En incarnant l'éleveur d'agneaux Gaby, rarement Gabriel Arcand est entré dans la peau d'un personnage aussi éloigné de sa réalité que possible. Au point où il a hésité avant d'accepter le rôle.

À votre avis, quels sont les thèmes du film?

La transmission et l'amour paternel. Essentiellement, c'est ce dont parle le film. Dans un passage du Père Goriot de Balzac, on disait qu'il aimait ses filles jusqu'au mal qu'elles lui faisaient. Ça m'a frappé, tout comme ici. Je me suis demandé s'il était possible qu'on aime à ce point-là. Quant à la transmission, elle s'achève dans cette histoire. C'est la fin d'une tradition de transmettre sa terre d'une génération à une autre. Gaby décide de couper avec cette tradition familiale, une énorme décision à prendre.

Vous avez souvent dit avoir hésité avant d'accepter le rôle. Qu'est-ce qui vous a convaincu?

Des essais avec des scènes dramatiques du film. On a fait des essais vidéo d'une scène avec une de mes filles et une autre avec mon ex-femme (interprétée par Johanne-Marie Tremblay). Ce que nous avons répété a été très concluant. Sébastien m'a dit que ce serait possible de faire Gaby. J'ai dit: très bien, mais je dois apprendre ce métier-là.

Et ce fut le cas?

Oui. Par l'entremise de Sébastien, j'ai rencontré deux éleveurs de moutons qui m'ont appris leur métier. Ils ont passé quelques semaines à me montrer leur travail quotidien. Si je suis crédible à l'écran, c'est grâce à eux. Lorsque j'ai lu le scénario une première fois, le tiers m'est apparu comme du documentaire où l'on racontait la journée de travail d'un éleveur de moutons. C'est ce qui m'a fait hésiter au départ. Il me fallait absolument apprendre le métier.

Est-ce le rôle qui vous a demandé le plus d'apprentissage?

Je crois que oui, quoique dans Post mortem de Louis Bélanger, j'avais aussi tout à apprendre [il jouait un employé de la morgue et fut récompensé d'un Jutra].

De nombreuses scènes du film se passent à l'extérieur. Est-ce que cela aide à mettre davantage le personnage en valeur?

Quand tu es dans l'environnement de travail de ton personnage, ça aide tout le temps. C'est toujours positif. Dans Karakara, l'exotisme du Japon, où j'ai tourné, était fantastique pour mon personnage. L'environnement du tournage est bien sûr quelque chose de très important. De plus, j'aime bien aller à l'extérieur de Montréal pour un tournage. On change de milieu, d'environnement, de contexte, d'air, etc. C'est super!