Un budget de 10 millions, un tournage en Inde et à Toronto, des acteurs canadiens et américains: sept ans après Le guide de la petite vengeance, le réalisateur québécois Jean-François Pouliot fait un retour au long métrage avec Dr Cabbie, feel good movie à saveur bollywoodienne.

Sur le plateau de Dr Cabbie, la semaine dernière dans un centre de congrès de Brampton, en banlieue de Toronto, Jean-François Pouliot s'amusait comme un petit garçon dans un magasin de Playmobil. Mais si son plaisir était palpable et son enthousiasme débordant, le travail allait tout aussi rondement.

«Je ne sais pas si c'est mon plus gros projet, dit le réalisateur de La grande séduction. Pour moi, ils ont tous l'air pareils. Mais c'est sûrement celui où on me donne le plus de moyens. Pourtant, j'ai moins de difficulté à boucler mes journées! Il doit donc y avoir deux ou trois techniciens de plus que je ne vois pas, pour que ça roule comme ça!»

La veille, Jean-François Pouliot avait d'ailleurs tourné une importante scène de party réunissant 150 figurants, avec costumes colorés, chanson et chorégraphie prise de tous les angles - même de haut avec une grue, qui trônait encore au milieu de la salle. Car il y a une touche de Bollywood dans ce film racontant l'histoire de Deepak Chopra, jeune médecin d'origine indienne obligé de gagner sa vie comme chauffeur de taxi, et qui finit par pratiquer dans sa voiture - d'où le «Dr Cabbie» du titre.

«Il y a plusieurs numéros musicaux, dont le générique de fin, qui est tourné comme un vidéoclip. Mais contrairement aux films de Bollywood, ces numéros sont intégrés dans le récit et le font avancer», précise Jean-François Pouliot.

Une semaine en Inde

Le réalisateur a tourné une semaine en Inde au mois de février, dans un vieux quartier de New Delhi, pour la scène d'ouverture et quelques flash-backs du héros lorsqu'il était enfant. «Ç'a été une expérience fantastique, raconte-t-il. On tournait dans un quartier où les rues n'étaient même pas assez larges pour qu'un véhicule circule. Alors, on avait l'équipement le plus moderne, transporté sur des rickshaws des années 20!»

Lorsque le producteur André Rouleau, de Caramel films (Starbuck, Les doigts croches, Polytechnique), lui a proposé ce scénario de Vinay Virmani - qui incarne aussi le personnage principal -, Jean-François Pouliot a tout de suite été attiré par cette histoire qui n'est pas sans rappeler La grande séduction. «Le film a un côté feel good movie, c'est vrai. J'aime quand la comédie va jouer dans le drame. Ce genre de film où l'on reconnaît que l'être humain est horrible par moments, mais qu'à la fin, on se dit quand même que ça vaut la peine de croire en l'humanité.»

André Rouleau souligne que Jean-François Pouliot a apporté beaucoup au scénario, entre autres en donnant vie aux personnages secondaires. «C'était une des forces de La grande séduction, et dans Dr Cabbie, on peut dire qu'il y en a une flopée.»

Le producteur rappelle que dans toutes les grandes villes occidentales, des milliers d'immigrants sont dans la même situation que le héros de Dr Cabbie. Si l'équipe de création québécoise - dont Allan Smith à la direction photo et Dominique Fortin au montage - lui donne envie d'avoir du succès au Québec, André Rouleau vise une sortie internationale à cause justement de sa portée universelle. Dr Cabbie a déjà été acheté par un important distributeur en Inde. «On voudrait aussi une grosse sortie aux États-Unis. C'est là-dessus qu'on va se concentrer. Le bon timing, ce serait de présenter le film au festival de Toronto cet automne.»

Jean-François Pouliot, lui, espère surtout réussir à faire «un film avec de beaux plans, que le jeu des comédiens soit bon et que l'histoire soit bien racontée». Une histoire qui se résume ainsi: il ne faut jamais laisser rien ni personne nous détourner de notre destin.

Le sien est de faire des films, et après s'être tourné vers les nouvelles technologies depuis quelques années - il travaille d'ailleurs de front sur l'adaptation en animation de La guerre des tuques -, Dr Cabbie lui a donné envie de revenir au long métrage. «J'ai écrit des scénarios, j'ai plein de projets, et là je suis prêt à les enligner... Les idées, ça déborde!»

Ce reportage a été réalisé à l'invitation des Films Séville.