Isabelle Huppert retrouve le réalisateur de Copacabana, Marc Fitoussi, pour se glisser cette fois dans la peau d'une agricultrice un peu lasse qui, bien qu'heureuse en ménage, a besoin d'aller voir un peu ailleurs si elle y est...

Récemment, nous avons pu voir au cinéma quelques portraits de femmes plus mûres qui avaient le goût d'aller voir ailleurs. En France seulement, on pense notamment au très beau film d'Emmanuelle Bercot Elle s'en va. Les beaux jours (Marion Vernoux) s'inscrivait aussi dans cette mouvance. Après Catherine Deneuve et Fanny Ardant, c'est aujourd'hui au tour d'Isabelle Huppert de se glisser dans la peau d'une femme ayant le goût de prendre la clé des champs.

Dans La ritournelle, l'actrice campe une agricultrice qui, après des années de vie commune avec un mari qu'elle aime, mais auprès de qui elle ressent une certaine lassitude (Jean-Pierre Darroussin), décide de s'offrir une petite escapade parisienne en solo.

«Oui, j'ai constaté que nous étions quelques-uns à aborder des thèmes similaires, reconnaît Marc Fitoussi. Mais cela n'est que pure coïncidence. Contrairement à l'époque de la Nouvelle Vague, où les cinéastes formaient une vraie communauté, nous travaillons aujourd'hui de façon beaucoup plus individualiste, sans être au courant de ce que font les autres. Quand j'ai lu les synopsis de ces films, j'avoue avoir été paniqué pendant un moment. Mais au final, nos histoires sont passablement différentes les unes des autres. Au départ, je pensais me concentrer davantage sur le personnage féminin, mais au montage, je me suis rendu compte que le personnage du mari était tout aussi important. C'est l'histoire de leur couple, en somme.»

Une agricultrice crédible

Le projet de La ritournelle est né d'une simple envie: travailler de nouveau avec Isabelle Huppert. L'actrice et l'auteur-cinéaste s'étaient déjà rencontrés pour Copacabana. Dans cette comédie dramatique, l'égérie de Michael Haneke avait eu l'occasion de faire valoir une facette plus légère de sa personnalité d'actrice. L'expérience fut concluante de part et d'autre.

«Dans la vie, Isabelle est très drôle, fait remarquer Marc Fitoussi. Pour Copacabana, je m'étais donné le défi d'exploiter ses talents comiques. Pour La ritournelle, le défi était différent: faire une agricultrice de cette actrice très parisienne et citadine, qu'on associe habituellement à un cinéma très intellectuel. Il s'agit d'un type de personnage qu'elle a très peu joué au cours de sa carrière. Elle a bien plongé. Cela dit, même si le cadre est très réaliste, je ne voulais pas faire non plus de La ritournelle un film social qui aborderait les difficultés qu'éprouvent aujourd'hui de nombreux agriculteurs. Ce couple n'a pas de soucis financiers. Je ne voulais pas que des problèmes de cette nature empiètent sur l'histoire de couple.

«Je souhaitais aussi, poursuit-il, mettre en face d'Isabelle un acteur avec qui elle n'avait jamais travaillé. Je me suis tourné vers Jean-Pierre Darroussin, car il a quelque chose de très terrien. Il est immédiatement crédible dans ce contexte.»

La curiosité d'Isabelle

Quand on lui demande ce qui fait d'Isabelle Huppert une actrice d'exception, Marc Fitoussi évoque la très grande curiosité intellectuelle dont elle fait preuve.

«Isabelle voyage beaucoup, souligne-t-il. Elle va à la rencontre des autres cinémas. Elle aime aussi travailler avec de jeunes metteurs en scène. Son talent est inné. On n'a pas vraiment besoin de répéter ou de "préparer" un film avec elle. Sa souplesse et sa virtuosité font en sorte qu'elle peut emprunter une direction instantanément, de manière très précise. Elle est d'ailleurs tentée par toutes les propositions qu'on peut lui faire. Elle aime être dirigée. On peut faire dix prises d'une même scène, mais son amour du jeu est tel qu'elle en réclame une onzième! On lui prête parfois une personnalité distante, réservée, mais cette image ne correspond pas du tout à celle que j'ai d'elle. Sur un plateau, Isabelle est très généreuse et disponible.»

Pour les besoins du film, Fitoussi a par ailleurs dû faire appel à un acteur scandinave. Il a jeté son dévolu sur le Suédois Michael Nyqvist, révélé au monde grâce à Millénium mais aussi grâce au film de Lukas Moodysson Together. Le cinéaste était d'autant plus enthousiaste que l'acteur - et son agent - avait vanté sa capacité de jouer dans la langue de Molière.

«Une fois sur le plateau à Paris, je me suis vite rendu compte que cela n'était pas du tout le cas! Michael a appris toutes ses répliques phonétiquement. Heureusement, tout s'est bien passé à l'étape du montage!»

_________________________________________________________________________________

La ritournelle prend l'affiche le 26 septembre. Les frais de voyage ont été payés par Métropole Films.