Le panorama cinématographique québécois de l'automne se démarque particulièrement par la variété de genres qu'il propose cette année. Fait plutôt inusité, trois comédies - trois ! - tenteront de séduire le public

LES POINTURES

21 septembre : Juste la fin du monde

Après un passage tumultueux au Festival de Cannes, qui s'est quand même soldé par l'attribution du Grand Prix, comment sera maintenant reçu ce sixième long métrage de Xavier Dolan ? Chef-d'oeuvre pour les uns, faux pas pour les autres, Juste la fin du monde n'appelle pas le même genre d'émotion viscérale que de coutume. Le cinéaste propose ainsi un film très différent de Mommy, auquel ce drame familial, en forme de huis clos, sera inévitablement comparé. Marion Cotillard, Nathalie Baye, Léa Seydoux, Vincent Cassel et Gaspard Ulliel sont à la hauteur d'un film magnifiquement mis en scène.

7 octobre : Two Lovers and a Bear

Lancé au Festival de Cannes, Two Lovers and a Bear est un drame romantique campé dans un environnement inédit. Un film de glace et de feu dans lequel les destins des protagonistes évoquent de grandes tragédies. Tatiana Maslany et Dane DeHaan campent deux êtres demeurant dans un petit village dans l'Arctique. Leur amour est très vibrant, mais chacun traîne un bagage plutôt lourd. Pour évoquer la nature particulière de cette relation, Kim Nguyen, cité aux Oscars en 2013 grâce à Rebelle, n'hésite pas à plonger dans des éléments de réalisme magique. 

LES COMÉDIES

9 septembre : 9 - Le film

Inspiré de la pièce de Stéphane E. Roy Neuf variations sur le vide, 9 - Le film réunit neuf cinéastes qui, chacun, ont réalisé un sketch autour du thème de l'incommunicabilité. L'auteur de la pièce a coécrit le scénario de cette comédie satirique avec chacun des huit autres cinéastes : Luc Picard, Ricardo Trogi, Jean-Philippe Duval, Micheline Lanctôt, Érik Canuel, Claude Brie, Marc Labrèche et Éric Tessier. De plus, 9 - Le film met en valeur une imposante distribution, parmi laquelle on trouve Anne-Marie Cadieux, Alexis Martin, Hélène Bourgeois Leclerc, Pierre-François Legendre, Magalie Lépine-Blondeau, François Papineau et Maxim Gaudette. 

28 octobre : Prank

Sur la page Facebook consacrée à cette comédie irrévérencieuse, on précise que, vérification faite, il ne s'agit pas d'une mauvaise blague. « Prank, une comédie produite pour trois fois rien par une microéquipe d'inconnus, sera bel et bien dévoilée en primeur mondiale à la 31Settimana internazionale della Critica ! » Cette section parallèle de la Mostra de Venise ne retient que sept longs métrages ! Vincent Biron s'est déjà fait remarquer grâce à ses courts métrages (Les fleurs de l'âge, Une idée de grandeur). Après la Cité des doges, direction TIFF, section Discovery. 

16 décembre : Votez Bougon

« Heille un film québécois drôle, pis ousque le monde est pas en dépression. Les critiques vont haïr ça en tabarnac ! » Oh, le beau préjugé dans la petite bande-annonce sortie au cours de l'été ! Si le film, réalisé par Jean-François Pouliot, est à la hauteur de la série, il n'y a aucune raison que nous boudions notre plaisir. Non seulement la même équipe rapplique, mais aussi l'époque dans laquelle on vit est encore très propice à un sain exercice de défoulement collectif. Faque les Bougon, vous êtes crissement mieux d'être bons ! 

DANS UNE CLASSE À PART

16 septembre : Embrasse-moi comme tu m'aimes

Photo fournie par Max Films

Tatiana Maslany et Dane DeHaan dans Two Lovers and a Bear

Cinq ans après Coteau rouge, qui lui a valu huit sélections aux Prix du cinéma québécois, l'inclassable André Forcier est de retour avec une comédie dramatique campée dans le Montréal des années 40. Celui que l'on surnomme affectueusement le Fellini québécois s'intéresse cette fois au destin d'un jeune homme (Émile Schneider) qui s'empêche de s'enrôler pour prendre soin d'une soeur jumelle, infirme depuis sa naissance (Juliette Gosselin), qui commence à éprouver du désir pour lui... Ce film, dont la distribution est imposante, a ouvert le FFM jeudi. 

DES DESTINS DRAMATIQUES

13 octobre : 1:54

Sélectionné aux Oscars il y a trois ans grâce à son court métrage Henry, Yan England propose aujourd'hui un premier long métrage, qu'il a lui-même écrit et réalisé. Mettant en vedette Antoine Olivier Pilon (Mommy) et Sophie Nélisse (Monsieur Lazhar), 1:54 est un drame psychologique dont le récit est construit autour du thème de la rivalité entre athlètes. Lou-Pascal Tremblay, David Boutin, Patrice Godin, Robert Naylor et Irdens Exantus font aussi partie de la distribution de ce drame dont la première mondiale a eu lieu plus tôt cette semaine au Festival du film francophone d'Angoulême. 

20 janvier 2017 : Nelly

Même s'il prendra l'affiche seulement l'hiver prochain, le troisième long métrage d'Anne Émond (Nuit #1, Les êtres chers) reste dans l'actualité de la rentrée. Évoquant de façon non conventionnelle - façon I'm Not There - l'existence de l'auteure Nelly Arcan, qui s'est suicidée en 2009, Nelly sera en effet présenté en primeur mondiale le 10 septembre au festival de Toronto. Mylène McKay incarne quatre facettes de la personnalité d'une femme complexe, qui se prénomme différemment selon l'état du moment. Nelly est l'écrivaine, Marilyn est la star. L'amoureuse sera Amy. Et Cynthia, l'escorte. Intrigant, dites-vous ? 

UN PEU DE POLITIQUE

18 novembre : Pays

Dans ce deuxième long métrage, Chloé Robichaud (Chef de meute, Sarah préfère la course) explore la vie de trois femmes impliquées dans un conflit de nature politique. Au centre du récit, une émissaire américaine envoyée à l'île de Besco, un petit pays fictif, coincé dans un conflit avec un voisin géant : le Canada ! Pays, dont les têtes d'affiche sont Macha Grenon, Emily VanCamp et Nathalie Doummar, sera aussi lancé en primeur mondiale au festival de Toronto, où il est sélectionné dans la catégorie World Contemporary Cinema. 

Date de sortie à confirmer : Ceux qui font la révolution à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau

Après Laurentie, Simon Lavoie (Le torrent) et Mathieu Denis (Corbo) refont équipe pour cette oeuvre chevauchant à la fois la fiction et le documentaire. S'interrogeant sur les lendemains du printemps érable, ils retrouvent ainsi, cinq ans plus tard, quelques étudiants (incarnés par des comédiens), histoire de voir avec eux ce qu'ils sont devenus. Charlotte Aubin, Laurent Bélanger, Emmanuelle Lussier-Martinez et Gabrielle Tremblay sont les têtes d'affiche de ce film, d'une durée de 183 minutes, qui a eu l'honneur d'être sélectionné dans la section Platform, le seul volet compétitif du TIFF.

Photo fournie par Filmoption

Pier-Luc Funk, Antoine Bertrand et Luca Asselin dans Embrasse-moi comme tu m'aimes, d'André Forcier