Avec des recettes de 345 073 $ aux guichets à son premier week-end en salle, le film Votez Bougon pourrait contribuer à réchapper une année difficile pour le cinéma québécois. Que ce soit en matière d'entrées ou de recettes, 2016 ne passera pas à l'histoire.

- 30 %

En date du 3 novembre dernier (statistiques les plus récentes), l'ensemble des films québécois projetés au Québec depuis le début de l'année avait attiré 813 148 spectateurs, soit 5,3 % de tout le public. Il s'agit d'un recul de 30 % par rapport à l'an dernier. En matière de revenus, les films québécois ont généré 6,1 millions au box-office, soit 4,9 % de tous les revenus au grand écran, un recul de 26,6 % par rapport à l'an dernier. Dans les dernières années, le cinéma québécois avait augmenté ses parts de marché, passant de 5,8 % de l'assistance totale en 2012 à 6,4 % en 2013, à 6,8 % en 2014 et à 7,9 % en 2015. L'année 2011 avait été exceptionnelle, avec 10,7 % des parts de marché.

Sources: Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Banque de données Léo-Ernest-Ouimet, Cinoche et Films du Québec

2015 contre 2016

En faisant abstraction de Votez Bougon, voici un tableau comparatif des cinq films québécois qui ont enregistré le plus grand nombre d'entrées en 2015 et en 2016.

Top 5 de 2015 (en nombre d'entrées)

La guerre des tuques 3D: 350 351*

Le mirage: 326 240

La passion d'Augustine: 224 630

Paul à Québec: 146 346 

Ego Trip: 105 133

Total: 1 152 700

Top 5 de 2016 (en nombre d'entrées)

Les 3 p'tits cochons 2: 306 399

1: 54: 100 197

Juste la fin du monde: 85 366

Les mauvaises herbes: 60 862

Chasse-galerie: 58 931

Total: 611 755 entrées

* En tenant compte du fait que sa diffusion a débordé sur 2016, le box-office total de La guerre des tuques 3D est de 387 905 spectateurs.

Le point de vue de Patrick Roy

«Il y a eu de très bonnes choses et de moins bonnes. On a approché des 3 millions de dollars au box-office pour Les 3 p'tits cochons 2 et le film marche bien sur les autres plateformes», confie Patrick Roy, président des Films Séville, qui se réjouit aussi de la performance de Juste la fin du monde de Xavier Dolan et des Mauvaises herbes de Louis Bélanger.

«Je ne suis pas certain que le box-office - en dollars - va être en baisse au Québec, poursuit M. Roy. Ces dernières années, globalement en Amérique du Nord, il y a eu, en dollars, des années en hausse. Je ne sens donc pas une désaffection.»

Le coup de coeur de Patrick Roy est 1:54 de Yan England. «Yan a fait un travail extraordinaire avec le film autant qu'avec sa promotion.» Sa grande déception? «Nitro Rush. Alain DesRochers et son équipe ont fait un superbe boulot, mais le résultat est en deçà de nos attentes. Le public a choisi d'attendre pour le voir sur d'autres plateformes.»

3

Les 26 films québécois les plus populaires au box-office depuis 1985 ont attiré entre 428 359 spectateurs (Cruising Bar 2, 2008) et 1 341 602 spectateurs (Séraphin: un homme et son péché, 2002). Or, seulement trois films sortis depuis 2010 font partie de ce classement, soit Louis Cyr: L'homme le plus fort du monde de Daniel Roby (477 695 entrées, 20e position), Piché: entre ciel et terre de Sylvain Archambault (452 918; 24e position) et Incendies de Denis Villeneuve (430 816; 25e position).

500 000

Aucun film québécois n'a atteint la barre des 500 000 entrées annuelles depuis De père en flic en 2009. Cette année-là, le film d'Émile Gaudreault avait attiré 1 242 275 spectateurs. C'est quatre fois le nombre d'entrées enregistrées en salle par le «champion» de 2016, Les 3 p'tits cochons 2.

7

En 2011, sept films québécois avaient franchi le cap des 100 000 entrées en salle, soit Starbuck, Le sens de l'humour, Monsieur Lazhar, Gerry, Café de Flore, Funkytown et Sur le rythme. En 2016, il n'y en aura que trois, soit Les 3 p'tits cochons 2, 1:54 et Votez Bougon.

196 737

Soyons honnêtes: il y a eu des années plus difficiles que 2016. Ainsi, en 1995, le film québécois le plus populaire de l'année a été Liste noire de Jean-Marc Vallée avec 196 737 entrées. L'année 1996 a été à peine meilleure avec, au sommet du palmarès, L'homme idéal de George Mihalka (215 196 entrées). En 2012, Omertà s'est retrouvé en tête du box-office annuel avec 294 559 entrées, selon l'Observatoire de la culture (295 386 selon Films du Québec).

De l'espoir pour 2017 

Patrick Roy a beaucoup d'espoir pour 2017. «Ce sera une année intéressante avec des suites importantes comme Bon Cop, Bad Cop 2 et De père en flic 2, dit-il. On commencera l'année avec Nelly, un film très attendu. Puis Ça sent la coupe ouvrira les Rendez-vous du cinéma québécois. Plus tard, il y aura Trip à trois, une comédie très prometteuse, Hochelaga de François Girard et Pieds nus dans l'aube de Francis Leclerc. En matière de cinéma québécois, l'année des Films Séville s'annonce très solide», estime-t-il.

photo fournie par Les Films Séville

Antoine Olivier Pilon et Lou-Pascal Tremblay dans 1:54