Pour son premier film à titre de réalisateur, le «père» des Boys, Richard Goudreau, a décidé d'explorer la jeunesse des Stan, Fern, Bob et Méo de la série originale. Nous sommes donc en 1967 et les Boys en devenir sont des adolescents de 15 ans.

Richard Goudreau cherchait depuis plusieurs années à réaliser un film campé dans les années 60. Indépendamment des Boys. «C'est vrai que je suis nostalgique de cette époque. C'était magique, la période des Fêtes, la messe de minuit, les arénas extérieurs. J'avais 17 ans, je jouais au hockey, je faisais de la musique...»

À l'été 2010, il s'est dit qu'il pourrait revisiter cette période à travers les Boys. «Un prequel qui expliquerait pourquoi c'était une gang solide, tissée serré. La plupart des acteurs qui ont joué dans les premiers films des Boys étaient mes amis quand j'étais jeune. C'était naturel pour moi de plonger dans cette époque avec eux.»

Qu'est-ce qu'il aimait le plus des années 60? «J'aimais beaucoup la façon dont on célébrait les Fêtes. La famille, la messe de minuit, même si je n'y vais plus. On vendait des billets pour aller à la messe! Aujourd'hui, il faudrait payer les gens pour y aller... C'est cet esprit de communauté que j'aimais.»

S'il a plongé dans l'adolescence de ses Boys, est-ce à dire que Richard Goudreau n'avait plus rien à faire dire aux Stan, Fern et Méo de la série? «Je pense qu'il y a encore quelque chose à raconter avec les Boys adultes, rétorque-t-il. Il y a un dernier chapitre à écrire avec les vieux. Mais l'occasion était belle d'explorer leur jeunesse.»

Dans l'esprit des Contes pour tous

Richard Goudreau, qui a distribué les sept premiers films de la série Contes pour tous (La guerre des tuques, Opération beurre de pinotte), accepte le parallèle avec la série produite par Rock Demers avec cette nuance: le public des Contes pour tous est sans doute «plus jeune».

«Cela dit, je suis persuadé que le film va plaire aux fans des Boys, même s'il attire un public adolescent. Quand on a sorti le premier film des Boys (en 1997), on ne s'attendait pas à ce que le film soit populaire auprès des jeunes de 7 ou 8 ans. C'était le cas. Au fond, Il était une fois les Boys est un film pour les 7 à 77 ans.»

Les vedettes d'Il était une fois les Boys sont donc de purs inconnus. Tandis que les acteurs qui ont popularisé la série (au cinéma et à la télé) depuis près de 17 ans sont relégués à des rôles secondaires: Rémy Girard est l'oncle de Stan, Luc Guérin, le père de Marcel, Mark Messier, le père de Bob, Pierre Lebeau, le coach de l'équipe, etc.

Les jeunes Boys, eux, proviennent de milieux modestes. Ils jouent dans une ligue amicale de leur quartier. Leurs plus grands rivaux sur la glace sont également leurs oppresseurs (en classe) et même ceux de leurs parents (leur entraîneur est le patron de certains d'entre eux). Un événement tragique expliquera la solidarité future entre ces jeunes ados.

Premier film

Même s'il a produit la série depuis ses débuts, il s'agit du premier film que réalise Richard Goudreau. «Il n'y a pas une grande différence avec ce que j'ai fait dans le passé, estime-t-il. Parce que, comme producteur, j'ai toujours été très présent sur les plateaux de tournage. Et puis, c'est moi qui ai tourné les scènes de hockey dans les films précédents qu'ont réalisés Louis Saia et George Mihalka...»

Pourtant, lorsqu'il a pris les commandes du film, la nouvelle n'a pas été accueillie avec enthousiasme. Notamment par les producteurs. Richard Goudreau n'a jamais compris cette réaction. «Les boucliers se sont levés. Je leur ai dit: «Je ne m'en vais pas faire Incendies, je vais faire les Boys, c'est moi qui ai créé ça. C'est mon univers depuis 17 ans...»»

La plus grande force de ce film, selon lui, «c'est l'esprit de solidarité et l'amitié qui transpirent à l'écran». «On fait rarement des films sur l'amitié; pourtant, dans la vie, c'est ça qui compte. Cette amitié entre les jeunes, on la sent. Je crois beaucoup à la devise «un pour tous et tous pour un».» La chanson du film s'intitule d'ailleurs Tous ensemble (interprétée par Bryan Adams, Garou et Roch Voisine).

A-t-il l'intention de faire une suite avec les jeunes Boys? «Je n'ai pas d'idée encore. Mais j'aimerais tourner de nouveau avec eux. Je les ai adorés. Ils sont excellents. L'énergie qu'ont ces gars-là est extraordinaire. C'est sûr que j'aimerais les réunir dans un autre film, mais pas nécessairement dans une suite des Boys

Nouveau tournage

Le nouveau film que produit Richard Goudreau, The Elephant Song, adaptation de la pièce de théâtre du même nom écrite par Nicolas Billon, est en tournage à Montréal. Il s'agit d'un huis clos entre un psychiatre et son patient, qui seront interprétés par Bruce Greenwood et Xavier Dolan. La réalisation a été confiée à Charles Binamé (Le piège américain, Maurice Richard).

Une première scène a été tournée en Afrique à la fin du mois de septembre. Le tournage (en anglais) se poursuit ici en ce moment, avant de se déplacer à Cuba. Le projet a mis huit ans avant de voir le jour, a indiqué Richard Goudreau, qui produit le film avec un budget de 6 millions. Le producteur aimerait le sortir à Cannes ou à Venise l'année prochaine.

Les personnages d'hier à aujourd'hui

MARCEL

Luc Guérin/Derek Poissant

Le personnage de Marcel qu'a incarné Luc Guérin dans le premier film des Boys était un arbitre... qui louchait. Le jeune Derek Poissant, qui défend le rôle du jeune Marcel, a conservé ce handicap.

«Au fond, c'est la pire chose qu'on pouvait imaginer pour un juge de ligne, d'avoir les yeux croches...», rappelle Luc Guérin, qui joue cette fois le rôle du père de Marcel.

Le jeune Derek Poissant s'est inspiré des tics de Luc Guérin pour créer son personnage. «Le plus dur, c'était de patiner et de glisser en même temps», avoue le jeune homme de 16 ans, qui en est à sa première expérience au cinéma.

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Derek Poissant et Luc Guérin

(MÉO) ROMÉO LEVASSEUR

Pierre Lebeau/Maxime Desjardins-Tremblay

Pierre Lebeau a joué le rôle de dur à cuire dans les précédents Boys. «Un bum de comédie», selon l'expression de l'acteur, qui joue le rôle de l'entraîneur de la jeune équipe. Il est devenu un joueur à partir du deuxième film réalisé par Louis Saia.

Le jeune Maxime Desjardins-Tremblay est l'un des rares jeunes à avoir joué dans un autre film (Le ring). Son personnage de tough débarque dans l'école du quartier en milieu d'année, étant ballotté d'une famille d'accueil à une autre.

Ce qu'il a gardé du personnage de Pierre Lebeau? «L'intensité, la vérité et l'authenticité.»

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Pierre Lebeau et Maxime Desjardins-Tremblay

JEAN-CHARLES TAILLEFERT

Yvan Ponton/William Legault-Lacasse

Le personnage de Jean-Charles qu'a incarné Yvan Ponton est un avocat. «Il était capable de défendre les autres, même si dès le premier film, on apprend qu'il est probablement homosexuel», explique l'acteur qui joue le rôle du père de Jean-Charles.

Adolescent, le personnage de Jean-Charles est un premier de classe, un peu timide, mais qui s'exprime pleinement sur la patinoire.

«C'était un des personnages auquel je m'identifiais le plus», nous dit William Legault-Lacasse. Pour son côté réservé. «Ce qui m'a le plus frappé dans la reconstitution de l'époque, c'est la proximité des gens. Tout le monde se connaissait.»

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Yvan Ponton et William Legault-Lacasse

BOB CHICOINE

Marc Messier/Samuel Gauthier

Dans Les Boys, Marc Messier incarnait Bob, séducteur de ces dames, mais aussi leader d'équipe. Cette fois, il joue le rôle du père (absent) de Bob.

Pour ce rôle, Samuel Gauthier devait avoir de véritables habiletés de hockeyeur. Le jeune homme de 17 ans a d'ailleurs joué jusqu'au niveau pee-wee BB. Aux fins du tournage, il s'est laissé pousser les cheveux. Comme son ami Maxime Gibeault, d'ailleurs (qui incarne Ben). «C'est plus facile à peigner!»

Ce qu'il a le plus apprécié du tournage? «La chimie qui s'est créée entre nous. On a habité ensemble pendant deux mois à Québec.»

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Samuel Gauthier

BEN BOUCHARD

Maxime Gibeault

C'est un nouveau personnage dans la faune des Boys. C'est l'étoile de l'équipe. Un jeune aussi talentueux sur la glace que cancre en classe, qui rêve de jouer «au Forum».

C'est aussi son personnage qui est au centre du drame vécu par les jeunes Boys, qui expliquera leur légendaire solidarité. Lui aussi s'est laissé pousser les cheveux pour le tournage. Il a d'ailleurs l'intention de continuer à les porter «aux épaules».

Maxime Gibeault admet être un véritable fan des Boys. «Déjà, lors des premières rencontres, on se lançait des répliques des films ou de la série télé. Je pense que pour jouer dans ce film, il fallait être fan.»

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Il était une fois les Boys prend l'affiche le 6 décembre.

Photo: Martin Chamberland, La Presse

Maxime Gibeault