L'écriture cinématographique a happé le rappeur Biz de Loco Locass. Après La chute de Sparte, ce dernier planche maintenant sur l'adaptation de son roman Mort-Terrain pour le grand écran.

«J'ai un plaisir énorme à travailler à la scénarisation, confie le chanteur, romancier et scénariste en entrevue. C'est comme si je faisais la traduction de mes propres oeuvres, le cinéma étant un tout autre langage. En revisitant mon travail, j'ai l'impression d'aller plus loin.»

Librement inspirée de l'histoire de Malartic en Abitibi-Témiscamingue, Mort-Terrain est une histoire de mines campée dans un village érigé au milieu de nulle part, mais voisin d'une réserve autochtone, dans le Grand Nord québécois. Son nom, Mort-Terrain, nous renvoie à un terme géologique signifiant une couche sédimentaire dépourvue de matière utile.

Dans le roman, l'annonce d'un nouveau projet minier divise la population. L'arrivée récente d'un médecin montréalais fait en sorte qu'on assiste à une sorte de choc entre trois cultures et façons de penser: celles de Montréal, des régions et des Premières Nations.

«Je me suis inspiré du rapport du BAPE [sur Malartic] que j'ai lu deux fois, ajoute Biz. Dans celui-ci, on recueille les commentaires des gens concernés. Le verbatim m'a beaucoup inspiré pour transposer la dynamique de polarisation. Entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, c'est à trancher au couteau.»

Biz, l'écrivain, refuse toutefois de prendre position. Son roman n'est pas un pamphlet. Ses chapitres ne sont pas revendicateurs. «Je ne fais pas une oeuvre engagée. Ce n'est pas une charge contre les régions ou les mineurs», dit-il.

Le roman, qui a été présélectionné pour le prix littéraire France-Québec, a aussi un volet surnaturel à travers le Wendigo, une créature de la mythologie amérindienne, métaphore de la mine en devenir.

«Nous en sommes à nous demander comment nous allons traiter cet élément dans le film. Allons-nous transposer cette bête uniquement par des ombrages ou des éléments sonores ou la montrer telle qu'elle est.»

Tristan Dubois

Comme dans le cas de La chute de Sparte, Biz travaille le scénario de Mort-Terrain avec Tristan Dubois, un acteur, scénariste et cinéaste avec qui il est ami depuis 20 ans. M. Dubois réaliserait aussi le film. Les deux projets seront produits par la maison Parallaxes de Québec.

«Tristan connaît bien les acteurs et a étudié dans une des meilleures écoles américaines de cinéma [AFI à Los Angeles], dit Biz. C'est lui qui avait fait le clip Bonzaïon de Loco Locass. Mon lyrisme québécois s'accroche à son savoir-faire américain en matière d'écriture. De plus, nous partageons la même vision des choses.»

Le projet de La chute de Sparte est maintenant déposé aux institutions dans l'espoir d'obtenir du financement à la production. Biz se dit agréablement surpris des commentaires, instructifs, des analystes de la SODEC. «À chaque fois, j'ai l'impression qu'ils m'aident à pousser mon scénario encore plus loin», conclut-il.