Il n'a pas encore 30 ans, mais il a droit à une première rétrospective. Olivier Godin, cinéaste indépendant, verra l'ensemble de ses oeuvres présentées deux soirs, à la salle Fernand-Séguin de la Cinémathèque québécoise (CQ).

«L'idée est de soutenir un cinéaste qui a une approche poétique profondément originale et indépendante et qui renouvelle la manière de faire de la fiction, autant au niveau de sa direction d'acteurs que dans ses narrations, dit Guillaume Lafleur, programmateur-conservateur à la CQ. Godin a une démarche d'auteur très cohérente, et c'est aussi le rôle de la Cinémathèque de soutenir des cinéastes comme lui qui persévèrent dans leur voie, en donnant à voir à tous leurs films d'un bloc, sachant qu'ils ont été peu vus.»

Demain (11 septembre), les cinéphiles pourront donc voir ses six courts métrages, dont Full Love, qui tourne encore en festivals et sera projeté à Vancouver plus tard en septembre.

Le lendemain sera présenté le premier long métrage de Godin, intitulé Le pays des âmes, qui se situe quelque part entre le récit fantastique, la fable ésotérique et le film expérimental.

M. Godin, dont le deuxième long métrage, Nouvelles, Nouvelles, sera de la programmation du Festival du nouveau cinéma, répond à nos questions.

Q: Déjà, certains thèmes émergent dans votre travail tels l'usage du noir et blanc, les lumières tamisées, la séduction. Que dire de votre univers?

R: J'aime le romantisme, mais sans appuyer sur le sentimentalisme. L'idée de rencontres entre individus m'inspire beaucoup. Je suis stimulé par les rencontres de personnages qui n'ont pas le même parcours. J'aime le merveilleux dans le quotidien et je l'aborde en travaillant dans la douceur.

Q: Quels cinéastes vous inspirent?

R: Des cinéastes qui filment le couple. Je pense à Bergman et Éric Rohmer à une certaine époque. Je réalise en vous disant cela que mes références sont peut-être un peu vieilles (rires). Mais chez les cinéastes plus récents, je dirais le réalisateur français Philippe Garrel.

Q: Expliquez-nous votre choix de décors très dépouillés.

R: D'abord, je ne travaille pas avec des budgets énormes. Mais en même temps, j'aime bien cette façon de faire artisanale, ce qui me permet de me concentrer sur les acteurs qui génèrent toute l'énergie des films.

Q: Générer l'énergie des films... Pouvez-vous expliquer davantage?

R: Oui, c'est par les acteurs que tout commence. J'aime écrire et savoir pour qui j'écris. Avec eux, je commence tôt un travail de mise en bouche. Je leur demande de me lire des scènes. Les dialogues sont à la base de mes scénarios. Le fait de travailler ainsi en préproduction permet de générer toutes sortes de changements, de construire chaque personnage.

Q: En quoi votre court métrage La boutique de forge est inspiré des écrits d'Yves Thériault et de Victor-Lévy Beaulieu?

R: Un conte d'Yves Thériault évoquait l'univers de la forge au temps des anciens villages. C'était le lieu de toutes les rencontres, là où tous convergeaient. VLB avait repris cette idée dans un autre texte que j'avais lu et dans lequel le feu était une métaphore de la romance entre deux personnes qui ne s'étaient pas vues depuis longtemps.

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Les 11 et 12 septembre, 18 h 30, salle Fernand-Seguin de la Cinémathèque québécoise.