Il est difficile de qualifier le prochain film d'Olivier Asselin, dont le plateau de tournage s'est arrêté à l'abbaye d'Oka, la semaine dernière. Le cyclotron, un suspense expressionniste qui mélange science-fiction, amour et mécanique quantique, est avant tout l'histoire de la déchirure du milieu scientifique à l'époque de l'Allemagne nazie.

On se souvient du réalisateur pour Un capitalisme sentimental, son plus grand succès à ce jour, présenté dans plusieurs festivals de cinéma en 2008. Dans ce nouveau long métrage mettant en vedette Paul Ahmarani, Mark-Antony Krupa et Lucille Fluet, avec qui il cosigne le scénario (et partage aussi sa vie quotidienne), Asselin renoue avec sa passion pour l'histoire et la science.

«Ce qui m'intéressait, c'est le moment historique où les choses ont basculé, pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ce moment précis où la politique est devenue opaque et où les intellectuels ont dû faire des choix qu'ils n'étaient pas habitués de faire», a résumé celui qui est aussi professeur à l'Université de Montréal lorsque La Presse l'a rencontré sur son plateau de tournage.

Réalisé sur une période de 20 jours avec un petit budget de 1,8 million de dollars, Le cyclotron raconte l'histoire de Simone Ziegler (Lucille Fluet), une espionne alliée qui doit exécuter Emil Scherrer (Mark-Antony Krupa), un scientifique berlinois qui sait comment fabriquer une bombe nucléaire. Or, lorsqu'elle le trouve, celui-ci est déjà en fuite, voulant protéger son secret de l'emprise hitlérienne, poursuivi par Helmut König (Paul Ahmarani).

«Dès la première lecture du scénario, l'histoire m'a beaucoup plu. Premièrement, c'est un mélange d'histoire, de guerre, une science-fiction qui se passe dans un monde où les nazis auraient gagné. Mais bref, c'est un film de guerre, de mystère et de tension. C'est une chance inespérée de jouer dans un tel contexte», a affirmé Paul Ahmarani.

La mécanique quantique dans tout ça?

Au détour d'un corridor, l'abbaye d'Oka était transformée en un paysage de Bruxelles du milieu des années 40, la semaine dernière. Entre deux prises, nous avons demandé à Olivier Asselin d'expliquer comment la mécanique quantique l'avait inspiré pour l'écriture de son scénario.

«La mécanique quantique est une théorie savante, tellement sophistiquée qu'on a de la difficulté à la lier à ce qu'on vit. En résumé, les particules peuvent être à deux endroits en même temps. Si on mesure une particule, l'autre va automatiquement acquérir des propriétés inverses. Tout ça, sans lien de causalité», a résumé le professeur Asselin, qui enlevait pour cette explication son chapeau de réalisateur pour remettre celui de scientifique.

Et le lien avec son histoire? «Juste avant d'être arrêté, le scientifique Emil Scherrer remet à Simone Ziegler, qui le poursuivait, un prototype miniature de la bombe. Simone l'active et la cache dans un train en direction de Berlin. Incapables de retrouver la bombe, les Allemands descendent du train et le réaiguillent vers Paris, qui vient d'être libéré», explique-t-on dans le synopsis du film remis aux journalistes.

«Emil Scherrer, Helmut König et deux autres militaires se réfugient alors dans un bunker. Emil annonce qu'il a saboté l'aiguillage du train, de sorte que sa direction - comme l'issue de la guerre - dépend maintenant de la position, aléatoire, d'un électron. Si le train va à l'ouest, la bombe explose à Paris. Si le train va à l'est, elle explose à Berlin», poursuit-on.

Complexe? «Mon film s'adresse avant tout aux cinéphiles, c'est certain, mais l'action et le suspense intéresseront un plus large public», a promis Olivier Asselin, confiant.

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La sortie du film Le cyclotron est prévue pour l'automne 2016.