Ils sont sympathiques, mais pas réguliers. Ils cherchent un job, mais sont trop forts en gueule pour les garder. Ils veulent ouvrir une sandwicherie, mais n'ont pas d'argent. Pour y arriver, ils offrent leurs services intimes aux femmes plus âgées qu'eux.

Dans Moroccan Gigolos, comédie d'Ismaël Saïdi, on rencontre Dédé, Nicolas et Samir, trois jeunes Belges liés par leur nationalité et leur désir de s'en sortir. La Presse a rencontré le réalisateur et les artisans de cette coproduction Belgique/Québec.

ISMAËL SAÏDI (scénariste et réalisateur)

Sandwich préféré: le kebab

S'il y a une chose que Saïdi aime, c'est la recherche du dénominateur commun. Et une chose qu'il déteste? La lamentation. Ces deux ingrédients se font sentir dans le scénario (coécrit avec François Avard) du film.

«Je connais des mecs qui essaient de s'en sortir, mais le font par plein de plans foireux. Mais au moins, ils essaient! Je ne supporte pas les plaignards! J'ai donc écrit cette comédie en ébauchant des personnages qui tentent de s'en sortir avec le plan le plus foireux possible», lance-t-il.

Le film met en scène un Blanc, un Black et un Beur qui ont en commun d'être Belges. Saïdi parle d'eux avec tendresse. «Je suis un Belge musulman très au fait des valeurs judéo-chrétiennes. Et les questions sociales sont dans mon ADN, dit-il. Dans le film, j'aborde ces thèmes (religion, manque de travail, multiculturalisme) tout en riant.»

EDDY KING (Dédé)

Sandwich préféré: le dürüm

Habitué des planches et du one man show, l'humoriste québécois Eddy King en était à sa première expérience de tournage d'un long métrage. «Au départ, j'avais de l'appréhension à jouer un texte que je n'avais pas écrit. Mais j'ai eu ce plaisir à donner de la couleur, des tics, des mimiques à mon Dédé», dit-il.

Du trio, Dédé a la situation la plus précaire, car il est un sans-papiers. Mais c'est aussi le plus drôle avec ses répliques assassines. «C'est le mec sympathique qui se retrouve souvent l'intermédiaire entre Samir et Nicolas.»

FRANÇOIS ARNAUD (Nicolas)

Sandwich préféré: le jambon-beurre

Selon Ismaël Saïdi, son personnage de Nicolas est le plus cérébral du trio. Arnaud est assez d'accord, mais apporte des nuances. «Nicolas est quand même aussi naïf et têtu que ses deux autres compagnons, dit-il. Mais c'est celui qui perd le moins sa ligne directrice. Il ramène les choses au but premier de l'entreprise.»

Si les trois comédiens s'entendent comme larrons en foire à l'écran, c'est parce qu'ils ont eu du temps à leur disposition en dehors du plateau, estime Arnaud. «Pour des journées de tournage, nous sommes tous les trois arrivés à Liège, une ville que nous ne connaissions pas, nous résidions dans le même hôtel et prenions un verre ensemble le soir. Ç'a été la colonie de vacances.»

GUYLAINE TREMBLAY (Catherine)

Sandwichs préférés: tomates de jardin l'été et thon l'hiver

Canadienne travaillant au quartier général de l'OTAN à Bruxelles, Catherine est une expatriée qui s'ennuie. Lorsqu'une amie du bureau lui fait rencontrer Samir, elle en fait un ami plutôt qu'un amant de passage. «Ce n'est pas de sexe dont Catherine a besoin, mais de briser son isolement», dit la comédienne.

Dans cette comédie, Guylaine Tremblay joue la seule scène dramatique forte, lors d'une confrontation avec Clémentine, la copine de Samir. «Ismaël tenait beaucoup à cette scène, dit-elle. Il ne voulait pas aller dans l'éternel crêpage de chignon et suggérait plutôt le portrait de deux femmes dévastées et dépassées.»

STÉPHANIE VAN VYVE (Clémentine) et REDA CHEBCHOUBI (Samir)

Soeur de Nicolas et compagne de Samir, Clémentine tombe des nues le jour où elle découvre ce qui se passe sous son nez.

«Elle ne se doute pas une seule seconde de ce qui survient. Lorsqu'elle l'apprend, elle tombe de très très haut», disait son interprète Stéphanie Van Vyve rencontrée sur le plateau de tournage, à Bruxelles, en février dernier.

Elle a adoré sa rencontre avec Guylaine Tremblay avec qui elle joue une scène clé dans le film. «À la seule lecture du texte, Guylaine était d'une grande force et d'une grande justesse. On répétait et j'étais déjà en larmes.»

Quant à Reda Chebchoubi, il voit beaucoup de bonnes choses en Samir. «C'est un garçon qui a une relation très fraternelle avec ses amis. Il essaie toujours de se surpasser et de trouver des solutions même quand il n'y en a pas.»

> Moroccan Gigolos sort en salle le 8 novembre.