Il y a Sam, qui cherche une vérité autant intérieure que périphérique. Il y a Marc, le bon gars miné par ses démons intérieurs. Et il y a Jeff, qui vivote dans un quotidien auquel il a depuis longtemps tourné le dos.

Personnages principaux du film, les trois hommes sont liés par une amitié remontant à l'enfance. Mais, dans le présent, le fil conducteur entre eux est leur difficile quête d'un peu de bonheur, comme nous le font sentir leurs trois interprètes.

Acteur, réalisateur, scénariste, Robin Aubert a déjà exploré l'univers masculin au cinéma dans son film À l'origine d'un cri, portrait d'un grand-père, d'un père et d'un fils aux prises avec le mal de vivre.

Ce n'est toutefois pas l'expression qu'il utilise pour décrire son personnage de Sam qui, au terme de sa virée hollandaise, refuse de rentrer au Québec.

«Le premier mot qui me vient à l'esprit pour parler de Sam est «vérité», dit Aubert en entrevue. Sam cherche la vérité et il cherche aussi à être profondément heureux. Je me reconnais en lui, dans le sens où je ne veux pas me cacher derrière des paravents.»

En entrevue, Aubert cherche ses mots pour décrire de façon approfondie son personnage.

«Je joue à l'instinct, s'excuse-t-il. Mais ça a été un beau défi d'acteur. Jouer Sam a été exigeant et je ne voulais pas décevoir Stefan [Miljevic, le réalisateur], qui est un bon ami. Quant au film, il parle du mensonge, mais aussi d'amitié, qui est un thème fort au cinéma.»

Mauvais menteur

Coscénariste du film, Louis Champagne a longuement côtoyé les personnages, dont celui qu'il défend à l'écran. On ne s'étonne donc pas de l'entendre relever non seulement un trait de caractère de Marc, mais aussi un sous-thème très fort du film: les mauvais menteurs.

«Marc, c'est un bon gars. Il n'est pas équipé pour mentir, expose le comédien. On ne s'improvise pas menteur. Or, pour un premier mensonge, les trois gars ont pris une grosse commande [rires].»

Champagne a le sentiment que les trois protagonistes sont passés de l'adolescence à la vie adulte en sublimant une étape au passage. «C'est le genre de gars qui se sont mariés avec leur blonde du bal de finissants», dit-il.

Ce voyage éclair à Amsterdam sera pour eux l'occasion de faire (enfin!) une folie de jeunesse. «Amsterdam, c'était le Klondike pour asseoir cette histoire, dit-il. En plus, c'est une ville au grand potentiel cinématographique.»

Fuir sa vie

Si Louis Champagne affirme que tout le monde ne peut pas mentir, son ami et collègue Gabriel Sabourin défend l'idée que le mensonge est un geste bien humain.

«Un geste humain qui fait partie de la société et de notre quotidien», dit l'acteur qui n'a pas à chercher bien loin pour trouver des exemples. Il prend ainsi celui de la... commission Charbonneau. Hochant la tête comme quelqu'un qui n'en revient toujours pas, il évoque à quel point nombre d'élus, de dirigeants d'entreprises, etc. ont raconté des salades durant des années...

Son personnage de Jeff baigne lui aussi dans le mensonge. Et dans la cachotterie. Sa façon à lui de fuir sa vie.

«Jeff est le gars pas très heureux qui vit dans sa réalité comme il le peut», assure-t-il.

Comme ses collègues, Sabourin parle d'un film sur l'amitié, le mensonge, mais aussi le pardon.

«On voulait explorer les limites d'une amitié comme celle liant Sam, Marc et Jeff, dit-il. Et on voulait voir si on peut tout pardonner. Dans le cas de ces trois hommes, j'espère que oui.»