Le tournage - en sol canadien - du nouveau film de Philippe Falardeau, Guibord s'en va-t-en guerre, s'est achevé hier dans le plus grand bonheur. Même s'il reste quelques scènes à filmer en Haïti, l'équipe parle déjà de cette expérience comme de l'une de ses préférées.

Patrick Huard interprète un député indépendant de Rapides-aux-Outardes qui, à son grand étonnement, aura la délicate tâche de décider si le Canada partira en guerre. Accompagné de sa femme (Suzanne Clément) et d'un stagiaire (Irdens Exantus), il ira à la rencontre des électeurs de sa circonscription pour connaître leur avis sur le sujet.

Hier matin, lors de la visite de La Presse sur le plateau de tournage de cette comédie politique, l'équipe tournait une des scènes maîtresses du long métrage dans un aréna de Laval.

Il s'agit du moment où Steve Guibord (Patrick Huard), qui est aussi entraîneur d'une équipe de hockey de jeunes autochtones, se fait bombarder de questions par des journalistes.

«On tournait le moment déclencheur du film, où le député apprend une nouvelle importante qui va faire basculer non seulement sa vie dans les prochaines semaines, mais peut-être la nation», explique en conférence de presse Philippe Falardeau.

Il poursuit: «L'histoire est très, très improbable, mais pas impossible. J'ai fait mes recherches, j'ai étudié en sciences politiques. Il est question de vote au Parlement pour mener le Canada en guerre ou pas. Ça s'est d'ailleurs passé il y a quatre semaines ici.»

Patrick Huard a été charmé par l'humour et l'humanité qui se dégageaient du scénario de Falardeau. Il avait aussi envie de camper ce «politicien chaleureux, un peu malhabile et qui n'est pas nécessairement un bollé non plus».

Une expérience inoubliable

Le réalisateur dit qu'il a vécu sa plus belle expérience sur un plateau de tournage. Et pourtant, pendant les quatre ans qu'il a consacrés à l'écriture du scénario, il a pensé abandonner à plusieurs reprises.

«Ç'a été long et pénible, parce que je voulais faire une comédie, dit le principal intéressé. C'est un genre qui est beaucoup plus difficile que le drame, je pense. Surtout quand on veut soutenir l'humour du début à la fin, mais sans jamais inhiber l'émotion.

«À ma dernière journée de tournage, je peux dire que je suis très content de ne pas avoir abandonné. Ç'a été le tournage le plus plaisant de ma vie, mais ç'a été une écriture difficile», a ajouté Falardeau en remerciant ses producteurs, Luc Déry et Kim McCraw, de l'avoir poussé à aller au bout de ce projet.

Quant à Patrick Huard, il caressait depuis un bon moment le rêve de travailler avec le réalisateur de The Good Lie: «Je trouvais que sa vision du cinéma rejoignait beaucoup la mienne dans le sens qu'il n'y a pas de différence entre un film pop et un film d'auteur. Il y a des bons films et des moins bons films.»

Finalement, il est loin de regretter son choix. Pour lui aussi, ce fut «le plus beau tournage de [sa] vie». Il ajoute: «Ce n'est pas garant d'un bon film, mais c'est garant d'une expérience personnelle et professionnelle exceptionnelle dont je vais me souvenir toute ma vie.»

La date de sortie de Guibord s'en va-t-en guerre n'est pas encore déterminée. Mais Philippe Falardeau ne cache pas son désir de le soumettre à un festival. Il affirme que le film sera achevé au printemps prochain.