Christoph Waltz a accepté un rôle secondaire dans Horrible Bosses 2 parce que les concepteurs du film ont su le convaincre. L'acteur, lauréat de deux Oscars, n'accepte jamais les propositions d'emblée.

Il blaguait bien sûr. Avec cette espèce de sourire en coin qui en révèle davantage qu'une thèse entière sur papier. Au cours d'une conférence de presse tenue à Los Angeles, organisée en marge de la sortie, mercredi, de Horrible Bosses 2, Christoph Waltz a bien fait comprendre à l'auditoire que cette petite virée dans la comédie immature et vulgaire ne l'a pas toujours fait délirer d'enthousiasme.

«Quand je suis arrivé sur le plateau, j'ai cru qu'on jouerait ce qu'il y avait d'écrit dans le script, a-t-il déclaré. Mais les gars se sont mis à improviser. Je déteste ça. Avec une bande comme celle-là, il est impossible d'être à la hauteur. Alors je me suis tassé dans un coin et je les ai regardés faire!»

À la suite du succès qu'a obtenu Horrible Bosses il y a trois ans, une suite a bien évidemment été mise en chantier. Mettant en scène le même trio (Jason Bateman, Charlie Day et Jason Sudeikis), le nouveau volet s'attarde à décrire les déboires des trois lascars qui, aujourd'hui, décident de lancer leur propre entreprise. Se faisant rouler par un investisseur véreux (Christoph Waltz bien sûr!), le trio décide de prendre en otage le fils à papa de ce dernier (Chris Pine) pour réclamer justice. Pour l'occasion, Jennifer Aniston et Kevin Spacey reprennent aussi du service.

«J'ai accepté cette proposition parce que des gens de talent sont impliqués dans ce projet, explique Christoph Waltz au cours d'un entretien accordé à La Presse. Cela dit, la raison pour laquelle ils font appel à moi doit avoir du sens à mes yeux. Je pose d'ailleurs toujours la question à ceux qui me proposent des rôles: pourquoi moi? Quand on me répond que c'est parce que je suis un «bon acteur», ça part mal. Ça, c'est un prétexte, pas une raison. Je préfère connaître le raisonnement à travers lequel ils sont passés pour en arriver à penser que le rôle m'irait bien.»

Faire monter la tension

Très lucide, l'acteur sait très bien que Horrible Bosses 2 fait partie de ces comédies légères dont le but principal est de faire rire sans trop miser sur la finesse.

«Mais à l'arrivée, c'est drôle ou ça ne l'est pas, dit-il. Le rire est un résultat. Et on rit pour des tas de raisons différentes. On rit souvent pour dénouer une situation tendue aussi. Mon travail dans ce film, à travers ce personnage de patron, est de faire monter la tension.»

Christoph Waltz voit en outre une dimension supplémentaire au récit, dans la mesure où il estime que cette dynamique entre patrons et employés constitue quand même un thème intéressant à aborder.

«Bien entendu, les aspects de comédie loufoque priment dans ce genre d'entreprise, mais pas seulement, souligne-t-il. Tout cela dépend aussi de ce qu'on veut y voir. À mon sens, il y a dans ce film un aspect politique assez clair. Ça en dit beaucoup sur la société et notre époque, je trouve. Une comédie doit toujours avoir un vrai sujet en son centre. Tu ne peux pas être drôle si tu ne piques pas là où ça fait mal.»

Son rôle en étant un de soutien, l'acteur n'avait que quelques jours de tournage pour se faire valoir. L'exercice n'en fut pas moins exigeant.

«C'est un cliché de le dire, mais il est vrai qu'il est parfois plus difficile de jouer un petit rôle qu'un grand, fait-il remarquer. Il faut s'intégrer rapidement dans une dynamique déjà bien installée - particulièrement quand un premier film existe déjà - et trouver le ton juste. Cela n'est pas toujours évident.»

Un parcours étonnant

Révélé au monde entier à l'âge de 52 ans, grâce à son inoubliable performance dans le film de Quentin Tarantino Inglourious Basterds, ayant désormais accès aux projets les plus intéressants, Christoph Waltz conserve malgré tout la tête bien froide.

«J'exerce ce métier depuis près de 40 ans, précise-t-il. Comme je proviens d'une famille d'acteurs, la décision n'a jamais été franche et délibérée. J'ai voulu faire bien d'autres choses, mais j'ai abouti là. Et sérieusement, je me demande toujours si j'ai vraiment choisi ce métier ou pas. Cela dit, je tente de l'exercer avec le plus grand degré de professionnalisme possible. Quand on parle de moi en terme d'acteur chevronné, cela me convient, car ce terme évoque davantage le travail. Cela ne dit rien par rapport aux préférences ni à la qualité.»

Avant d'enfiler le costume du colonel SS Hans Landa, qui l'a propulsé au-devant de la scène (prix d'interprétation au Festival de Cannes en 2009; Oscar du meilleur acteur de soutien en 2010), l'acteur allemand, né en Autriche, a prêté son talent à des séries allemandes pendant des années. Il a aussi joué dans des téléfilms américains plus ou moins obscurs. «J'en ai même déjà tourné un à Montréal il y a une vingtaine d'années, dit-il. Je serais toutefois bien incapable de vous nommer le titre!»

Pendant un bon moment, le théâtre a aussi occupé une place importante dans sa vie. Cela n'est plus le cas.

«Peut-être y reviendrai-je un jour, mais aujourd'hui, honnêtement, le théâtre ne me manque pas. On dirait que j'ai déjà eu l'occasion de sortir ça de mon système. Ma motivation a changé et c'est bien normal. On n'exerce pas ce métier à 58 ans pour les mêmes raisons qu'à 19. Si c'était le cas, cela relèverait de la névrose!»

Le mois prochain, Christoph Waltz sera de nouveau au coeur de l'actualité cinématographique. Dans le nouveau film de Tim Burton Big Eyes, l'acteur incarne Walter Keane, un peintre qui, dans les années 50 et 60, a pris tout le crédit pour les oeuvres créées par sa femme Margaret (Amy Adams).

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Horrible Bosses 2 (Méchants patrons 2 en version française) prend l'affiche le 26 novembre.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.