Tusk, avec Michael Parks et Johnny Depp, est un ovni cinématographique, une comédie d'horreur signée Kevin Smith sur un misanthrope psychopathe qui transforme un animateur de radio en morse.

Tusk («défense d'animal», en anglais), qui sort vendredi aux États-Unis, met en scène le comédien Michael Parks, vu notamment dans Kill Bill, hypnotisant dans ce rôle de fou dangereux, et la star planétaire Johnny Depp, méconnaissable en détective privé québécois.

«Je connais (Johnny Depp) depuis dix ans, nos filles sont amies» et «ce qui est fantastique avec lui c'est qu'il faut juste placer la caméra et le laisser faire», a raconté le réalisateur de 44 ans, lors d'une table ronde avec des journalistes.

La distribution comprend aussi de jeunes acteurs dont Justin Long, au générique des séries télévisées Mom et New Girl, qui incarne un animateur de «podcast» (émission de radio diffusée sur internet), arrogant et capturé par celui qu'il voulait interviewer.

Dans des seconds rôles, on trouve Haley Joel Osment, 26 ans, qui enfant donnait la réplique à Bruce Willis dans Le sixième sens, la jolie Genesis Rodriguez, fille du crooner vénézuélien El Puma, et la fille de Johnny Depp et Vanessa Paradis, Lily Rose Melody Depp, dans son premier rôle sur grand écran.

En 1994, Kevin Smith était propulsé auteur culte avec son premier film d'inspiration autobiographique, Clerks, tourné en noir et blanc pour 27 000 $, sur deux employés de dépanneur, leurs clients et leurs amours.

Canular et podcast

Le film, qui avait rapporté 3 millions $ en salles, avait gagné le prix des réalisateurs au Festival de Sundance, celui de la jeunesse et de la critique au Festival de Cannes.

Il est classé par la revue spécialisée Entertainment Weekly parmi les «25 films les plus drôles des 25 dernières années», et avait ancré Kevin Smith parmi les cinéastes emblématiques de la «génération X», aux côtés de Todd Solondz et Richard Linklater.

Depuis, Kevin Smith a réalisé de nombreux longs métrages, pour l'essentiel des comédies au ton décalé, dont Méprise multiple (1997), Dogma (1999), tous deux avec Ben Affleck, ou Top Cops (2010) avec Bruce Willis. Aucun n'a toutefois égalé son coup d'essai, ni en termes de box-office, ni de reconnaissance critique.

«J'ai eu vingt ans pour faire un autre Clerks, je ne l'ai jamais fait (...) C'est pour ça qu'(en 2011) au Festival de Sundance j'ai dit «j'arrête de faire des films»», a expliqué le cinéaste, volubile et plein d'autodérision.

«Je ne suis pas un réalisateur grand public» et «il n'y a plus de place pour un réalisateur à faible budget comme moi dans une industrie où ça coûte aussi cher de commercialiser mes films qu'Avatar», déplore ce barbu à lunettes rondes, dans un large maillot de sport orange et bleu.

Tusk a coûté environ 3 millions $ selon Kevin Smith, contre un budget estimé à 170 millions $ pour Les gardiens de la galaxie, le succès de l'été aux États-Unis.

Pendant son éphémère retraite, Kevin Smith s'est reconverti en animateur de podcasts. «On peut s'asseoir, raconter une histoire (...) et créer un spectacle à partir de rien», poursuit-il.

L'idée de Tusk est venue d'une fausse petite annonce sur le site internet britannique Gumtree promettant un logement gratuit à quiconque accepterait de se déguiser en morse quelques heures par jour. Smith a évoqué ce canular dans un débat sur son podcast, et la plaisanterie a donné naissance à une comédie d'épouvante absurde.

Le film a largement divisé la critique.

The Wrap, l'un des sites de référence à Hollywood, juge que le problème «n'est pas tant que le film passe brusquement d'un ton à l'autre, c'est qu'aucun de ces tons ne marche».

À l'inverse, Variety salue un mélange «convaincant» entre La mouche et Massacre à la tronçonneuse.

L'équipe en tout cas est prête pour une nouvelle aventure: tous, y compris Johnny et Lily-Rose Depp, seront à l'affiche du prochain Kevin Smith, Yoga Hosers, actuellement en tournage.