Premier long métrage d'animation produit par Rainmaker Entertainment, de Vancouver, Escape from Planet Earth nous entraîne de la planète bleue à la planète sombre. Et la Terre n'est pas, ici, la première. Rencontre avec le réalisateur canadien Callan Brunker.

La planète bleue ne l'est pas, selon les p'tits bonshommes... bleus vivant sur la planète Baab: pour eux, la Terre est «la planète sombre». Et pour cause: ceux des leurs qui y ont atterri n'en sont jamais revenus. C'est pour cela que lorsque le célèbre astronaute Scorch Supernova y disparaît, son frère Gary, lui, plutôt du genre cérébral, se lance à sa recherche. Il met ainsi à jour un complot aux proportions intergalactiques, découvre quelques-uns des secrets les mieux gardés des Terriens, et gagne le respect de son fils, plus impressionné par les exploits de son oncle que par le travail de papa dans la salle de contrôle de la BASA.

Bienvenue dans Escape from Planet Earth, premier long métrage produit par Rainmaker Entertainment, entreprise de Vancouver spécialisée dans l'animation en images de synthèse, et le travail a jusqu'ici été vu dans des jeux vidéo, des courts métrages, des publicités, etc. À la barre du projet, le Canadien Callan Brunker, qui a étudié au réputé collège Sheridan, en Ontario, avant d'être engagé par différents studios américains tels Disney, Warner Bros., Universal. Et, maintenant, par The Weinstein Company, pour laquelle il a réalisé et coscénarisé ce film de science-fiction.

«Comme cela se produit souvent en animation, l'idée était dans l'air depuis quelques années quand je suis arrivé sur le projet, il y a deux ans et demi», indiquait-il lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles. Sa contribution a été, dans un premier temps, de «trouver» l'histoire dans les nombreuses pistes explorées jusque-là. C'est ainsi que la relation entre Gary et Scorch est devenue le coeur d'un récit qui, sous ses dehors de science-fiction, «parle de la famille».

Une fois cette histoire trouvée, utilisant une partie des designs déjà créés - «Concevoir des personnages en 3D coûte extrêmement cher et demande beaucoup de temps, nous avons donc utilisé, quand c'était possible, ce qui avait déjà été développé» -, mais y ajoutant sa signature et ses idées, Callan Brunker s'est mis, avec ses troupes, à lui donner vie. Dans le moindre de ses aspects.

Par exemple, les habitants de la planète Baab ont la peau bleue. Comme les Schtroumpfs? Ou les Na'vi d'Avatar? «Il y a eu bien des essais et erreurs pour en arriver là, dit aujourd'hui en riant le réalisateur. Quand vous voulez avoir des extraterrestres auxquels le public doit pouvoir s'identifier, dès que vous avez enlevé les tons de peau associés aux humains et les couleurs qui sont simplement "trop" pour l'oeil - comme le rouge et l'orange - puis le gris parce qu'il est associé à la tristesse, il vous reste, grosso modo... le bleu.»

Qui seyait bien à ces personnages humanoïdes, mais rappelait aussi vaguement des poissons - «On voit peu leur planète, mais quand on l'aperçoit, on se rend compte qu'elle est en grande partie recouverte d'eau, ceci explique cela» - et au crâne dégarni si l'on fait exception de la «nageoire» plantée sur le crâne des personnages féminins. «Nous ne voulions pas nous embarrasser de chevelures», admet Callan Brunker qui, pour les scènes d'action, s'est inspiré de ces films muets dont il aime l'humour slapstick.

Chaplin et Keaton

Charlie Chaplin et Buster Keaton ont ainsi été «convoqués» au studio, et étudiés par les animateurs travaillant sur Escape from Planet Earth. Or, qui dit film muet, et Harvey Weinstein (le grand manitou de The Weinstein Company a été très engagé dans ce projet), dit... The Artist. «Et nous avons intégré un clin d'oeil à ce film dans le nôtre», ajoute le réalisateur avant de souligner que «la présence d'Harvey  a fait une énorme différence» lorsque est venu le temps d'engager la distribution vocale du long métrage.

Résultat: dans sa version originale, Escape from Planet Earth met en vedette Ricky Gervais en voix de l'ordinateur de la BASA; Rob Corddry et Brendan Fraser dans la peau des frères Supernova; William Shatner dans celle d'un vilain général, mais aussi Sofìa Vergara, Sarah Jessica Parker, Jane Lynch, Craig Robinson, George Lopez et Jessica Alba.

Cette dernière a d'ailleurs assisté à la première du film avec sa fille aînée, qui a un peu plus de quatre ans. «Sa réaction? Comme elle ne comprend pas vraiment ce qu'est l'animation mais qu'elle reconnaissait ma voix dans le personnage de Lena, elle m'a dit qu'elle espérait que le masque que je portais n'était pas trop chaud», dit la comédienne, amusée. Mais, après les fleurs, elle a reçu le pot: après le film, la fillette a demandé à se faire «tatouer» un des personnages sur le bras. «Mais pas toi, l'autre, celui qui est cool.» Oups.

Escape from Planet Earth (Fuyons la planète Terre) prend l'affiche le 15 février.

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville.