Pour la première fois, Ewan McGregor joue au grand écran un personnage dont la principale caractéristique est d'être père. Dans The Impossible, ce père de famille exerce son rôle dans des conditions extrêmes: celles du tsunami de 2004.

Régulièrement, Ewan McGregor s'assoit avec son agent londonien - le même depuis 23 ans - pour qu'il lui parle des cinéastes les plus intéressants du moment. Cette rencontre peut durer plusieurs heures, histoire de bien se tenir au courant des talents qui émergent un peu partout dans le monde.

«C'est une partie essentielle de mon travail, explique l'acteur écossais au cours d'une entrevue accordée à La Presse. Il m'arrive de provoquer des rencontres avec quelques-uns de ces cinéastes simplement pour le plaisir de discuter avec eux, même s'il n'y a pas de projet précis en jeu. Plus le temps passe, plus je me rends compte qu'il est important de travailler avec de bons réalisateurs. L'expérience est tellement plus enrichissante. Qu'il s'agisse d'un cinéaste qui en est à son premier long métrage ou d'un maître qui compte de grands films à son actif, je dois sentir la passion du créateur. Comme ma vie de famille est très prenante, je n'ai pas beaucoup de temps pour regarder des films. Je me suis entouré de gens de confiance qui peuvent m'aiguiller vers les bonnes personnes!»

Parmi les cinéastes mentionnés par son agent, un certain Juan Antonio Bayona, réalisateur espagnol qui a fait sa marque il y a quelques années avec son premier long métrage, le drame fantastique The Orphanage.

«C'est vraiment impressionnant comme entrée en matière, fait remarquer Ewan McGregor. Je me souviens d'avoir été soufflé par ce film.»

Quelques doutes

Quand il a eu vent du fait que Bayona préparait un film recréant le tsunami meurtrier qui a frappé l'Asie du Sud-Est en 2004, l'acteur a quand même été pris de quelques doutes.

«Avant de lire le scénario de The Impossible, je me suis demandé s'il n'était pas trop tôt ou trop tard pour évoquer à l'écran une tragédie qui a fait plus de 200 000 morts, explique-t-il. Avons-nous seulement le droit moral de faire ça? Puis, j'ai lu le scénario. Et j'ai été complètement happé par cette histoire. Le plus beau de l'affaire, c'est que je ne savais même pas qu'il était tiré d'une histoire vraie! J'ai trouvé le portrait très brutal, mais aussi très honnête. Il y avait là une telle authenticité que toutes mes appréhensions sont tombées. J'avais même le sentiment que nous allions faire quelque chose d'important.»

Ewan McGregor se glisse dans la peau de Henry, père de famille anglais qui, avec sa femme Maria (Naomi Watts) et ses trois jeunes garçons, passe le congé des Fêtes dans un endroit paradisiaque en Thaïlande. Le lendemain de Noël, sans aucun avertissement, un tsunami frappe le continent, submergeant tout sur son passage.

Miraculeusement, les cinq membres de la famille survivent, mais le groupe est scindé en deux: Maria et l'aîné (Tom Holland) d'un côté; Henry et les deux autres garçons de l'autre. Dans le chaos, il est impossible de savoir qui est vivant et qui ne l'est plus. Le récit, inspiré de l'histoire d'une famille espagnole, relate les efforts que mettront ses membres pour survivre, mais aussi pour retrouver ceux dont ils ont été séparés, s'ils sont encore en vie.

«Je suis père de quatre filles, fait remarquer l'acteur. Je vis la paternité depuis longtemps, mais je n'avais jamais eu l'occasion de l'explorer de cette façon dans un rôle au cinéma. En fait, ce film tourne autour de la notion de parentalité plongée dans des situations extrêmes. Ça fait immédiatement appel à l'instinct.»

Des effets réalistes

Pour rendre la catastrophe de la façon la plus réaliste possible, Juan Antonio Bayona a tenu à utiliser des effets «à l'ancienne» - c'est-à-dire sans trop recourir aux images de synthèse. Toute l'eau vue à l'écran est donc réelle.

«Cette histoire est arrivée à de vraies personnes, souligne Ewan McGregor. Recourir à des images de synthèse aurait donné à l'ensemble un aspect trop factice. Ce sont surtout Naomi et Tom qui y ont goûté, à vrai dire. Ils ont dû passer des semaines dans un immense réservoir pour tourner leurs scènes. Quand j'ai vu le film pour la première fois, j'ai été très ému. C'est comme si je le découvrais. Je n'avais pas assisté au tournage des séquences dans lesquelles Naomi et Tom sont emportés de leur côté. Juan les a filmées de façon très réaliste, autant sur le plan visuel que sonore. C'est d'ailleurs cet aspect-là qui ressort souvent des témoignages des survivants: le bruit infernal que ça faisait.»

Ewan McGregor s'apprête à s'envoler pour l'Australie afin de tourner, le mois prochain, Son of a Gun, premier long métrage de Julius Avery.

«Encore une fois, j'ai adoré le scénario. J'ai aussi beaucoup aimé les courts métrages que Julius a réalisés, dit-il. Et son enthousiasme est contagieux. J'ai hâte de commencer!»

The Impossible (L'impossible en version française) prend l'affiche le 11 janvier.

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville (Summit Entertainment).