Après quelques années éloigné de la réalisation cinématographique, Robert Lepage y revient avec le film Triptyque, inspiré de sa pièce Lipsynch. Et comme pour plusieurs éléments de son travail, le créateur donne à ses personnages des éléments de ses propres préoccupations.

«Les trois personnages principaux me touchent beaucoup et prennent beaucoup de place dans mon imaginaire parce que je m'identifie à eux. Pour faire un bon film, il faut créer des personnages auxquels le public va s'identifier», dit le créateur rencontré hier dans le cadre de l'événement Ciné-Québec.

Ses trois personnages, ce sont Michelle, Marie et Thomas, qui évoluent dans un moment charnière de leur vie où leur équilibre mental est fragile.

«Mon personnage, dit par exemple la comédienne Frédérike Bédard (Marie), est une chanteuse de jazz qui reçoit un diagnostic de tumeur au cerveau. Elle est opérée et devient aphasique. Thomas (Hans Piesbergen) est son neurochirurgien. Ils établissent une relation d'amitié et d'amour.»

Mais Thomas a également des questions existentielles. «J'ai écrit le film à 50 ans et les questionnements de Thomas étaient près des miens. On donne à nos personnages nos préoccupations du moment», affirme Lepage.

Ce dernier coréalise le film avec Pedro Pires, cinéaste remarqué pour ses courts métrages Hope et Danse macabre.

«Ce fut une expérience très formatrice de travailler avec Pedro, dit Lepage. Il est un bon raconteur d'histoires avec le cinéma. Il vient de cette école où on écrit avec la caméra, les images et le son alors qu'au théâtre, on écrit avec les répliques des personnages.»

Distribué par Christal, Triptyque devrait sortir à l'automne. Lepage n'avait pas réalisé de film depuis La face cachée de la lune, en 2003. «Mais je n'étais pas loin. J'ai joué dans des films, j'ai coaché des gens, j'ai collaboré aux projets d'autres personnes», dit-il.

Le film, qui compte plus de 70 jours de tournage, s'est fait sur plus de deux ans. M. Lepage était heureux que toute l'équipe se donne le temps de le faire. «Avoir du temps a été un grand luxe», conclut-il.