Le journal du Vatican a louangé Spotlight, le long métrage auréolé de l'Oscar du meilleur film, pour avoir donné une voix aux fidèles ayant «profondément souffert» des gestes commis par l'Église pour défendre son image plutôt que les enfants victimes d'agressions sexuelles perpétrées par des membres du clergé.

L'Osservatore Romano écrit même que le film n'est pas anticatholique.

Le quotidien a publié deux articles dans son édition de l'après-midi sur ce film qui relate l'enquête du Boston Globe ayant permis, en 2002, de dévoiler le scandale impliquant des prêtres pédophiles couverts par l'Église catholique dans la région de Boston.

La journaliste Lucetta Scaraffia a cité le producteur du film Michael Sugar, qui a enjoint, dans son discours de remerciement, le pape François à protéger les enfants et à rétablir la foi. Pour le journal, il s'agit d'un appel positif.

Mme Scaraffia écrit qu'il y a «encore de la confiance dans l'institution et dans un pape qui poursuit le nettoyage entamé par son prédécesseur».

Radio-Vatican, qui avait diffusé une critique fort élogieuse du film en octobre, l'a aussi louangé dans son reportage sur la soirée des Oscar, soulignant qu'il s'agit d'une description «rigoureuse et authentique» et citant l'appel de M. Sugar.

Cette réaction contraste avec celle de l'Église catholique et du journal du Vatican observée par le passé. Pendant une décennie et même à une date aussi avancée que 2010, l'Osservatore Romano défendait bec et ongle le Saint-Siège et s'offusquait de ce qu'il qualifiait «d'attaques injustes contre le pape».

L'Oscar du meilleur film a été décerné quelques heures après que le préfet du Secrétariat pour l'Économie au Vatican, le cardinal australien George Pell, eut témoigné devant la Commission royale d'enquête australienne sur des crimes pédophiles commis par des membres du clergé dans les années 1970 et 1980.