Sylvain Archambault n'est pas du genre à se confiner dans un genre. Après un drame biographique (Piché), une comédie (French Kiss) et un film d'époque (Rouge Brésil), le réalisateur est plongé dans un drame abyssal avec La garde, dont le tournage se termine aujourd'hui.

Et drame, il y a! Luc Bisaillon (Paul Doucet) est un pompier peu expressif qui a perdu le droit de voir son fils Sam (Antoine L'Écuyer) depuis plusieurs années. Excédé, il kidnappe l'enfant pour l'amener à la chasse durant une semaine. Les retrouvailles père-fils dont rêve Luc se transforment en une série d'épreuves.

Il y a sans doute des rapprochements à faire entre ce scénario fictif et des histoires réelles à la Fathers-4-Justice. Sylvain Archambault reconnaît que le sujet l'intéressait depuis un moment, mais se garde de prendre parti.

«Dans le film, on ne fait pas le procès de quiconque, dit-il. On explore plutôt la détresse d'un homme qui s'est fait retirer la garde complète de son enfant. On veut savoir ce que ça peut faire à un homme et jusqu'où il peut aller. Les gens vont tirer leurs propres conclusions. Ils vont se demander s'ils auraient fait la même chose. On juge ces hommes-là très sévèrement, mais on doit se demander comment quelqu'un de très normal peut en arriver là. Personne n'est à l'abri de ça, peu importe la strate sociale.»

M. Archambault n'excuse pas certains gestes. Évoquant le cas Guy Turcotte, il dit que l'homme aurait dû rester «en dedans» beaucoup plus longtemps. «Mais je connais des cas où le prix à payer a été beaucoup trop élevé par rapport à l'acte commis [par un père dépouillé du droit de voir ses enfants]. Et c'est de cela qu'on traite.»

Sentiments contraires

Paul Doucet ne croit pas, quant à lui, que son personnage a le profil d'un leader revendicateur. «Luc ne ferait pas un bon porte-parole de pères floués, dit-il. C'est un homme de peu de mots qui avait cette pulsion de voir son fils.»

Le film, dit M. Doucet, a cette qualité de rappeler qu'à la frontière de l'amour peuvent se trouver des sentiments contraires. «On ressent que la ligne entre le bien et le mal est très mince. Il faut rester à l'affût des limites de cette ligne-là.»

M. Doucet note à quel point le réalisateur s'investit dans le tournage des scènes. «Quand le personnage pleure, il pleure», dit-il. Une remarque que partage Antoine L'Écuyer, qui travaille avec Sylvain Archambault pour la troisième fois. «Avec lui, ça roule. Il met de l'énergie sur le plateau et j'adore ça», dit le comédien de 15 ans.

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Produit par Cité-Amérique, La garde sortira en 2013.