Né dans les pages des romans de Tom Clancy, Jack Ryan s'est fait son cinéma à quatre reprises et a été incarné par trois acteurs. Douze ans après son dernier tour de piste, le plus terre à terre des espions reprend du service au grand écran dans la peau de Chris Pine - qui sort de l'ombre du capitaine Kirk pour plonger dans Jack Ryan: Shadow Recruit de Kenneth Branagh en compagnie de Kevin Costner.

Du haut de ses 85 ans, Mace Neufeld est un petit comique. Interrogé en conférence de presse sur les raisons qui l'ont convaincu que Chris Pine ferait un bon Jack Ryan, espion que l'on retrouve dans 13 romans de Tom Clancy, il a fait passer le comédien par la proverbiale gamme des émotions.

«D'abord, il a le bon âge.» Moue amusée de l'acteur. «Puis c'est un jeune homme extrêmement séduisant.» Froncement de sourcils perplexe du principal intéressé, qui semblait se demander où s'en allait le vétéran producteur. «Ce sont les deux choses qui m'ont sauté aux yeux. Après, je l'ai vu dans Star Trek et j'ai été renversé.» Échange de sourires complices. «Mais là encore, je n'étais pas sûr.» Oups. «Je l'ai ensuite vu au théâtre, dans Farragut North, qui est devenu The Ides of March au cinéma; puis dans un spectacle assez sanglant, The Lieutenant of Inishmore. J'ai compris que non seulement il avait le bon âge et n'était pas désagréable à regarder, mais qu'en plus, il était très talentueux et prenait son métier au sérieux.»

Et Chris Pine de recevoir les compliments ici, en baissant les yeux; là, en secouant la tête; là encore, en étouffant un rire. À la fois amusé et flatté.

Une autre franchise

Bref, son nom s'est ainsi retrouvé au sommet de la distribution de ce qui pourrait devenir, pour lui, une seconde franchise - puisqu'il est également aux commandes de l'Enterprise dans les Star Trek de J.J. Abrams. Deux missions excitantes, mais très distinctes, assure-t-il, que d'incarner Jack Ryan (après Alec Baldwin, Harrison Ford et Ben Affleck) et James T. Kirk (après William Shatner). Et ce, pas seulement à cause des genres différents auxquels les deux séries appartiennent.

«Kirk est arrogant et impétueux, disons qu'il fait toute une impression dès qu'il apparaît. Le truc formidable avec Jack Ryan, c'est que l'intrigue occupe toujours le centre de la scène où il évolue. L'acteur qui l'incarne doit être assez présent pour avoir un impact, mais l'histoire est prépondérante.» Aux yeux du comédien, Jack Ryan est «un héros malgré lui, un type ordinaire qui possède une intelligence extraordinaire». C'est par elle qu'il brille, là où James Bond en jette avec «les costumes de prix et les femmes somptueuses à son bras» et Jason Bourne, avec «ses trucs de combat sexy».

Réalisé par Kenneth Branagh, qui y joue aussi le méchant de service, Jack Ryan: Shadow Recruit suit le brillant analyste financier et espion «dormant» de la CIA dans sa première mission sur le terrain. Il travaille sur Wall Street alors qu'un richissime aristocrate russe planifie une attaque terroriste qui pourrait faire tomber l'économie américaine. Il doit l'en empêcher. Pour ce faire, il sera épaulé par le vétéran agent William Harper, interprété par Kevin Costner.

Le mentor actif

Kevin Costner qui, dans le temps, s'était fait offrir le rôle de Jack Ryan - qu'il avait refusé, car il était occupé par Dances With Wolves. C'est donc à titre de mentor que, deux décennies plus tard, il met le pied dans le monde de Tom Clancy. Mais un mentor comme il les aime. «Sur papier, ce genre de personnage est celui qui est au bout du fil et dit au plus jeune: ''Sauve-toi!'', ''Mais qu'est-ce que tu fais là?'' ou encore ''Fais-moi confiance et fais ce que je te dis!'' Sauf qu'ici, c'est plus que ça. Harper supervise le travail de Ryan, mais il enlève aussi ses gants et passe à l'action.»

Chose qu'a appréciée l'acteur qui, après une éclipse professionnelle - «Ma femme et moi avons eu trois enfants au cours des cinq dernières années» -, est de retour au petit écran (dans la série Hatfields & McCoys) comme au grand (juste avant Shadow Recruit, on a pu le voir en père adoptif de Clark Kent dans Man of Steel de Zack Snyder et on le verra le mois prochain dans 3 Days to Kill de McG). «À force de porter les enfants, mon dos me tuait. J'avais besoin de retourner au boulot et d'aller tuer du monde pour vrai», dit l'acteur, qui a autrefois tâté de l'espionnage façon guerre froide, entre autres dans No Way Out. «Les choses ont changé aujourd'hui, ajoute-t-il, mais notre travail est resté le même: divertir. Il faut simplement trouver un langage qui colle à la nouvelle réalité.»

Cette réalité, en matière d'espionnage, se décline différemment de celle qui prévalait lorsque s'affrontaient le bloc de l'Est et celui de l'Ouest. «Nous vivons une époque différente, où tout est interrelié et où les zones grises sont très vastes. C'est un terrain fertile pour planter une nouvelle franchise d'espionnage», croit Chris Pine, qui, en grandissant, a «rencontré» le Jack Ryan d'Alec Baldwin - «un homme confiant, intelligent, qui sait ce qu'il sait et n'a pas peur de l'exprimer» - puis celui d'Harrison Ford - «l'intellectuel humble avec sa veste en tweed, sa coupe de cheveux à 10 $ et sa Rabbit de Volkswagen».

Son Jack Ryan à lui puise à ces deux sources, teintées des facteurs inexpérience et jeunesse. «Il a beau avoir subi un entraînement militaire, Jack n'est pas un tueur.» Ce qui le distingue, là encore, des Bond et Bourne. Et n'est pas sans déplaire à ce jeune homme qui a l'âge, l'apparence et le talent requis pour cette mission.

Jack Ryan n'est pas un nouveau venu au grand écran puisque, avant Chris Pine, il a déjà été incarné par trois acteurs: Alec Baldwin, Harrison Ford et Ben Affleck.

Le personnage n'en est pas non plus à son premier reboot, car si les trois premiers films forment une continuité, le quatrième est une première tentative de remettre les compteurs à zéro: les événements qui y sont relatés surviennent après la guerre froide - donc, chronologiquement, après les films mettant en scène Baldwin et Ford, mais Jack Ryan, incarné par Ben Affleck, n'a pas vieilli (il a même rajeuni si on le compare à Harrison Ford).

Le Jack Ryan nouveau, celui de Chris Pine, n'a, lui non plus, jamais connu la guerre froide - il était enfant lorsque le mur de Berlin est tombé - et c'est la chute des tours jumelles, le 11 septembre 2001, qui va le pousser sous les drapeaux, puis l'amener à mettre ses talents d'analyste au service de la CIA et de son pays.

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Jack Ryan: Shadow Recruit (Jack Ryan: Recrue dans l'ombre) a pris l'affiche vendredi.

Les frais de voyage ont été payés par Paramount Pictures.

PHOTO FOURNIE PAR PARAMOUNT

Chris Pine et Kevin Costner dans Jack Ryan: Shadow Recruit.

Les quatre Jack Ryan du septième art

Jack Ryan n'est pas un nouveau venu au grand écran puisque, avant Chris Pine, il a déjà été incarné par trois acteurs: Alec Baldwin, Harrison Ford et Ben Affleck.

Le personnage n'en est pas non plus à son premier reboot, car si les trois premiers films forment une continuité, le quatrième est une première tentative de remettre les compteurs à zéro: les événements qui y sont relatés surviennent après la guerre froide - donc, chronologiquement, après les films mettant en scène Baldwin et Ford, mais Jack Ryan, incarné par Ben Affleck, n'a pas vieilli (il a même rajeuni si on le compare à Harrison Ford).

Le Jack Ryan nouveau, celui de Chris Pine, n'a, lui non plus, jamais connu la guerre froide - il était enfant lorsque le mur de Berlin est tombé - et c'est la chute des tours jumelles, le 11 septembre 2001, qui va le pousser sous les drapeaux, puis l'amener à mettre ses talents d'analyste au service de la CIA et de son pays.

> Alec Baldwin dans The Hunt for Red October (1990)

> Harrison Ford dans Patriot Games (1992) et Clear and Present Danger (1994)

> Ben Affleck dans The Sum of All Fears (2002)

> Chris Pine dans Jack Ryan: Shadow Recruit (2014)

PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Jack Ryan a été interprété par Alec Baldwin, Harrison Ford, Ben Affleck et maintenant Chris Pine.