Sept présidents et trente ans d'histoire américaine: c'est ce que raconte Lee Daniels' The Butler, à travers le regard d'un Noir qui a servi comme majordome à la Maison-Blanche de 1957 à 1986. Dans l'ombre de cet homme de l'ombre, sa femme, incarnée par Oprah Winfrey. Le réalisateur Lee Daniels et elle ont été le centre d'attraction d'une conférence de presse courue.

Quatorze. Ils étaient 14 à s'adresser à une centaine de journalistes. Douze membres de la distribution de Lee Daniels' The Butler, le scénariste Danny Strong (Game Change) et le réalisateur Lee Daniels (Precious). Mais c'est quand elle est arrivée que les représentants des médias ont senti qu'il se passerait quelque chose. Que l'on soit fan ou pas, Oprah Winfrey a une présence qui force l'admiration.

«Je me considère comme une étudiante de ma propre histoire, de l'histoire du peuple afro-américain. On doit savoir qui on est pour pouvoir aller de l'avant avec notre force à nous, mais aussi celle de nos ancêtres. J'ai fait ce film pour explorer cela à nouveau. Et pour montrer au monde une famille afro-américaine qui est comme toutes les familles américaines. Peu importe la race, l'émotion, la tendresse et l'amour sont les mêmes», a-t-elle expliqué.

Elle incarne ici Gloria, femme de Cecil Gaines (Forest Whitaker). Le majordome, c'est lui. Un personnage composite né d'entrevues menées par le scénariste Danny Strong mais inspiré au départ par Eugene Allen, qui a servi à la Maison-Blanche de 1957 à 1986.

Comme le vrai, le majordome fictif côtoiera sept présidents: Eisenhower (Robin Williams), Kennedy (James Marsden), Johnson (Liev Schreiber), Nixon (John Cusack), Ford, Carter et Reagan (Alan Rickman). Il aura une perspective très particulière - en étant aussi près du centre politique tout en n'ayant aucun pouvoir - sur les grands mouvements sociaux qui ont secoué les États-Unis pendant trois décennies. Plusieurs touchant les Afro-Américains. Et, fiction oblige, son fils aîné, Louis (David Oyelowo), qui sera de toutes les révoltes, et sa femme.

L'homme aux deux visages

Le film explore les deux visages que Cecil affichera presque toute sa vie. Son visage, le vrai, avec les siens. Et son visage destiné aux Blancs.

«Comme lui et comme la plupart des hommes noirs, j'ai eu à porter ces deux visages, indique Lee Daniels. Ayant grandi à Hollywood, je devais parler, m'habiller et me comporter d'une certaine manière si je voulais avancer. Je pense que ce n'est que depuis l'élection d'Obama que ces deux visages ne font qu'un.»

Un discours auquel Oprah s'est montrée attentive. Bien sûr. Mais auquel elle ne souscrit pas. «J'ai gagné ma vie en étant moi-même. Tout a commencé quand j'ai interviewé Jesse Jackson, au Tennessee. J'étais une journaliste de 19 ans. Il m'a dit: "Un cadeau que te fait la vie est cette chance que tu as de pouvoir être toi-même à la télévision." Ça ne m'a pas quittée. J'ai fait carrière grâce à mon authenticité. Je parle à mes chiens comme je vous parle.»

«Et c'est pour cela, conclut le réalisateur, que VOUS êtes Oprah.» Oh oui, elle l'est!

> Lee Daniels' The Butler (Le majordome) prend l'affiche le 16 août.

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville.