Trois ans après Cadavres, le réalisateur Érik Canuel tourne un nouveau film au Québec, Lac Mystère. Visite d'un plateau très chaud!

Après avoir tourné en septembre dans le beau paysage des Laurentides, le réalisateur Érik Canuel a posé sa caméra dans un lieu moins bucolique, quoique tout pittoresque, pour achever son prochain long métrage: un club de danseuses attaché à un motel «spécialisé», en bordure de l'autoroute 20 et de la frontière ontarienne.

Vendredi dernier, alors que les médias visitaient le plateau de Lac Mystère, le cinéaste était aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau dans cet environnement sombre et sulfureux. Avec ses grosses bagues dans chacun de ses 10 doigts, ses chaînes au cou et son look de «rocker», le réalisateur de Bon Cop, Bad Cop ressemble à son univers cinématographique, plus proche de Tarantino que de Bergman. «Lac Mystère sera dans la lignée de La Loi du cochon et de Cadavres, dit-il, mais plus posé.»

Le film met en vedette des acteurs avec qui le cinéaste n'avait pas souvent travaillé: Maxim Gaudette, Laurence Leboeuf, Laurent Lucas, Benoît Gouin, Sylvain Marcel, Gildor Roy, Marc Beaupré... (eh non, Patrick Huard n'est pas de la distribution!). Il raconte l'histoire d'un homme (Gaudette) qui a été trahi par ses proches et qui décide de fuir au fond des bois. Toutefois, alors qu'il croyait échapper à la société des hommes, il va trouver sur son chemin plusieurs êtres étranges et dérangeants; dont un Français fantasque exilé au Québec (Lucas). Il va s'amouracher de la danseuse vedette du club, Kate alias Star (Leboeuf). Et sera aussi mêlé aux petits malfrats de ce bled perdu qui gravitent autour de Jack, le propriétaire du club (Beaupré).

À la frontière des genres

«C'est un film à la frontière des genres, explique Érik Canuel. Il y a du suspense, de l'action, mais pas uniquement. C'est un drame tragi-comique dans lequel les personnages frisent la caricature. Des personnages colorés et qui ont de grandes failles. Et moi, ce qui m'intéresse, c'est de trouver l'humanité dans leurs failles.»

Après avoir surtout tourné en anglais ces dernières années (les téléséries Flashpoint, Lost Girl, Being Erica; un long métrage, Barrymore, d'après une pièce sur l'acteur légendaire avec une autre légende vivante, Christopher Plummer), Canuel est content de revenir au Québec... Même s'il doit se refaire à l'idée des contraintes budgétaires: «C'est un film de 35 jours de tournage qu'on doit faire en 25 jours», dit-il.

De l'avis de tous les acteurs sur le plateau, c'est un grand bonheur de jouer sous sa direction. «Érik est un enfant dans son carré de sable, dit Marc Beaupré. Il rigole tout le temps. Il s'amuse avec l'équipe. Mais il est en contrôle, très concentré. Les acteurs lui font confiance. Et c'est rare qu'un réalisateur - après avoir tourné une scène qui lui convient -, demande à un acteur s'il veut la refaire!»

Érik Canuel sait aussi comment rassurer ses comédiens. Quand Laurence Leboeuf, qui doit jouer entre autres des numéros de striptease dans le club, exprimait des doutes sur une scène, le réalisateur lui a lancé: «Voyons Laurence, tu es la Meryl Streep du Québec!!»

Librement inspiré d'un roman d'Andrée A. Michaud et scénarisé par Diane Cailhier (Le Survenant), Lac Mystère est produit par Jacques Bonin. Il s'agit de la quatrième collaboration entre Canuel et ce producteur qui développe le volet cinéma chez Novem Communications (outre Lac Mystère, ils ont fait ensemble Nez Rouge, La Loi du cochon et Le Survenant).

Doté d'un budget de 4,5 millions, le tournage du film se termine cette semaine. Érik Canuel vise une sortie pour août 2013. «À la même période que Bon Cop, Bad Cop, dit-il, sourire en coin.

Photo: Alain Décarie, collaboration spéciale

Pour son prochain film, Lac Mystère, le réalisateur Érik Canuel a posé sa caméra dans l'univers glauque et troublant d'un club de danseuses, où se frôlent des êtres étranges et dérangeants.