Jean-François Pouliot, réalisateur de Votez Bougon, a de quoi se réjouir: ses deux jours de tournage dans une somptueuse demeure de Val-David ont été fructueux, malgré une succession d'imprévus auxquels il a dû faire face avec son équipe.

«On a des plans exceptionnels: on tourne toute une scène à l'intérieur alors que derrière les fenêtres, un hélicoptère se pose et des gens en débarquent. Tout ça synchronisé! Un film à 100 millions ne ferait pas mieux!», lance-t-il, tout sourire. Le réalisateur peut également se féliciter d'avoir réussi à créer une illusion quasi parfaite à l'image en utilisant une doublure pour Antoine Bertrand dont l'horaire a dû être allégé à cause de ses récents problèmes de santé.

Ce défi, la chef coiffeuse a dû le relever en seulement quelques jours avec son équipe. «La première doublure d'Antoine est imberbe; alors il a fallu refaire la barbe, la moustache et une prothèse capillaire. On a fait différents essayages pour reproduire la couleur notamment. Normalement, on fait du sur-mesure d'avance. Mais dans ce cas-ci, ç'aurait été trop long. On a moins de moyens, alors il faut être créatifs», explique Lyne Lapiana.

«J'ai même tourné un close-up aujourd'hui! Mais il y a les seins d'une belle femme au-dessus de son visage, ça aide! Si je prends la bonne partie et que j'ajoute sa voix, on n'y verra que du feu!», ajoute quant à lui le réalisateur.

Pour Brigitte Goulet, deuxième assistante à la réalisation, les imprévus font partie intégrante du quotidien: gérer les figurantes fraîchement débarquées, réaménager l'horaire à la suite de l'annulation d'un tournage au Vieux-Port de Montréal à cause de la grève ou encore tourner de nouveau une scène insatisfaisante avec un drone.

«Ça évolue tout le temps. C'est de la création! Votez Bougon est un plateau québécois de taille moyenne. Ça demande plus de dévotion des techniciens: il faut faire autant sinon plus, mais avec moins qu'un film américain», précise la jeune femme.

Pour sa part, le directeur artistique Normand Sarrazin a dû redoubler de créativité pour servir au mieux le long métrage avec son équipe d'une douzaine de personnes. «C'est le plus petit et difficile projet que j'ai eu à faire en 45 ans. Mon budget initial a été amputé de 100 000 $ et on a dû supprimer certains décors», dit-il.

M. Sarrazin a sélectionné cette demeure de Val-David afin de donner l'impression dans le film qu'elle était dans une île. «On voulait une maison isolée vue d'un hélicoptère. On va compléter l'eau par la suite en postproduction. On a fait trois locations avec cette maison. En tout, on en a une bonne quarantaine!», précise-t-il.

De passage sur le plateau de tournage avec son partenaire et conjoint Michel Trudeau, la productrice de Votez Bougon Fabienne Larouche semble plus détendue que jamais. «Jean-François Pouliot est organisé, talentueux et a beaucoup d'expérience. Tout le monde est conscient des paramètres budgétaires. Personne ne veut faire faillite! lance-t-elle. Il y a toujours une solution. Mais je n'ai pas toujours pensé comme ça. Avant, je me disais toujours au moindre incident: "Mon Dieu, c'est la catastrophe!" Au cinéma, il y a plus d'argent qu'en télévision; il n'y a pas la même pression sur les équipes. C'est plus relax, le cinéma, et de loin! Tout est une question d'équilibre. Si tu tires d'un bord, ça ne va pas aller de l'autre bord. J'ai compris ça à 57 ans!»

Jours de tournage: 28

Budget: 5 millions

Équipe de tournage (sans comédiens): environ 50

Date de sortie: 16 décembre 2016

Comédie réalisée par Jean-François Pouliot mettant en vedette Rémy Girard, Antoine Bertrand, Louison Danis, Claude Laroche et Hélène Bourgeois Leclerc.

Synopsis: Le film suivra les péripéties de Papa Bougon alors qu'il décide de se lancer en politique en fondant le Parti de l'écoeurement national.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

En raison des récents problèmes de santé d'Antoine Bertrand, l'équipe a dû faire appel à une doublure.