Entre la mise en scène de Frankenstein au théâtre et la préparation de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres, Danny Boyle a trouvé le temps de tourner Trance, un film noir.

La conception et la mise en scène du spectacle de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres lui auront pris deux ans de sa vie. Même si l'emploi comportait autant de responsabilités que d'embûches (dont il s'est finalement très bien sorti), Danny Boyle a trouvé le temps de monter parallèlement deux projets distincts: Frankenstein au théâtre et Trance au cinéma.

L'exploit se révèle d'autant plus remarquable que le tournage de Trance s'est déroulé à peine quelques mois avant l'ouverture des Jeux, alors qu'on entamait la phase finale des préparatifs de la cérémonie.

«Cela m'a vraiment fait du bien de pouvoir m'éloigner de tout ça quelques jours par semaine pour aller tourner un film, a révélé le cinéaste britannique au cours d'un entretien téléphonique accordé plus tôt cette semaine. Ça m'a plu de plonger dans une histoire d'adultes où il y a du sexe et de la violence! J'y ai retrouvé le plaisir pur du cinéma. Cela tranchait avec l'idée d'une célébration nationale obligatoirement optimiste, destinée à plaire à un public planétaire!»

Un film noir

Écrit par son complice des débuts John Hodge à partir d'un téléfilm de Joe Ahearne produit en 2001, Trance est un film noir à travers lequel Danny Boyle (Slumdog Millionaire) renoue avec un genre qui l'a imposé à l'époque de Shallow Grave (Petits meurtres entre amis).

Le récit décrit le parcours de Simon (James McAvoy), commissaire-priseur complice d'un gang qui orchestre le vol d'une toile de Francisco de Goya. Dans le feu de l'action, Simon reçoit un coup à la tête tellement violent qu'à son réveil, il n'a plus souvenir de l'endroit où il a caché le fameux tableau. Pour aider son expert à retrouver la mémoire, le chef de gang Franck (Vincent Cassel) fera appel à Elizabeth (Rosario Dawson), une spécialiste de l'hypnose...

«J'adore ce genre d'histoire, affirme Danny Boyle avec beaucoup d'enthousiasme. Le récit est construit comme un puzzle. Il comporte beaucoup de revirements de situation et le spectateur ne sait jamais vraiment à quelle enseigne logent les personnages. Je trouve cela tout à fait délicieux. J'ai eu un peu l'impression de retrouver mes racines en tant que cinéaste. Aller à l'encontre de toute éthique médicale comporte aussi un certain plaisir. Chez certains individus, l'hypnose peut être un outil très puissant. Dans la vie, on souhaite évidemment qu'une technique qui peut rendre les gens aussi vulnérables soit toujours bien utilisée. Dans un film de fiction, c'est autre chose!»

Sous le choc

Fait inusité dans la carrière d'un cinéaste, Danny Boyle a eu l'occasion d'abandonner son film complètement après le tournage. Il y est revenu seulement quelques mois plus tard, soit après la tenue des Jeux olympiques.

«J'ai vraiment été surpris, concède-t-il. Sous le choc même. Quand tu tournes un film, tu t'immerges dedans à tel point qu'il est impossible d'oublier la moindre chose qui s'est déroulée sur le plateau. Or, quand je suis revenu à Trance après quelques mois pour entamer le montage et la postproduction, j'avais l'impression d'apprendre l'histoire pour la première fois. Même qu'à un moment, je n'étais plus certain de la façon dont elle se terminait! J'en étais particulièrement heureux, car la grande hantise d'un cinéaste avec ce genre d'histoire est de donner trop d'indices. Pour qu'un film comme celui-là fonctionne, il faut absolument que le «gars des vues» s'arrange pour devancer toujours un peu le spectateur, ne serait-ce que d'un millième de seconde.»

Pour composer son trio de choc, Danny Boyle a fait appel à des acteurs issus de trois univers différents.

«J'adore James McAvoy, lance-t-il. Je lui ai d'ailleurs demandé d'utiliser son accent écossais parce que j'aime beaucoup cette musicalité. Le personnage qu'incarne Rosario Dawson va par ailleurs au-delà de celui de la femme fatale traditionnelle. À ma grande honte, je constate que c'est la toute première fois qu'un personnage féminin est au centre de l'un de mes films. Rosario est sensationnelle. Quant à Vincent Cassel, il est tout simplement l'un des plus grands acteurs du monde à mes yeux. Je ne peux imaginer la joie que je ressentirais si je pouvais le faire jouer en français!»

Avant de tourner le deuxième volet de Trainspotting, où l'on renouerait avec les personnages 20 ans plus tard (sortie prévue en 2016), Danny Boyle a deux projets de films historiques à son programme.

«Ce sera une première pour moi, dit-il. C'est d'ailleurs une pure coïncidence que deux projets de films historiques se présentent coup sur coup. Je ne peux pas dévoiler de détails pour l'instant, mais je peux quand même vous dire d'entrée de jeu que ces films n'auront rien à voir avec Downton Abbey

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Trance prend l'affiche le 12 avril en version originale anglaise.

Photo: fournie par Fox Searchlight

James McAvoy joue un jeune commissaire-priseur qui se fait le complice d'un gang dans le vol d'une toile de Francisco de Goya.