Moins connu du grand public que celui de Cannes ou de Toronto, le festival de l'American Film Institute (AFI) de Los Angeles est très prisé des cinéastes en quête d'un Oscar, en particulier celui du meilleur film étranger.

Cette année, les réalisateurs, notamment de Saint Laurent (pour la France), Mommy (pour le Canada) et Deux jours, une nuit (pour la Belgique) sont venus y faire les yeux doux à ceux qui votent pour qui remportera les prestigieuses statuettes dorées.

«C'est un festival qui se trouve dans la ville du cinéma et où se trouvent les gens qui votent aux Oscars» à Los Angeles, remarque Robert Thompson, professeur de culture populaire à l'Université de Syracuse, dans l'État de New York.

Pour Bertrand Bonello, réalisateur de Saint Laurent, le film qui porte les couleurs de la France cette année, un Oscar du meilleur film étranger «porte encore plus loin un film en termes d'économie et de visibilité».

M. Bonello a présenté mardi et mercredi son film au public de l'AFI Festival, aux côtés de Gaspard Ulliel, qui incarne dans le film le mythique créateur de mode Yves Saint Laurent, et de la comédienne et mannequin Aymeline Valade, qui joue sa muse Betty Catroux.

«Des gens du métier m'ont expliqué que c'est là qu'il y a le plus grand nombre de personnes qui votent» à l'Academy of Motion Pictures Arts and Science, l'institution qui organise les Oscars, «encore plus que dans les festivals de New York», fait valoir Mme Valade, interrogée par l'AFP.

Être en compétition pour les Oscars requiert «une promotion un peu poussée où l'on rencontre non seulement des journalistes, mais aussi des votants», souligne pour sa part Bertrand Bonello, ajoutant qu'il s'en remet «au distributeur Sony Pictures Classic».

Deux jours, une nuit, le film des frères Dardenne avec Marion Cotillard, s'est aussi produit la semaine dernière, au début du festival, qui s'est ouvert le 6 novembre et se termine jeudi.

Vrai impact économique

Luc et Jean-Pierre Dardenne, accompagnés de leur star, ont également eu les honneurs de la soirée des Governors Awards en compagnie du gratin d'Hollywood. Organisée par l'Academy, cette soirée était une autre occasion de donner de la visibilité à leur film, en campagne pour les Oscars.

Le film, qui a fait sensation au dernier Festival de Cannes, représente la Belgique.

Mommy, le film choc de Cannes cette année, réalisé par le prodige canadien Xavier Dolan, a eu les honneurs du Festival AFI et du célèbre Chinese Theater de Hollywood mercredi.

Il capitale umano de Paolo Virzi, choisi pour représenter l'Italie lors des prochains Oscars, est également au programme du festival.

«La vraie campagne de lobbying ne commence qu'une fois qu'on est dans les cinq derniers», remarque toutefois Aymeline Valade.

À ce stade, la route est en effet encore longue pour obtenir le Graal du cinéma.

Cette année, un record de 83 pays concourent pour l'Oscar du meilleur film étranger, dont pour la première fois le Kosovo, Malte, la Mauritanie et Panama.

Le promeneur d'oiseau du réalisateur français Philippe Muyl, tourné en Chine en mandarin et français avec des acteurs chinois, représentera la Chine.

Une courte liste d'une dizaine de films retenus pour la course aux Oscars sera annoncée vers le mois de décembre.

L'annonce des films retenus pour les Oscars dans toutes les catégories sera diffusée le 15 janvier et la cérémonie se tiendra le 22 février.

En 2013, Renoir, du français Gilles Bourdos, n'avait pas passé le cap de la première sélection.

L'Oscar du meilleur film étranger a été décerné cette année au long métrage italien La grande bellezza, de Paolo Sorrentino.

Le professeur Robert Thompson remarque que par le passé, «peu de gens faisaient attention au film qui remportait l'Oscar du meilleur film étranger, d'autant qu'il n'était en général montré que dans quelques salles aux États-Unis.

De nos jours, si la disponibilité des films étrangers en salles aux États-Unis ressemble à une peau de chagrin, «ces films peuvent néanmoins être disponibles au fin fond de l'Oklahoma grâce à internet et la vidéo à la demande. Recevoir l'Oscar peut avoir un vrai impact économique pour le film», conclut M. Thompson.