Victoire par Charlotte Le Bon: «C'était très particulier pour moi parce que c'est mon premier rôle de composition et, surtout, Victoire est une femme très consciente de l'impact qu'elle a sur les gens de par son physique et son charme dévastateur. C'était un vrai travail d'aller là-dedans parce que je n'ai jamais tenu ma beauté pour acquise, je ne veux vraiment pas en jouer dans la vie. Il a fallu que j'aille chercher un peu loin et Jalil [Lespert, le réalisateur] me ramenait toujours à ça. Au début, ça m'intimidait beaucoup et après j'ai appris à me laisser porter.»

Saint Laurent par Pierre Niney: «Sa voix me touchait, elle me bouleversait et je trouve qu'elle résumait très bien à la fois la fragilité, la timidité de ce personnage et en même temps la grande force cachée derrière ça, la façon dont il s'est servi de cette timidité comme d'une arme, le choix des mots qu'il fait, c'est presque de la poésie, les idées très claires, il ne se laisse jamais couper la parole, il va toujours au bout de ses idées. Ce n'était pas que quelqu'un de fragile qu'il fallait protéger, il avait aussi sa part d'ombre, son agressivité.»

Bergé par Guillaume Gallienne: «Pierre Bergé, en tout cas le personnage du film, est un petit provincial très complexé qui sait absolument reconnaître les artistes, mais qui n'en est pas un. Je crois que c'est une vraie frustration et que ce qui l'a animé à ce point-là, c'est de se sentir nécessaire. Qu'au début ce soit un vrai coup de foudre sexuel, sensuel, oui, mais l'idée d'être le mentor de ce jeune timide a dû certainement plaire à Bergé. Le diagnostic de la maladie est tombé quand même très vite, comme un couperet.»

Charlotte Le Bon: le syndrome de l'imposteur

Dans Yves Saint Laurent, Charlotte Le Bon joue son premier véritable rôle de composition, celui de Victoire Doutreleau, la première muse du créateur. «C'était la première fois que j'avais à incarner une vraie femme parce que jusqu'alors, j'avais été appelée pour faire des rôles assez légers ou des jeunes filles, des rigolotes, un peu bubbly», raconte l'actrice québécoise.

Elle ne cache pas qu'elle souffrait du syndrome de l'imposteur sur le plateau tellement elle craignait de ne pas être à la hauteur du film. Guillaume Gallienne, qu'elle avait connu sur le plateau d'Astérix, l'a rassurée: «Je lui ai fait part de mes angoisses, à quel point j'étais stressée, dit-elle. Il avait probablement plus confiance en moi que moi, d'ailleurs.»

«Charlotte, c'est vraiment une star, renchérit Gallienne. Elle est extrêmement belle, extrêmement sexy, elle a des formes incroyables, elle n'est jamais ingrate et en même temps elle n'a pas peur du ridicule, elle a beaucoup d'humour. Elle a vraiment d'énormes qualités. Ce doute est très touchant chez elle, justement, parce qu'elle n'est pas dans le contrôle, elle n'est pas trop précise. Et du coup, quand c'est le feu, c'est le feu, quand c'est la glace, c'est la glace. C'est sincère, c'est brut, c'est intéressant.»

Photo: fournie par Films Séville

Charlotte Le Bon dans Yves Saint Laurent.