Peter Jackson vient de passer presque deux décennies dans le monde de J.R.R. Tolkien, en compagnie de The Lord of the Rings, puis de The Hobbit. Brève conversation avec ce citoyen d'honneur de la Terre du Milieu.

«Je ne suis pas homme à avoir des regrets. Je me sens en paix, heureux, satisfait de ce que j'ai fait», a lancé Peter Jackson lors de l'entrevue téléphonique éclair («Je vais devoir être rapide et, si je le peux, intelligent!») qu'il a accordée à La Presse alors qu'il se trouvait à Londres pour la promotion de The Battle of the Five Armies, troisième partie de son adaptation de The Hobbit de Tolkien... et sixième étape de son séjour de presque 20 ans en Terre du Milieu, les trois premières ayant été faites sous le signe de The Lord of the Rings.

En fait, le réalisateur néo-zélandais est particulièrement excité par la sortie de ce nouveau long métrage. Parce qu'il est celui qui fait le pont entre les deux trilogies - que lui voit, en fait, comme «une seule série, en six parties: c'est comme cela que tous ces gens qui ne l'ont pas découverte à coup d'un film par année la consommeront un jour». Donc, les trois The Hobbit (basés sur un livre pour enfants), puis les trois The Lord of the Rings (adaptation d'un roman plus ambitieux et plus adulte). 

Après tout, il en va ainsi dans la chronologie de Tolkien, même si, à l'écran, à cause d'un problème de droits, The Lord of the Rings a été adapté avant les aventures de Bilbo.

Et, en effet, The Battle of the Five Armies «fait le pont» entre les deux récits. En contenu, mais aussi en ton: l'humour et le caractère enfantin d'An Unexpected Journey s'était un peu assombri dans The Desolation of Smaug, les enjeux et le drame sont plus grands encore dans cet ultime volet.

C'est avec cette progression en tête que Peter Jackson a décidé de faire trois (longs) films d'un (court) roman. Pour avoir l'espace et le temps de dire, de montrer les choses à sa façon. «Le livre a été écrit par un auteur. Or, je ne suis pas un auteur, mais un cinéaste.» Un cinéaste avec une vision et une oeuvre en propre. Cette oeuvre, portant sa signature, ne pouvait, à son sens, se faire en un seul long métrage, ni même en deux.

«Était-il possible de faire un seul film à partir du Hobbit? Oui, bien sûr. Mais ce ne serait pas l'histoire que nous avons racontée, comme nous l'avons racontée.»

La fièvre de l'or

«Jacksonisé», ce Hobbit puise donc aussi dans les annexes qui se trouvent à la fin de la dernière partie de The Lord of the Rings, The Return of the King. Histoire de découvrir, en suivant la route de Gandalf le gris, l'éveil des forces sombres qui, 60 ans plus tard, gronderont en Terre du Milieu, poussant Frodo et la Communauté de l'anneau dans leur propre quête.

Frodo, héros de The Lord of the Rings, est, rappelons-le, le neveu de Bilbo, figure centrale du Hobbit. Deux hobbits peu enclins à l'aventure, comme leurs pareils, mais qui répondront à l'appel de Gandalf. Le premier, pour détruire l'Anneau unique. Le second, des années auparavant, pour aider les nains menés par Thorin à reprendre leur trésor, autrefois dérobé par Smaug le dragon. Lequel, dans les entrailles de la Montagne solitaire, veille toujours sur ces amoncellements d'or.

Du moins jusqu'aux dernières images de The Desolation of Smaug où, réveillé et chassé par Bilbo, fou de rage, il s'envolait vers Bourg-du-Lac. Avec l'intention de détruire le village et ses habitants, une poignée d'humains insignifiants à ses yeux.

Restés avec le trésor, la Compagnie des nains et le hobbit observent la transformation de Thorin (Richard Armitage), victime de «la maladie du dragon» - une fièvre de l'or à cause de laquelle il perd tout jugement. Il soupçonne tout un chacun de vouloir s'en prendre à ses richesses. Et il refuse aux uns et aux autres la part promise du trésor.

La colère grondera alors tous azimuts. Chez ceux qui se diront trahis et chez ceux qui ont tout perdu à cause du dragon. Il y aura aussi les hordes malfaisantes lâchées par les forces du mal qui s'éveillent tranquillement en Terre du Milieu. Les plaines entourant la Montagne solitaire seront alors le lieu de la terrible Bataille des cinq armées. Le coeur de ce film-ci.

«Pour moi, c'est le point culminant de deux heures d'un long métrage qui en fait au total huit ou neuf», fait Peter Jackson, qui ferme ainsi la porte de la Terre du Milieu. Mais il n'en jette pas la clé: «Il ne faut jamais dire jamais», répond-il quand on évoque la possibilité d'un retour à l'oeuvre de Tolkien. «Pour l'instant, les droits ne sont pas libres. Et quand ils le seront... il faudra voir si je ne serai pas trop vieux pour m'y remettre!», conclut-il dans un grand rire.

The Hobbit: The Battle of the Five Armies (Le hobbit: la bataille des cinq armées) prend l'affiche le 17 décembre.

LA BATAILLE DES CINQ ARMÉES

«Ainsi commença une bataille que nul n'attendait; elle fut appelée Bataille des cinq armées, et elle fut terrible. D'un côté se trouvaient les gobelins et les loups sauvages, et de l'autre, les elfes, les hommes et les nains.» C'est de cette manière que Tolkien amorce, dans Bilbo le hobbit, sa description de l'affrontement qui fit rage autour de la Montagne solitaire abritant l'or des nains volé par Smaug le dragon et la compagnie menée par Thorin. Se mêleront aux combats: Bilbo le hobbit (Martin Freeman), Gandalf le magicien gris (Ian McKellen), les aigles géants des Montagnes de brume et Beorn le géant métamorphe (Mikael Persbrandt).

LES GOBELINS (ORQUES DANS LE FILM)

Un groupe d'orques est mené par Azog le Profanateur et l'autre, par son fils Bolg (respectivement incarnés par Manu Bennett et John Tui, en capture de mouvement). Tolkien n'est pas précis quant à leur nombre, mais il évoque «une multitude grouillante».

LOUPS SAUVAGES (WARGS)

Créatures ressemblant à des loups géants, les wargs servent de montures aux orques, mais leur rôle ne se limite pas à celui de moyen de transport. Doués d'une intelligence guerrière, ils combattent, mordent, arrachent. Tuent.

ELFES

Avec à leur tête le roi Thranduil (Lee Pace) chevauchant son grand cerf, 1000 elfes-lanciers de la Forêt noire et au moins autant d'elfes-archers combattent au pied de la Montagne solitaire. Legolas (Orlando Bloom) et Tauriel (Evangeline Lilly) sont aussi de la partie.

HOMMES

Après que leur village eut été détruit par Smaug le dragon, les hommes de Bourg-du-Lac sont environ 200 à suivre l'archer Bard (Luke Evans) vers la Montagne solitaire et à participer à la Bataille des cinq armées.

NAINS

Menés par Dáin Ironfoot (Billy Connolly), fièrement monté sur son sanglier, quelque 500 nains des Collines de fer viennent prêter main-forte à Thorin Oakenshield (Richard Armitage), à ses neveux Kili et Fili (Aidan Turner et Dean O'Gorman) et à leurs compagnons.