De tous les films québécois et canadiens présentés cette année au Festival de Tribeca, le long métrage Whitewash d'Emanuel Hoss-Desmarais constitue le fer de lance. Produit par micro_scope (Incendies, Monsieur Lazhar), le film y est projeté en première mondiale.

C'est son travail en publicité qui a permis à Emanuel Hoss-Desmarais de signer un premier long métrage, Whitewash, avec la très en vue boîte de production québécoise micro_scope.

Pour micro_scope, il s'agit d'une incursion majeure dans le cinéma anglophone, après des oeuvres francophones fortes comme En terrains connus de Stéphane Lafleur, Incendies de Denis Villeneuve, Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau et Inch'Allah d'Anaïs Barbeau-Lavalette.

Mieux encore, l'équipe du film est allée chercher une vedette américaine, Thomas Haden Church (Sideways, We Bought a Zoo), pour défendre le rôle principal, et une grosse pointure québécoise, Marc Labrèche, pour interpréter le rôle secondaire.

Le film est présenté ce soir en première mondiale à Tribeca (New York), événement qui, à son 12e anniversaire, est en train de se tailler une place enviable dans le circuit de festivals consacrés au cinéma indépendant.

Whitewash raconte l'histoire de Bruce Landry (Haden Church), travailleur solitaire qui, un soir de tempête de neige, frappe mortellement un homme avec sa chenillette. Il ensevelit sa victime et se sauve. Le lendemain matin, il se réveille dans une forêt au milieu de nulle part. Entrecoupées d'une série de flashbacks, ses tentatives avortées de sortir de sa prison de conifères le conduiront vers une forme de rédemption.

En entrevue, les producteurs de micro_scope, Kim McCraw et Luc Déry, multiplient les épithètes flatteuses au sujet d'Emanuel Hoss-Desmarais qui, dans les derniers mois, a fait rire bien des Québécois avec ses publicités «On se met à votre place» de Familiprix, où un pharmacien s'imagine dans les situations périlleuses de ses clients.

«C'est le directeur photo André Turpin qui nous a présenté Emanuel. Il est drôle. Toutes ses publicités sont drôles, se réjouit Kim McCraw. André nous a raconté qu'Emanuel travaillait sur des projets de longs métrages (avec Marc Tulin à la scénarisation) et nous nous sommes rencontrés.»

Non seulement la chimie a-t-elle fonctionné entre les individus, mais la maison de production était mûre pour explorer de nouvelles avenues cinématographiques.

«Nous voulions aller dans des thématiques différentes de celles abordées dans Incendies ou Inch'Allah», dit Kim McCraw. «Ce nouveau film est dur à classer, mais il va dans l'humour noir. Il y a quelque chose des frères Coen dans celui-ci», lance Luc Déry.

New York: un bon choix

Depuis sa fondation, micro_scope a l'habitude de présenter ses films en première mondiale dans de grands festivals: Berlin, Venise, Locarno. Si Tribeca a un format plus convivial, il constitue un tremplin idéal vers une carrière dans le monde anglo-saxon.

«Beaucoup de films présentés à Tribeca sont acquis par le festival pour être distribués sur le marché américain, indique Luc Déry. Les gens de Tribeca sont très sérieux. Ils ont les mêmes ambitions que ceux de Sundance.»

Selon les deux producteurs, les dirigeants du festival ont autant apprécié le scénario singulier que la qualité des images (signées André Turpin) et le jeu de Thomas Haden Church qui, pour une bonne partie du film, est seul à l'écran.

Après Tribeca, le film empruntera la route des festivals avant de prendre l'affiche cet automne au Québec.