Passer une décennie sous le même ciel professionnel, il fallait aimer. Eh bien, c'est le sourire aux lèvres que Cody Cameron et Kris Pearn terminent leur (long) séjour dans l'univers de Cloudy with a Chance of Meatballs, dont ils ont réalisé le deuxième volet.

Inspiré du livre éponyme, Cloudy with a Chance of Meatballs se terminait alors que le jeune inventeur Flint Lockwood détruisait sa Flint Lockwood Ditomic Super Mutating Dynamic Food Replicator qui transformait l'eau en nourriture. Une invention qui, dans un premier temps, avait été une bénédiction pour les habitants de l'île de Swallow Falls condamnés à la consommation exclusive de sardines. Mais qui avait viré au cauchemar quand les portions de hamburgers, pizzas et autres délices avaient doublé, triplé, quadruplé de taille. Du «supersize me... supersizé», quoi.

C'était en 2009. Cody Cameron avait travaillé sur le scénarimage du long métrage. Kris Pearn, lui, dirigeait l'équipe qui se consacrait à écrire l'histoire - le livre présentant plus un événement qu'une aventure. Ils ont ainsi passé quatre ans et demi sur ce dossier. Le film a connu un délicieux succès. Qui a encore levé à la sortie du DVD. Ouvrant l'appétit de Sony Pictures Animation. Pourquoi pas une suite?

Créatures

C'est ainsi que les deux hommes ont repris du collier, cette fois partageant le fauteuil du réalisateur - ou plutôt ayant chacun le leur. Il y a tant à faire et pour si longtemps en animation!

«Nous avons eu nos premières discussions au sujet d'une suite en février 2010», se souvenait Kris Pearn lors d'une entrevue accordée à La Presse. Et de ces discussions a surgi le concept de «foodimals», des créatures mi-animales, mi-fruits ou légumes ou malbouffe.

«À la fin de Cloudy, les oursons en gélatine prenaient vie en quelque sorte. Nous avons poussé l'idée plus loin», poursuit Cody Cameron.

Ainsi, Flint croit que les problèmes sont derrière lui et qu'il va vivre une belle histoire romantique avec la météorologue Sam Sparks. D'autant que son héros de toujours, le plus grand inventeur de tous les temps, Chester V. - «un mélange de Steve Jobs, de Carl Sagan, de Richard Branson [le fondateur du groupe Virgin] et de maître de piste dans un cirque», résume Cody Cameron, atterrit sur l'île.

Il invite ses habitants à vivre à San Franjose - «un mélange de Silicon Valley et de San Francisco», selon Kris Pearn - le temps que son équipe nettoie les lieux. Et il lance une invitation toute particulière à Flint: qu'il adhère à ses équipes d'inventeurs au sein de sa société, Live Corp - qui pastiche les firmes de technologie à mentalité de campus comme Google et Apple.

Menace

Un futur ensoleillé. Jusqu'à ce que les véritables intentions de l'inventeur soient mises à nu. Et que la menace gronde sur Swallow Falls, qui ploie maintenant sous le poids de dangereuses créatures comme les «mosquitoasts» (mi-moustiques, mi-rôties), les «shrimpazees» (mi-crevettes, mi-chimpanzés), les «cheesepiders» (mi-cheeseburgers, mi-araignées) et autres «<susheeps» (mi-sushis, mi-moutons).

Catastrophe

Bref, après le film catastrophe, le film de monstres. Avec clins d'oeil à Jurassic Park, Gremlins, The Goonies et même Return of the Jedi.

«Nous avons évoqué le concept des hybrides avec Craig Kellman, notre principal designer de personnages et, un week-end plus tard, il est arrivé avec une liste de plus de 100 créatures nourriture-animaux», raconte Kris Pearn. Il en reste 39 dans le long métrage. Ce qui est déjà énorme. Et ils sont divisés en trois «espèces»: des fruits et légumes restés eux-mêmes mais plus gros et très conscients; des hybrides fruits ou légumes et animaux; et des hybrides malbouffe et animaux.

L'important: «Qu'ils servent le récit», assure Cody Cameron. «Et qu'ils aient l'air délicieux», complète Kris Pearn.

Le tout, agissant de façon... réaliste: les «babanostrich» (hybride banane-autruche) glissent quand elles se déplacent et quand les «hippotatomus» (hybride hippopotame-patate au four) ouvrent la gueule, il s'en échappe de la vapeur.

Neuf ans et demi de ce régime? Oui, Cody Cameron et Kris Pearn se portent bien.

Cloudy with a Chance of Meatballs 2 (Il pleut des hamburgers 2) prend l'affichele 27 septembre.

Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.

Photo fournie par Métropole films

Un hybride mi-éléphant, mi-melon d'eau.

Photo fournie par Métropole films

Un «mosquitoasts», mi-moustique, mi rôties.

Un défi gargantuesque

Dans sa version française doublée au Québec, Cloudy with a Chance of Meatballs est devenu Il pleut des hamburgers. Un «2» a été ajouté au titre pour ce nouvel épisode. Et un cran ou deux (ou même trois) ont été ajoutés au degré de difficulté de cette adaptation. Car les jeux de mots se multiplient à profusion dans ce récit où, en plus, les personnages sont confrontés à des créatures mi-animales, mi-nourriture portant des noms... hybrides. Les créateurs du film, dans sa version originale, s'en sont donné à coeur joie. «Nous nous sommes cassé la tête», reconnaît Brigitte Tanguay, gestionnaire de projets de Technicolor Services Créatifs pour Sony Canada Inc., qui avait déjà supervisé le doublage du premier volet de Cloudy. Bref, calembours et néologismes alimentaires (!) obligent, il a été difficile d'être complètement fidèle à la version originale. En fait, cela a même parfois été impossible. Dans le cas du poireau, par exemple. Leek en anglais. Presque comme leak, pour fuite. Qu'un personnage dise «There's a leek in my boat» quand il y a un poireau à bord peut être très drôle. En français, il a fallu aller voir complètement ailleurs.