quels mots emploieriez-vous pour le décrire ?

Dans le film, un de ses amis dit qu'il est explosif. J'aime bien ce terme. Giuseppe est explosif, passionné, attachant. Il n'a pas peur de vivre sa vie à sa façon. Il a suivi sa voie comme il le pensait et a réussi. Personne ne pouvait l'arrêter. Aujourd'hui, il travaille encore à 78 ans au lieu d'attendre ses chèques de pension. Il est un bel exemple pour ceux qui rêvent d'accomplir toutes sortes de choses.

Vous intervenez souvent dans votre film. Pourquoi ?

Je ne conservais pas ces interventions dans mes films précédents. Mais avec Giuseppe et sa femme Simone, c'est comme si j'avais appris à flatter des porcs-épics. Pour les approcher, je faisais beaucoup de blagues et d'interventions qui sont devenues partie intégrante du film. En montrant des rushes à des amis, on m'a dit de les conserver. Elles n'étaient pas planifiées, mais elles ont une résonance dans l'histoire.