Dans le thriller futuriste Looper, qui a ouvert le Festival de Toronto jeudi, Joseph Gordon-Levitt se glisse dans la peau d'un jeune Bruce Willis...

Si vous fréquentez un hôtel torontois ces jours-ci, il y a de fortes chances que vous tombiez sur la photo de Joseph Gordon-Levitt sur une table à café. L'acteur fait en effet la une d'un magazine consacré à la Ville reine. Et devient un peu la figure emblématique d'un festival ayant choisi Looper en guise de mise en bouche, un film dont il est la tête d'affiche.

«Je ne pourrais être plus fier et honoré de cette sélection, confie l'acteur au cours d'une interview accordée à La Presse. Il aura fallu beaucoup de temps et d'efforts pour que ce film puisse exister.»

Joseph Gordon-Levitt en sait quelque chose. Il est engagé dans le processus créatif de ce long métrage depuis très longtemps. Après le tournage de Brick en 2003, le réalisateur Rian Johnson avait déjà soumis à l'acteur l'idée d'un thriller futuriste dans lequel des tueurs à gages pourraient voyager dans le temps pour liquider des témoins sans laisser de traces. Pour la première fois de sa carrière, Joseph Gordon-Levitt agit à titre de producteur délégué.

«Ce genre de titre peut parfois dire n'importe quoi! reconnaît-il. Mais dans le cas de ce film, j'ai été impliqué à plusieurs étapes, notamment sur le plan du montage financier. Je connais Rian depuis que nous avons tourné Brick ensemble. Nous sommes toujours restés très amis. Il y a trois ou quatre ans, il m'est arrivé avec le scénario de Looper et, très honnêtement, je l'ai trouvé brillant. Il est rare qu'on tombe sur des scénarios aussi bien écrits, et qui reposent de surcroît sur une idée de départ originale.»

Un personnage, deux acteurs

Dans Looper, dont le scénario a été écrit spécifiquement pour lui, l'acteur se retrouve pourtant dans une position inusitée. Ce n'est d'ailleurs pas révéler un secret de l'intrigue que de dire que Joseph Gordon-Levitt incarne 30 ans plus tôt le même personnage que... Bruce Willis. Il n'y a évidemment aucune ressemblance physique entre les deux acteurs, mais les artisans misent quand même sur la bonne disposition du spectateur pour créer l'illusion. Au cours d'une conférence de presse tenue jeudi, Willis expliquait d'ailleurs que ce genre de convention pouvait s'imposer d'emblée, un peu comme un truc de magie.

Même si l'idée de faire ressembler le plus possible les deux personnages a rapidement été abandonnée, Joseph Gordon-Levitt a quand même étudié le phrasé de son partenaire, ses inflexions vocales, son attitude.

«Mais le plus important, ce qui m'a le plus aidé en fait, est d'avoir eu la chance de côtoyer Bruce, d'aller manger avec lui, de discuter, et de passer des moments ensemble, précise-t-il. Nous étions enthousiastes à l'idée que Bruce s'intéresse à notre projet. Voilà un genre d'acteur qui prête son talent à une histoire quand elle est bonne, peu importe les moyens du film. C'est ce qu'il avait fait à l'époque de Pulp Fiction, alors que Quentin Tarantino n'était pas encore très connu. Il n'y a rien comme un scénario bien écrit pour stimuler un acteur!»

25 ans de carrière

Joseph Gordon-Levitt est à peine âgé de 31 ans, mais il compte déjà 25 ans de carrière. Enfant, l'acteur a tourné quelques films (dont A River Runs Through It de Robert Redford) avant de participer à plusieurs séries à la télévision. 3rd Rock from the Sun lui a valu la notoriété.

«J'ai commencé très jeune, mais jamais personne n'a mis de pression sur mes épaules, explique-t-il. J'ai toujours aimé ça. À l'âge de 19 ans, je me suis retiré pour connaître autre chose, voir s'il n'y aurait pas d'autres intérêts, peut-être d'autres avenues pour moi. Mais ça m'a vite manqué.»

Très sélectif dans ses choix, l'acteur a surtout fait sa marque récemment grâce à des productions indépendantes (500 Days of Summer, 50/50), mais aussi grâce à quelques superproductions hollywoodiennes, parmi lesquelles deux films signés Christopher Nolan: Inception et The Dark Knight Rises. Il est aujourd'hui l'une des vedettes les plus sollicitées. Il semble en outre faire l'objet d'un engouement particulier depuis deux ou trois ans.

«Honnêtement, je ne sens pas cette effervescence autour de ma personne, dit celui dont le premier film à titre de réalisateur, intitulé Don Jon's Addiction, sortira l'an prochain. Depuis le temps que j'exerce ce métier, je sens bien entendu une progression, mais pas d'une façon plus marquée maintenant qu'à une autre époque. J'ai eu la chance de très bien gagner ma vie avec la télé. Comme je n'ai pas un mode de vie bien extravagant, je dispose d'une certaine sécurité financière qui me permet de choisir uniquement les projets qui me plaisent. J'ai aussi la très grande chance de recevoir des propositions intéressantes.»

Un francophile

Le personnage qu'incarne Joseph Gordon-Levitt dans Looper est fasciné par la France. Ce clin d'oeil n'est certes pas fortuit. L'acteur se débrouille en effet très bien avec la langue de Molière.

«Je suis francophile, dit-il. J'ai grandi à Los Angeles, mais ma mère, qui n'est pas française du tout, aimait tellement le cinéma français que j'ai fini par apprendre les rudiments de la langue en regardant des films avec elle. Cela m'est toujours resté.»

Looper (Les tueurs du temps en version française) prend l'affiche le 28 mars.