Du haut de ses 13 ans, la comédienne Sophie Nélisse a déjà fait montre d'un talent certain dans ses rôles, tant au cinéma qu'à la télévision. Mais avec The Book Thief (La voleuse de livres), le film de Brian Percival adapté du roman de Markus Zusak, la jeune femme grimpe dans les ligues majeures en portant avec éclat un film entier sur ses épaules.

Dans les premières minutes du long métrage The Book Thief, tout passe par les yeux de Sophie Nélisse. Y défilent tour à tour la détresse, la misère, la peur, le questionnement, l'espoir.

Scrutez son regard lorsque, incarnant la jeune Liesel, elle reste prostrée dans la voiture taxi qui la conduit chez ses nouveaux parents. Observez-la bien lorsque la voiture traverse l'écran de droite à gauche, assise à l'arrière, le nez collé sur la fenêtre et les yeux au ciel dans un mélange de curiosité et de découverte. Partagez sa joie, plus tard, lorsque ses yeux irradient de lumière et de bonheur au moment où elle fait la course avec Rudy, son ami d'école.

Décidément, cette jeune fille ne manque pas de talent.

Il en fallait sûrement pour interpréter Liesel Meminger, héroïne de cette histoire d'orpheline qui tente de se faire une petite place dans le monde et de se construire une identité dans une Allemagne hitlérienne où la traque aux non-Aryens est ouverte. D'ailleurs, le film n'est même pas encore en salle en Amérique du Nord que la comédienne en récolte déjà les fruits, elle qui sera honorée ce soir aux Hollywood Film Awards.

«Liesel est une source d'inspiration pour tout le monde, a dit Sophie Nélisse au cours d'une rencontre de presse tenue vendredi. D'une certaine façon, elle me ressemble. Elle est déterminée. Si elle veut quelque chose, elle va se battre jusqu'à ce qu'elle réussisse.»

Issue du roman de Markus Zusak, un best-seller connu mondialement, La voleuse de livres s'amorce lorsque Liesel aboutit dans un village sis près du camp de concentration de Dachau. Illettrée, elle apprendra peu à peu à lire grâce à son père adoptif Hans (Geoffrey Rush), sous le regard désapprobateur de sa mère Rosa (Emily Watson). Et Liesel va parfaire son apprentissage des livres en allant en voler chez le bourgmestre de l'endroit!

À mesure que le temps passe, la vie va changer. Si l'Allemagne bascule dans l'horreur, le petit monde de Liesel va de plus en plus se remplir de bons sentiments. «J'aime comment Liesel se bat, comment elle utilise les mots pour survivre et comment elle interprète la vie d'une façon différente, dit la comédienne. Je pense qu'il y a là un message super important. Ce film porte de l'espoir et est une source d'inspiration pour tout le monde.»

L'expérience de l'Holocauste

Fort bien, mais comment reçoit-on l'existence de l'Holocauste lorsqu'on est plongé si jeune dans un tel tourbillon? Sophie Nélisse reconnaît que ce fut un choc - et même traumatisant.

«On n'apprend pas ça à l'école! En 6e année, j'avais lu le livre Hana's Suitcase [tiré de l'histoire d'Hana Brady, adolescente morte à Auschwitz], qui parle de cela. J'ai aussi regardé des films comme La liste de Schindler, Le liseur, Le garçon au pyjama rayé, Le pianiste, en un mois avant le tournage. C'était tellement intense! Lorsque m'a mère m'a offert dernièrement de regarder Le choix de Sophie, j'ai dit: «Non! Là, ça va faire!» C'est tellement dur!»

Mais cette découverte a renforcé son envie de faire The Book Thief, qui aborde cette tranche de l'Histoire sous un angle plus sobre. «Je me suis dit qu'en faisant le film, il fallait passer le message aux jeunes d'une autre façon. On ne regarde pas ici un film sur l'Holocauste. On regarde un film sur l'histoire d'une fille à travers les Juifs, les nazis, etc. C'est un peu déprimant parce que c'est dur, mais le message qui passe est très fort.»

_____________________________________________________________________________

The Book Thief, en salle le 15 novembre.