La Hongrie pavoisait lundi après l'attribution de l'Oscar du meilleur film étranger dans la nuit à Hollywood au Fils de Saul de Laszlo Nemes, plongée épurée et poignante au coeur de la Shoah, une récompense qui représente une première pour ce pays depuis 1982.

«Incroyable: on en a rêvé et ça y est, on l'a gagné!» claironne le premier portail hongrois d'information en ligne, Origo.

«C'est un grand jour pour le cinéma hongrois. Merci à tous», relève pour sa part le Premier ministre conservateur Viktor Orban sur sa page Facebook. «Nemes écrit l'Histoire», note le quotidien Magyar Nemzet.

Le dernier Oscar pour un film hongrois avait été remporté en 1982 par Istvan Szabo pour Mephisto, rappelle le quotidien Magyar Idök. «Cela fait 34 ans qu'on n'avait pas entendu cette phrase: and the Oscar goes to... Hungary», relève le site Index.

Le film de Laszlo Nemes, réalisateur hongrois de 39 ans, a été entièrement réalisé en Hongrie avec un modeste budget de 1,5 million d'euros, le sujet du film ayant à l'époque fait fuir les investisseurs étrangers.

«L'exemple de Lazlo démontre que si quelqu'un a une bonne idée et est prêt à travailler dur, il peut réussir», souligne sur Origo Andy Vajna, directeur du Fonds national hongrois pour le cinéma, qui avait cofinancé le film.

«Lazlo Nemes et son équipe ont montré le vrai visage de la Hongrie au 21e siècle: celui d'un pays qui n'a plus peur de faire face aux jours les plus sombres de son histoire», estime de son côté Jozsef Tobias, président du Parti socialiste (opposition) sur Facebook.

«Grâce à vous et avec vous, tout le pays s'unit dans la joie. Merci et félicitations», relève l'ancien Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany dans un message à l'équipe du film.

Fiction dépouillée déjà saluée par la critique et un large public dans le monde entier, Le fils de Saul a enregistré plus de 140 000 entrées à ce jour en Hongrie, un record dans ce pays où la barre des 100 000 spectateurs est rarement dépassée.