Les premiers pas de Léane Labrèche-Dor au cinéma se feront par la grande porte. L'actrice a décroché le rôle principal du prochain film de Martin Laroche, Le rire, aux côtés d'Alexandre Landry et de Micheline Lanctôt, a appris La Presse.

Depuis sa sortie de l'École nationale de théâtre, Léane Labrèche-Dor a surtout été vue dans des émissions à sketches où elle met de l'avant son jeu comique - pensons à SNL Québec, Le nouveau show, Les magnifiques et Les bobos. Pour sa première expérience au cinéma, la comédienne jouera sur un nouveau terrain.

«Ce scénario-là, je l'ai lu et je suis tombée en amour ben raide, ben raide», dit l'actrice, très excitée par ce nouveau projet.

Le long métrage Le rire est un drame parsemé d'humour qui raconte l'histoire de Valérie (Léane Labrèche-Dor), survivante d'une guerre qui a secoué le Québec il y a huit ans. Petit à petit, elle refait sa vie avec un nouvel amoureux (Alexandre Landry) et se lie d'amitié avec une femme vivant avec un handicap physique (Micheline Lanctôt) au CHSLD où elle travaille. Le réalisateur résume: «C'est un peu une exploration du complexe du survivant. Pourquoi c'est moi qui ai survécu?», dit Martin Laroche.

«Juste qu'on m'appelle en audition pour un truc comme ça, j'étais contente. Parce que je suis persuadée que d'autres réalisateurs ne m'auraient même pas appelée, en se disant que ce n'était pas mon "range".»

Il s'agit du troisième long métrage du réalisateur, dont les deux derniers films, Les manèges humains et Tadoussac, ont obtenu des distinctions dans des festivals et des sélections au gala Québec cinéma.

Pour la première fois, le réalisateur et scénariste ne porte pas la casquette de producteur. La Boîte à Fanny (Sarah préfère la course, Pays) a décidé de produire ce long métrage, après en avoir lu le scénario. Le film bénéficie d'un budget de 2 à 3 millions de dollars.

L'importance des auditions

Martin Laroche avoue que Léane Labrèche-Dor n'était pas son premier choix. Le rôle de Valérie avait été offert, sans audition, à une actrice, qui est tombée enceinte. Le réalisateur et la productrice Fanny-Laure Malo ont alors ouvert des auditions pour trouver la perle rare.

«Léane n'est pas la comédienne qu'on attendait le plus en audition. Nous savions qu'elle avait un timing humoristique incroyable, mais c'est dans le dramatique qu'elle nous a surpris. Elle nous a vraiment jetés sur le cul et le choix est devenu évident.»

«C'est vrai qu'on dégage une certaine affaire, enchaîne Léane Labrèche-Dor. Dès que les gens te casent dans une chose, ils pensent que tu ne peux pas en faire d'autres. Autant le public que les gens du milieu. Et ce n'est pas de la mauvaise foi.»

Depuis quelques années, de nombreux comédiens dénoncent le manque d'auditions. Les premiers rôles sont souvent attribués sans processus d'audition, comme ce fut d'abord le cas pour Le rire. Léane Labrèche-Dor explique que c'est aussi parce qu'une actrice est tombée enceinte qu'elle a décroché son premier rôle au théâtre dans Les muses orphelines. «C'est la même chose au théâtre qu'au cinéma: il n'y en a pas, d'auditions!»

Même s'il comprend totalement la frustration des acteurs, le réalisateur explique qu'il est difficile de faire autrement: «D'abord, ça coûte cher [les auditions]. De plus, la SODEC et Téléfilm aiment bien que nous leur soumettions des noms d'acteurs lorsqu'on demande des subventions. Ça les rassure. Alors nous essayons, en amont, de trouver des comédiens pour les rôles principaux. Mais j'avoue que c'est un chemin mal fait et que ce serait mieux de trouver les comédiens après avoir reçu les subventions.»

Le «repas complet» de Léane Labrèche-Dor

Léane Labrèche-Dor est tout de même bien consciente de sa chance de cumuler les rôles, et ce, dans plusieurs formes d'art. À l'été, elle reprendra son rôle dans la création On t'aime Mickaël Gouin ! au théâtre La Marjolaine. Elle poursuit les tournages de l'émission de télé Les magnifiques. Elle anime aussi, aux côtés de Pier-Luc Funk, le gala Artisans Québec Cinéma, ce soir à 19 h à ICI ARTV.

«J'ai l'impression d'être dans un repas complet: j'ai des légumes, une protéine, de la salade et un gros dessert sucré», dit la comédienne. «Goûter à tout, c'est une immense chance que j'ai, poursuit-elle. Ça n'arrive à pratiquement personne. Je me trouve chanceuse!»