Une église illuminée comme un sapin de Noël. Des vedettes montréalaises au pied carré. Un tapis rouge partant du perron et courant jusqu'au trottoir, avec en prime un morceau de la locomotive qui n'est jamais venue à Saint-Élie, mais qui, hier, pour les besoins de la première mondiale d'Ésimésac, le nouveau film du duo Luc Picard et Fred Pellerin, attendait les invités.

Quatre ans après la présentation de Babine sur un tapis rouge qui s'était transformé par la magie des lutins en tapis blanc, c'était à nouveau soir de première à Saint-Élie-de-Caxton - la neige et les lutins en moins.

Dans l'église, l'autel avait disparu au profit d'un immense écran de 24 pieds diffusant une image parfaite en HD. Un peu plus et on aurait cru qu'une nouvelle salle de cinéma venait d'ouvrir à Saint-Élie. Un élément du décor, pourtant, venait contredire cette impression: les bancs d'église en bois dur sur lesquels les 450 invités ont posé leur postérieur dans la bonne humeur, l'expectative et la fierté.

Légende et réalité

C'est la mère de Fred Pellerin, Joanne Pinard, qui s'est occupée de placer les inviter. Les cinq premiers rangs étaient réservés à la nombreuse famille Pellerin. Puis, à partir du cinquième rang, la réalité venait rejoindre la légende avec des bancs réservés à la famille du forgeron Riopelle, l'antihéros du film, des bancs pour la famille d'Ésimésac Gélinas, le vrai héros du film, des bancs pour la famille de Méo, le coiffeur décoiffant, des bancs pour les descendants de Toussaint Brodeur, et ainsi de suite.

Fred Pellerin était là pour accueillir tout son monde, y compris ses amis montréalais: le réalisateur Luc Picard et les comédiens Gildor Roy (le forgeron), Nicola-Frank Vachon (Esimésac), René Richard Cyr (Méo), Marie-Chantal Perron (Mme Brodeur), Isabel Richer (la sorcière), l'adorable Sophie Nélisse et Marie Brassard, la célèbre Mme Gélinas, mère d'Ésimésac, l'homme le plus fort du monde de Saint-Élie qu'elle a porté pendant 15 ans.

Certains acteurs n'avaient pas encore vu le film. Les autres avaient hâte de sonder le coeur de ce premier public et de voir sa réaction à l'égard d'un film plus grave que Babine et qui, bien qu'il ait été écrit et tourné avant le printemps érable, le préfigure en quelque sorte.

Pour la comédienne Marie Brassard, c'était un moment particulièrement touchant. Elle revenait pour la première fois sur la tombe de son père, mort et enterré au printemps dernier à Saint-Élie, où il vivait depuis plusieurs années. Le papa de la mythique Mme Gélinas se faisait une joie de venir voir le nouveau film de sa fille, mais l'arracheuse de temps l'a rattrapé. Sa tombe est dans le cimetière, derrière l'église, à côté de celle du papa de Fred Pellerin. Autant dire qu'il y avait beaucoup d'émotion dans l'air hier soir. Et plusieurs anges bienveillants dans le ciel.

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Ésimésac prend l'affiche le 30 novembre.