Avoir 16 ans, c'est aussi vivre l'inconfortable sentiment d'être seul au monde ou, comme l'affirme Aurélie Laflamme, se sentir extraterrestre. Pourtant, il n'y a rien de plus humain, rappellent India Desjardins et Marianne Verville, créatrice et incarnation de cette douce rêveuse.

Si Aurélie Laflamme existait, Marianne Verville serait sans doute sa grande copine. Et elle lui dirait: «Aurélie, si tu savais à quel point il est normal d'avoir tous les questionnements qui te tenaillent à ton âge, tu te sentirais moins seule!»

C'est ce que confie la comédienne qui, après Le journal d'Aurélie Laflamme, premier film tiré des romans signés India Desjardins, reprend ce personnage attachant dans Aurélie Laflamme - Les pieds sur terre, film de Nicolas Monette d'après un scénario signé par l'auteure.

Dans Les pieds sur terre, adaptation des deux derniers tomes de la série de huit ouvrages, Aurélie, 16 ans, entre en 5e secondaire, avec plus de questionnements en tête que de livres dans son sac d'école. Questionnements alimentés par son entourage immédiat: amis, famille, professeur.

«Le premier film évoquait le passage de l'enfance à l'adolescence; celui-ci aborde le passage de l'adolescence au monde adulte, évoque Marianne Verville. Aurélie essaie de prendre de la maturité sans y arriver nécessairement [rires]. Elle a beaucoup de questionnements sur ce qu'elle fera plus tard tout en ayant l'impression d'être la seule dans cette situation.»

Mais, évidemment, ce n'est pas le cas!

«À travers Aurélie et à travers ce que j'ai vécu avec les lecteurs et lectrices, je me suis rendu compte que de se sentir extraterrestre est le sentiment le plus humain du monde, dit India Desjardins. Ce qui est important dans ce film, c'est qu'Aurélie trouve sa place, qu'elle sorte de sa coquille et qu'elle fasse de bons choix.»

Le film nous faire vivre ces hésitations d'Aurélie alors que sa situation familiale est en mouvance, ce qui causera certaines turbulences avec sa mère France (Édith Cochrane).

«Dans le premier film, France était encore dans le deuil et la tristesse causés par la perte de son mari. C'était donc la relation d'une mère dans le deuil avec son enfant. Alors que dans celui-ci, France est passée à autre chose. C'est plus lumineux. Et par ailleurs, elle est en relation avec une adolescente. Donc, le ton est très différent.»

Mais comme sa fille Aurélie, France cultive les maladresses, ce qui cause des étincelles dans les relations mère-fille. «À l'adolescence, la relation mère-fille est très particulière, ajoute Édith Cochrane. Or, France ne trouve pas toujours les bons mots, ne sait pas comment exprimer son amour à sa fille et faire en sorte qu'Aurélie se sente acceptée dans sa nouvelle vie.»

Tournant son premier long métrage, Nicolas Monette indique qu'il faut lire le film en se (re) mettant dans la peau d'un ado. «De petits drames aux yeux d'un adulte peuvent être énormes pour un adolescent. Aurélie Laflamme est pour moi un film sur les choix.»

Sent-il une grande responsabilité à porter au grand écran cette histoire qui a fait la joie de milliers de jeunes lecteurs? «La responsabilité est double, répond-il. La première est liée à India qui est l'auteure et a vécu avec ses personnages durant presque 10 ans. Et la deuxième est face aux fans. Ils ne sont pas dupes et ont besoin de respect.»

Marianne les pieds sur terre

En entrevue, Marianne Verville rit beaucoup. Un rire charmant, enjoué, sincère, mâtiné d'un soupçon de gêne et d'émerveillement. Entre elles, India et Aurélie, il existe une communauté de caractère, ce côté un peu gaffeur, distrait, maladroit, croit-elle.

Mais lorsqu'on lui demande si à l'adolescence (elle aura bientôt 21 ans), elle a été aussi turlupinée de questionnements à l'image de son personnage, elle répond que les choses ont été en quelque sorte plus douces.

«Lorsque j'ai commencé Aurélie, je savais que je voulais faire ce métier de comédienne, dit-elle. En l'interprétant, ça n'a fait que confirmer ce désir. Lors du premier tournage, je n'avais pas de métier, pas d'expérience et je recevais beaucoup d'informations. Donc, ç'a été un gros tournage. Mais j'ai quand même eu beaucoup de plaisir. Pour le second, j'avais plus de métier et moins à me soucier des détails techniques. J'ai été davantage en mesure de me consacrer au jeu.»

Celle qu'on a vue dans Mauvais karma, Tactik et Le berceau des anges à la télévision espère maintenant avoir un rôle «de [son] âge» et autant que possible loin d'elle, pour ne pas dire «trash» (rires). Pour le moment, son agenda de comédienne est ouvert et elle compte entreprendre des cours universitaires en études allemandes à l'automne.

Sachant que le personnage d'Aurélie «va [lui] coller à la peau pendant longtemps», elle n'en prend nullement ombrage. «Je ne la nierai pas! Je suis fière de ce projet et India est une amie et une des personnes les plus importantes pour moi. Jamais je ne dénigrerais son travail. Mais oui, j'aimerais maintenant continuer à jouer et qu'on m'offre des trucs différents.»

Les personnages

Du Journal d'Aurélie Laflamme, premier film mettant en vedette l'héroïne d'India Desjardins, on retrouve trois personnages dans cette nouvelle mouture: Aurélie bien sûr, sa meilleure amie Kat et son chum Nicolas. Et il y en a trois nouveaux. Faisons ou refaisons connaissance...

Aurélie (Marianne Verville)

«Aurélie est une fille qui se sent extraterrestre mais qui rassemble tous les jeunes. La plupart des jeunes se reconnaissent dans cette fille qui se sent seule dans son monde. Elle a l'impression d'être la seule à vivre tout ce qui lui arrive alors que c'est le sentiment le plus humain qui soit. C'est ce qui fait qu'elle est attachante et que les jeunes se reconnaissent en elle. Ce n'est pas la fille la plus hot ni la plus rejet de l'école. Elle a une vie normale malgré tout.»

Nicolas (Aliocha Schneider)

«Le premier film finissait alors que Nicolas et Aurélie s'embrassaient pour la première fois, rappelle Aliocha Schneider. Ils sont toujours ensemble, mais ont évolué différemment. Nicolas n'est pas très confortable avec la relation qu'Aurélie entretient avec Tommy, son meilleur ami. Comme il connaît bien Aurélie, il s'exprime et assume ses peurs. Il ne sait plus exactement quelle est sa place dans la vie d'Aurélie et de grandes décisions seront prises.»

Jean-Benoit Houde (Pier-Luc Funk)

«Mon personnage n'est pas dans la gang d'amis d'Aurélie. Il appartient à une autre vision du monde d'Aurélie. Je suis le beau gars cool d'une autre école. Je n'invente rien; je suis victime de mon casting [rires]. Jean-Benoit et Aurélie se rencontrent dans un party. Les premières rencontres sont un peu maladroites, ce que chaque adolescent a connu dans sa vie. C'est comme un petit monde à part dans le film; leur relation demeure isolée du reste de la gang.»

Katryne (Kat) Demers (Geneviève Chartrand)

«Kat, qui est la meilleure amie d'Aurélie de longue date, a suivi cette dernière dans sa nouvelle école. Elle et Aurélie se sont donné comme mission d'être plus matures à la fin de l'année scolaire. Elles sont dans les décisions de fin de secondaire comme dans quel programme elles s'inscriront au cégep, etc. Kat demeure une personne très impulsive, avec un gros caractère et beaucoup d'émotions. Mais sa relation avec Aurélie est encore plus solide.»

Jean-Félix Ouimet (Hubert Lavallée Bellefleur)

«Jean-Félix sortait avec Kat, mais il la laisse parce qu'il est gai. Ils deviennent de grands amis. Il ne se laisse pas atteindre par ce que les autres disent de lui. Il va bien sûr se faire un peu niaiser en raison de son homosexualité, mais il ne va pas se morfondre avec ça. Il s'affirme et ne se sent pas différent. Le but est de montrer qu'un jeune gai n'est pas nécessairement malheureux. Ce qui est beau dans le film, c'est de voir, pour une fois, un personnage au-dessus de ça.»

Tommy Durocher (Lou-Pascal Tremblay)

«Tommy est le meilleur ami d'Aurélie dans sa nouvelle école. Dans les livres d'India, il arrive un peu plus tard dans la vie d'Aurélie et devient son meilleur ami. Je le décris souvent comme le boy next door. Tommy est un peu nonchalant dans sa façon d'être. On le constate dans son look vestimentaire ou encore son attitude. Je crois que ça vient un peu de sa confiance en lui, car il sait exactement où il s'en va dans la vie. Avec lui, il n'y a jamais de problème!»

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Aurélie Laflamme - Les pieds sur terre prend l'affiche le 24 avril.