John Cho est un habitué des franchises: Harold & Kumar, American Pie. Et maintenant Star Trek. Mais là, l'expérience est différente. Incarner Sulu, c'est transmettre un héritage. Retourner sur le pont de l'Enterprise, c'est remettre les pieds dans un passé qui n'a pas changé d'un iota. Aussi excitant qu'étrange.

«J'ai fait partie de quelques franchises, j'ai joué à plusieurs reprises les mêmes personnages. Mais l'expérience de Star Trek Into Darkness était différente. Une incroyable et bizarre impression de déjà-vu», s'exclame John Cho au bout du fil, La Presse l'ayant joint à Los Angeles. Parce que s'il a eu l'occasion de retravailler avec une même distribution, ce n'était pas «avec des gens qui portaient exactement la même tenue ni dans des décors parfaitement identiques».

Ajoutons qu'ici, le réalisateur était le même, J.J. Abrams, de même qu'une grande partie de l'équipe technique. «On a pour ainsi dire repris des conversations qu'on avait commencées il y a quatre ans», poursuit l'interprète de Hikaru Sulu, timonier de l'Enterprise. Qui, le temps d'une scène, s'installe dans la chaise du capitaine. LA chaise du capitaine! «C'était mémorable, formidable... bien que plutôt inconfortable», s'amuse celui qui s'est alors rendu compte combien il était bizarre qu'aucun panneau de contrôle ne soit placé devant ce poste-clé. «Mais j'imagine que les gens les plus puissants du monde n'ont, de toute manière, rien sur leur bureau.»

Généreux et drôle, l'acteur - qui ne se qualifie pas de fan pur et dur de la série d'origine, mais en est un grand admirateur - ne cache pas son bonheur d'avoir pu renfiler l'uniforme du lieutenant Sulu, autrefois porté par George Takei; ce, sous la houlette de J.J. Abrams. Deux hommes qui expliquent sa présence au sein de l'équipage de l'Enterprise.

Quand il était enfant, John Cho, qui est né à Séoul et est arrivé aux États-Unis à 4 ans, n'avait aucun modèle au petit écran: «Il n'y avait pas d'acteurs d'origine asiatique à la télévision. Et un jour, j'ai découvert George Takei dans Star Trek. Ce n'était pas un rôle stéréotypé, on n'était pas dans Karate Kid, il ne parlait pas avec un accent et il était à la barre d'un puissant vaisseau spatial. Pour moi, jouer Sulu, c'est me brancher à un héritage très positif.»

Pour ce qui est de J.J. Abrams, John Cho aime l'homme et l'oeuvre. «Lorsqu'il a été question de refaire Star Trek, mon agent m'a demandé si j'étais intéressé par le projet. Il y avait un point d'interrogation dans ses mots. Quand j'ai su que J.J. réaliserait, j'ai su.» Il a su que le film aurait un ton, le ton juste, «qui rendrait hommage à l'univers originel, mais qui apporterait aussi quelque chose de neuf». Et il a su qu'il voulait en faire partie. Aujourd'hui, il sait qu'il a vu juste et ne tarit pas d'éloges sur le réalisateur. «Quand je vois un de ses films, je sais qu'en tant que conteur, il va prendre soin de moi. Je suis «entouré», un peu comme un enfant à qui son père raconte une histoire. C'est la même chose avec Steven Spielberg.»

Bref, iI a passé une audition. Lui qui, à l'époque, ne savait trop s'il ne plongerait pas davantage dans une carrière en musique - il est le chanteur du groupe Left of Zed, devenu Viva La Union - ou s'il continuerait à être acteur. Star Trek et J.J. Abrams lui ont montré la voie. Et le problème, pour lui, maintenant, n'est pas de trouver du travail, «c'est de trouver du travail de qualité. La quantité est là, la qualité est beaucoup plus rare. Le rêve, c'est de toujours être dans des projets comme celui-là».