Sept ans après La vie secrète des gens heureux, le réalisateur Stéphane Lapointe tourne en ce moment son deuxième long métrage. L'ancien concurrent de la Course destination monde, qui a été à la barre des cinq saisons de Tout sur moi, s'est entouré d'un solide trio de comédiens - Michel Côté, Robin Aubert, Antoine Bertrand - pour mener à bien cette «comédie de moeurs» en forme de mise en abîme. Hier, dans la Grande Bibliothèque, nous étions comme dans une reproduction miniature du Salon du livre de Montréal, avec des affiches d'auteurs et des tables pour les séances de dédicaces. Les scènes tournées se déroulent pendant la «semaine du polar», où on peut rencontrer Hubert Wolfe (Michel Côté), célèbre auteur de thriller, et Dany Cabana (Robin Aubert), écrivain plus trash au succès confidentiel et, accessoirement, auteur fantôme pour le premier. Mais lorsque Dany Cabana craque et qu'il demande à un imaginatif mais mésadapté éducateur en garderie (Antoine Bertrand) de le remplacer comme fantôme, les grains de sable dans l'engrenage s'accumuleront.

«Quand Stéphane nous a proposé cette idée il y a quatre ans, nous avons tout de suite eu envie d'embarquer parce que nous l'avons trouvée très forte, expliquent les producteurs Pierre Even et Marie-Claude Poulin. Ce n'était qu'un synopsis, mais ce concept de deuxième fantôme nous a semblé vraiment intéressant.»

Stéphane Lapointe, lui, veut bien faire de la comédie, mais surtout pas du slapstick. «Je veux que ce soit authentique, que les personnages vivent de vrais drames, qu'on ait de l'empathie pour eux, tout en étant punché et drôle. J'aime être sur la ligne.»

Vaudou en Louisiane

Le réalisateur utilisera aussi les codes du thriller, mais en les détournant. Et il entraînera ses personnages jusqu'en Louisiane, dans une séance de vaudou... «À la fin, c'est presque Abbott et Costello rencontrent Dracula! Mais je demande quand même aux acteurs de toujours rester crédibles, d'avoir peur pour vrai.»

En engageant Michel Côté, Stéphane Lapointe a d'ailleurs voulu le faire changer de registre et l'amener du côté du réalisme à la britannique. Le comédien en est bien heureux. «Mon personnage n'est pas si sympathique, mais je suis content d'incarner quelque chose de différent, dit Michel Côté. De toute façon, j'ai pris la décision récemment de porter moins de maquillage, de miser davantage sur la psychologie et de moins disparaître derrière un masque.»

Les maîtres du suspense reste de la comédie, ajoute le comédien, mais de la comédie «fine, intelligente et bien écrite».

Le tournage, qui en est à sa septième journée, durera 27 jours, dont 8 en Louisiane. «Nous serons là-bas du 8 au 18 décembre, précisent les producteurs. Une grande partie de l'équipe technique viendra avec nous. Nous tournerons à La Nouvelle-Orléans et autour de Bâton-Rouge.»

Le film, dont le budget est de 6 millions, devrait prendre l'affiche à l'été 2014.

Gros plan sur...

Michel Côté

C'est la première fois que Michel Côté travaille avec Stéphane Lapointe. «Ça paraît qu'il a de l'expérience et qu'il sait où il s'en va.» Son personnage, Hubert Wolfe, est un auteur populaire qui connaît beaucoup plus de succès depuis qu'un fantôme, Dany Cabana, écrit ses livres à sa place. «Il peut donc profiter de la gloire. Mais quand il devient amoureux de Maria [Maria de Medeiros], qui incarne sa détective-vedette au cinéma, il doit faire le choix de l'authenticité et tout révéler, au risque de tout perdre...»

Photo: Olivier Jean, La Presse

Michel Côté

Robin Aubert

Robin Aubert a connu Stéphane Lapointe lorsqu'il a fait une apparition dans Tout sur moi, et c'est en pensant à lui que le réalisateur a créé le personnage de Dany Cabana. «C'est un auteur pas du tout grand public et qui se plaît dans la marge. Sauf que lorsqu'il écrit pour Hubert Wolfe, ça marche fort. Donc leur équipe fonctionne jusqu'au jour où sa femme demande le divorce et la garde de leur fils. Il devient alors comme un zombie, incapable d'écrire. C'est là qu'il embauche un autre fantôme pour le remplacer.»

Stéphane Lapointe

Stéphane Lapointe aime bien passer rapidement d'un projet à l'autre. Mais s'il y a eu tant de temps entre ses deux films, c'est qu'il a vraiment voulu mener le projet Tout sur moi jusqu'au bout. «Une expérience extraordinaire.» Se trouve-t-il meilleur réalisateur qu'avant? «J'espère... Je sais que je ne suis plus capable de revoir mon premier film. J'avais peut-être trop le goût de faire un American Beauty, mais depuis, je me suis réconcilié avec mon côté comique. Mais même si je sais que c'est ma force, je ne veux pas juste faire rire pour faire rire.»

Photo: Olivier Jean, La Presse

Robin Aubert