La rétrospective consacrée à François Delisle, qui a débuté lundi au cinéma Excentris avec son film Ruth, se poursuivra au Centre Phi du 27 au 30 novembre. Un revirement de dernière minute qui fait suite à l'annonce de la fermeture provisoire du complexe Excentris, mardi.

Une bonne nouvelle dans les circonstances, même si le cinéaste remet en question ses projets d'avenir. «On vient juste d'ouvrir une boîte de distribution [Fragments] et Excentris faisait partie de nos plans pour la distribution en salle, a précisé François Delisle. On devait acheter des films étrangers, soutenir des projets locaux...»

Qui serait prêt aujourd'hui à diffuser ses films? Le Beaubien? Le Cinéma du Parc? Dans le contexte actuel, rien n'est acquis.

«Ce ne sera pas facile, répond François Delisle. Le Beaubien est déjà "surbooké"... Vous savez, ce n'est pas la même chose quand on a une relation pratiquement personnelle avec l'exploitant de salle que lorsqu'on travaille avec des multinationales. La communication n'est pas la même.»

«Sortir des films qui sont peut-être un peu plus pointus dans des salles de multiplexes perdues dans l'espace, je ne vois pas ça d'un oeil très positif.»

Un ami du Centre Phi

Dès qu'il a appris la nouvelle de la fermeture de l'Excentris, François Delisle s'est tourné vers le commissaire cinéma du Centre Phi, Danny Lennon, qui organise notamment des projections de courts métrages (Prends ça court!).

«François est un ami du Centre Phi et un cinéaste qu'on respecte énormément, a indiqué sa porte-parole Myriam Achard. On a déjà projeté ses films Météore et Chorus. C'était clair qu'on allait tout faire pour que sa rétrospective continue à être présentée. Heureusement, on a pu s'organiser pour le faire.»

La rétrospective reprendra donc là où elle s'est arrêtée, avec la projection du long métrage Le bonheur c'est une chanson triste (2004), qui met en vedette Anne-Marie Cadieux et Frédérick De Grandpré. Il sera suivi de la projection de Toi (2007), qui réunissait Anne-Marie Cadieux, Marc Béland, Jean-François Casabonne et Ève Cournoyer.

Les autres films projetés dans la petite salle de projection du Centre Phi - qui compte environ 86 sièges - sont 2 fois une femme (2010), Le météore (2013) et Chorus (2015), son dernier film, qui met en vedette Sébastien Ricard et Fanny Mallette.

Changement de mandat?

Le Centre Phi, qui organise des projections uniques depuis sa fondation, a commencé il y a un an et demi à projeter des films sur une période de plusieurs jours. Ce sera le cas pour la projection du film James White de Josh Mond en décembre. Le Centre Phi pourrait-il augmenter le nombre de projections dans ses murs? Son rôle pourrait-il être appelé à changer?

«C'est trop tôt pour se prononcer, répond Myriam Achard, du Centre Phi. On a notre propre programmation, on fait des concerts, des expos, des événements d'entreprises, mais c'est clair qu'on va continuer à projeter des films. Danny Lennon se promène dans les festivals de cinéma à travers le monde et nous ramène des films incroyables, qui n'ont pas de distributeur ici. On va continuer dans ce sens.»

Malgré l'annonce d'hier, François Delisle espère toujours que l'Excentris renaisse (de nouveau) de ses cendres. «Tous mes films ont été présentés là-bas depuis 20 ans. C'est très important pour moi, bien sûr, mais aussi pour tout le milieu. Il y a beaucoup de films qui peuvent exister au Québec parce qu'ils sont passés par Excentris. Ça demeure un joueur extrêmement important.»