Six ans après L'affaire Dumont, Marc-André Grondin s'apprête à retrouver Podz dans un long métrage dont l'histoire est inspirée du bouquin Mafia Inc. Les noms ont été changés, mais toute ressemblance avec des personnes existantes n'est quand même pas fortuite...

Quand on lui demande pourquoi le scénario de Mafia Inc., dont le tournage commencera le mois prochain, est l'un des meilleurs qu'il ait lus dans sa vie, Marc-André Grondin répond sans hésiter une seule seconde.

«Ce scénario est tout ce à quoi l'on ne s'attend pas au Québec, dit-il. Il est original et ne comporte aucune autocensure. J'ai l'impression qu'ils [producteurs et scénariste] sont partis du livre et qu'ils ont accouché du scénario le plus tripant possible pour le spectateur. L'amateur de films d'action va y trouver son compte, tout autant que l'amateur de films d'auteur. Il est rare de voir ça ici, car lorsqu'une production est d'une telle complexité, une censure naturelle risque de s'inscrire dans l'écriture, par crainte que tout ça coûte trop cher. Je sais que la distribution n'a pas encore été annoncée, mais je peux dire qu'on trouvera quelques noms connus et qu'on verra aussi beaucoup de nouvelles têtes. Ça va donner une véritable authenticité au récit.»

Écrit par Sylvain Guy (Liste noire, Louis Cyr), Mafia Inc. est la libre adaptation d'un livre publié en 2010, dans lequel les journalistes André Cédilot et André Noël retraçaient l'histoire du clan sicilien ayant dominé la mafia montréalaise pendant 30 ans. Avec, à sa tête Nicolo et Vito Rizzuto. Pour les besoins du film, tous les noms ont été changés.

«Mon personnage, complètement fictif, est un composite de plusieurs autres, explique l'acteur. J'y joue le meilleur ami du fils du parrain, et ma soeur est fiancée avec le plus jeune frère de cette famille. Les deux familles sont d'ailleurs très proches.»

Au gym!

En guise de préparation, la vedette de la série L'imposteur s'entraîne beaucoup au gym ces temps-ci et se renseigne aussi sur un milieu qu'elle ne connaît pas du tout. «J'essaie surtout de comprendre comment fonctionne ce milieu-là, qui m'est complètement étranger, car j'ai grandi à Pointe-aux-Trembles. On n'en voyait pas beaucoup dans ce quartier-là!»

En plus de participer à un projet qui l'enthousiasme, Marc-André Grondin retrouve Podz, réalisateur de L'affaire Dumont, film dont la sortie a été plombée par plusieurs facteurs, parmi lesquels une contestation inattendue des faits relatés dans le film par trois femmes liées à l'affaire. 

«Ce film reste l'une de mes plus belles expériences à vie, surtout sur le plan de la collaboration entre un acteur et un cinéaste, rappelle Grondin. Mais il est vrai que la "non-vie" du film nous a déçus. Je crois qu'il a aussi été bouffé par une mauvaise mise en marché. Avant même qu'il sorte, les gens étaient tannés d'en entendre parler. Et puis, on a sans doute mal expliqué que le film était basé sur des faits réels - les retranscriptions judiciaires étaient rigoureuses, on ne pouvait pas changer un mot! -, mais qu'il n'était quand même pas un documentaire.»

Est-ce pour éviter ce genre d'écueil que Mafia Inc. est une libre adaptation?

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Marc-André Grondin dans L'affaire Dumont

«Comme disait Tony Wilson dans 24 Hour Party People, entre la vérité et la légende, je choisis la légende! indique l'acteur. Mafia Inc. sera complètement différent de L'affaire Dumont dans l'approche même de la réalisation. Là, on adapte la vérité au profit du plaisir du spectateur et du nôtre. Il y avait longtemps que je n'avais pas anticipé un tournage comme ça. Les affamés  [Robin Aubert] s'est fait tellement vite que je n'ai pas vraiment pu m'en rendre compte, car je venais tout juste de terminer le tournage de L'imposteur

Le juste milieu

Et la carrière internationale? Présentement, elle se situe davantage du côté du... Canada anglais! 

«J'aime beaucoup travailler à Toronto, dit-il. C'est un juste milieu entre deux réalités du cinéma et de la télé. Ça ressemble au Québec, avec plus de moyens. On me connaît là-bas grâce à C.R.A.Z.Y., dont on me parle toutes les semaines encore 13 ans plus tard - heureusement, c'était un beau film! -, et ensuite, Goon leur a permis de voir que je peux jouer autre chose que du drame. D'un point de vue personnel, je préfère travailler à Toronto plutôt qu'à Paris, car je peux facilement rentrer chez moi le week-end. Travailler loin à l'étranger peut être lourd. Je l'ai fait beaucoup à une certaine époque et j'ai aimé ça. Mais là, à la mi-trentaine, je n'ai plus autant envie de vivre dans mes valises. Je ne suis quand même pas contre le fait d'y retourner, au contraire!»

Bien qu'il n'ait jamais habité ailleurs qu'au Québec, Marc-André Grondin se fait souvent demander s'il est en ville pour longtemps. On le croit si attaché à l'Europe que certains projets, probablement, lui échappent. 

«Les gens aiment romancer ma vie d'une façon beaucoup plus glamour qu'elle ne l'est en réalité. Mais je ne me bats plus contre ça. Cela dit, je ne me plains pas du tout, car on m'offre de super beaux projets. Je travaille trois ou quatre mois par année et ça me laisse beaucoup de temps pour faire autre chose. Mais comme j'ai envie de travailler, je commence à faire un peu de production. C'est un domaine qui m'intéresse depuis longtemps.»

photo tirée de l’internet

Mafia Inc.