Après un détour par la voie des studios, le personnage créé par Vin Diesel et le réalisateur David Twohy retrouve ses racines - et sa cote R - dans un film indépendant. Pour les principaux concernés, Riddick est un retour au ton de Pitch Black, après les errances de The Chronicles of Riddick. Explications.

«Si Clark Gable avait eu sa page Facebook, je vous garantis qu'il y aurait eu un Gone With the Wind 2», a lancé en rigolant Vin Diesel, qui a plus de 45 millions d'abonnés à la sienne, lors d'une conférence de presse tenue mardi à Los Angeles, quelques heures après qu'il eut reçu son étoile sur le Hollywood Boulevard.

Après une tournée mondiale sur les chapeaux de roues pour Fast&Furious 6, l'acteur et producteur commence ainsi la promotion de Riddick, troisième volet cinématographique des aventures de l'antihéros pourvu de vision nocturne, dernier survivant de Furya, qui l'a fait connaître du grand public.

Pour cela, il a retrouvé son complice des premiers jours, David Twohy, qui a écrit et réalisé Pitch Black (2000), film à petit budget devenu culte; puis The Chronicles of Riddick (2004), film à gros budget produit par un studio qui n'a pas eu l'heur de plaire aux critiques ni aux fans; et maintenant Riddick qui, tourné en studio à Montréal, est en quelque sorte un retour aux sources - demandé depuis des lustres par des hordes de fans adeptes des médias sociaux.

Pas de grosse machine hollywoodienne au rendez-vous, cette fois. Donc, plus de liberté. «Nous sommes retournés à la cote R [déconseillé aux 17 ans et moins], ce qui nous a permis, comme dans Pitch Black, de ne pas nous censurer dans les situations et dans les dialogues», note l'acteur. Mais cette liberté a un prix: une production indépendante ne bénéficie pas du budget d'une superproduction. «Pour financer Riddick, je me suis rendu à un marché du film en Europe, j'ai présenté ce que le long métrage pouvait être et c'est avec de l'argent étranger que le financement a commencé", résume Vin Diesel.

Il affirme avoir mis sa maison dans la balance afin que ce projet voie le jour. Un projet où il agit à titre de producteur tout en étant de chaque scène. Seul, dans le premier acte, alors que Riddick est laissé pour mort sur une planète déserte, trahi par les Necromongers dont il est devenu le chef à la fin de Chronicles. «Durant ces années de règne, il a commis le pire des crimes à ses yeux: il s'est civilisé", note Vin Diesel.

Seul au monde

Pour se «réendurcir» physiquement et moralement, à la manière du personnage, l'acteur a passé quatre mois dans la forêt, à vivre presque en reclus. Comme Riddick, dont l'évasion de cette terre hostile repose sur une balise. Qu'il doit activer, ce qui fait connaître sa position à tous les chasseurs de primes à sa recherche. Une fois ces derniers atterris, il faut les déjouer. Piquer leur vaisseau. S'échapper. Et aller exercer sa vengeance sur les Necromongers.

C'est le plan. Pour l'accomplir, Riddick doit d'abord déjouer des monstres venimeux. Puis se débarrasser des chasseurs de primes. Pas aisé, d'autant plus que deux équipes se pointent, l'une menée par Santana (Jordi Molla), l'autre par Boss John (Matt Nable) - dont le bras droit et tireur d'élite, Dahl, est incarné par Katee Sackhoff, l'une des stars de la série Battlestar Galactica.

«Nous sommes dans un monde clos, où une poignée d'humains luttent pour leur survie, attaqués par des créatures monstrueuses. Un peu comme nous l'avons fait dans Pitch Black», rappelle David Twohy, qui a travaillé le récit avec Vin Diesel. À partir de là, ils se sont tenu les coudes et ont travaillé à leur manière. «Nous avons fait le film que nous voulions, avec les moyens que nous avions», poursuit le réalisateur qui ne cache pas son désaccord quant à la manière dont les studios fonctionnent. «Ils font un montage, le testent auprès du public, tournent de nouvelles scènes, font un nouveau montage, le testent de nouveau, etc. Et on arrive à ces films sans originalité qu'on a pu voir cet été.»

Vin Diesel va dans le même sens. Il dit avoir refusé plusieurs fois de participer à «ces franchises qui ne sont qu'une succession de chapitres où les personnages n'évoluent pas et où les récits ne se parlent pas les uns aux autres». À l'exploitation d'une marque, il assure préférer l'exploration d'univers où les choses et les gens évoluent, et où les événements survenus dans un récit trouvent un écho dans les autres. «Je n'ai pas l'impression que les studios abordent les séries avec ce respect de l'histoire globale.»

David Twohy et lui visent le contraire. Et si la franchise Riddick se poursuit - ils ont des projets pour deux autres volets -, ce sera avec cette étiquette d'indépendance de ton et d'esprit. Riddick affiche entre autres cela dans sa violence explicite, ses dialogues crus - et même en brisant un tabou, au risque de briser bien des coeurs.

Riddick prend l'affiche le 6 septembre.

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville.