De l'idée originale jusqu'à la sortie en salle, il aura fallu 10 ans pour que La légende de Sarila, conte inuit sur fond de jeunesse, d'aventure et d'espoir, voie le jour. Dix ans au cours desquels la réalisatrice et coproductrice Nancy Florence Savard a ouvert plusieurs chemins.

À la manière de Markussi, Apik et Poutoulik, les trois héros du film d'animation La légende de Sarila, la réalisatrice Nancy Florence Savard a dû franchir de nouveaux horizons pour arriver à une conclusion heureuse avec ce projet qui a pris 10 ans de sa vie.

«Il fallait toujours ouvrir une porte une première fois, dit-elle en entrevue. C'était la première fois qu'un film en animation 3D stéréoscopique était entièrement réalisé au Québec. Il fallait faire travailler ensemble et amener dans la même direction des gens qui ne l'avaient jamais fait auparavant. Afin de donner aux personnages les bonnes attitudes corporelles, les bons vêtements... j'ai financé à mes frais un voyage dans le Grand Nord afin de nous documenter. Bref, il y avait toujours de nouvelles choses à faire.»

Lorsque les scénaristes Pierre Tremblay et Roger Harvey lui ont proposé la première mouture du conte, Mme Savard l'a incité à la patience. Charmée par l'histoire, la réalisatrice était toutefois prête à embarquer dans cette longue odyssée.

«J'étais une néophyte de la culture inuit», explique Mme Savard, qui se décrit comme une «fille de neige». «Mais je trouvais ça intéressant, beau, magique. Le fait de mettre le peuple inuit en avant-plan en y retrouvant des adolescents héros, je trouvais ça positif. Ça contrastait avec ce qu'on voit dans les médias.»

La quête du bien

Campée il y a une centaine d'années, l'histoire nous emmène au coeur d'une communauté inuit minée par la famine. À la suite d'une révélation, trois jeunes membres au coeur pur sont chargés de se rendre à Sarila, contrée où la nourriture est abondante. En acceptant cette tâche, ils devront affronter bien des embûches.

Pour donner voix aux personnages, on a fait appel à plusieurs comédiens de renom, que ce soit pour la version anglophone (Christopher Plummer, Rachelle Lefebvre, Geneviève Bujold) ou francophone (Guillaume Perreault, Mariloup Wolfe, Mario Saint-Amand, Maxime Le Flaguais).

Mariloup Wolfe aime bien le côté rebelle et revendicateur de cette Apik dont elle est la voix, et qui est à des années-lumière du personnage de Barbie que la comédienne a interprété dans Histoire de jouets 3. «Apik vient d'une famille aux valeurs ancestrales et elle représente la jeune fille qui veut changer les choses, s'émanciper et briser certaines règles, dit-elle. Ce qui est beau, c'est qu'elle réussit à se faire comprendre. En plus, elle est courageuse et a du caractère.»

De son côté, Maxime Le Flaguais aime bien le fait que son Poutoulik soit un fils de chef de clan qui perd totalement la notion du bien lorsqu'il est ensorcelé par Croolik, vieux chaman à l'âme noircie de rancunes.

«On aime ça, jouer les vilains! Mais ici, j'ai la chance d'interpréter un bon gars qui devient le méchant malgré lui. C'est le meilleur des deux mondes», lance le comédien, avec un plaisir évident.

Poutoulik lui rappelle d'ailleurs Alexandre Delarge, personnage central d'Orange mécanique, qu'il incarne en ce moment au théâtre.

Croolik est interprété par Mario St-Amand, qui a de l'affection pour cet homme de 80 ans, en dépit de ses travers. «Ce n'est pas Croolik l'adulte qui est méchant, mais l'enfant en lui qui va utiliser sa force au service du mal, dit-il. Croolik est engagé dans un combat contre lui-même. C'est une belle leçon de vie et j'ai porté ce personnage jusqu'à son dernier souffle.»

Plus que tout, Mario St-Amand aime la quête au coeur du film. Une quête de trois personnages confrontés à eux-mêmes et qui vont douter d'eux, mais qui, au bout du compte, vont traverser les épreuves. «Pour moi, ça peut toucher tout le monde!»

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La légende de Sarila sort en salle le 1er mars.