Il y a deux ans, au Festival du film francophone de Namur où La Presse l'a rencontré, Pedro Pires a annoncé que de vraies opérations du cerveau avaient été filmées pour la réalisation du film Triptyque, alors en pleine construction.

«Visuellement, c'est magnifique. Je voulais ce côté documentaire. Je voulais que ça grafigne», nous a-t-il dit à ce moment-là.

Et effectivement, ça grafigne! Surtout durant ces deux ou trois secondes où l'on entend le craquement d'une boîte crânienne qu'on ouvre pour aller retirer une tumeur. Lors de la projection de presse, il y a eu comme un frémissement chez les spectateurs...

Deux ans après notre première rencontre, Pedro Pires défend toujours ce choix. Pour lui, tout est question d'esthétique.

«Depuis le tournage de mon film Danse macabre, j'avais cet intérêt à montrer des choses qu'on ne veut pas voir dans la vie. Dans le cas présent, montrer le cerveau est une curiosité artistique. C'est très esthétique. Il y a quelque chose qui s'approche de l'oeuvre de Caravage», dit-il à propos de ce peintre italien dont il est question dans le film.

En s'associant à Pedro Pires pour réaliser ce long métrage, c'est exactement à cet apport, très visuel, que Robert Lepage songeait. Des images d'opérations au cerveau étaient aussi présentes dans Lipsynch, mais la vision cinématographique de Pires explore de nouvelles zones très visuelles. En entrevue, les artisans du film ont souligné ce travail, en soutenant qu'au théâtre, l'histoire se raconte d'abord par les mots alors qu'au cinéma, les images prennent le pas.

Avec l'accord de patients et de l'équipe de la salle d'opération, Pedro Pires a filmé trois vraies opérations à l'hôpital Enfant-Jésus de Québec. A-t-il eu du mal à convaincre ses interlocuteurs? «Mais non, réplique-t-il, on n'a qu'à «dropper» le nom de Robert Lepage et ça ouvre les portes.»

Assis à ses côtés, Lepage éclate de rire.

Cela dit, Pires n'a pas éprouvé de malaise à prendre ces séquences en haute résolution à un mètre ou deux des patients. «J'étais très fasciné de voir ça, dit-il. Un crâne ouvert, un cerveau qui respire et un patient éveillé... Wow! C'était très esthétique.»

En effet...