Comment les choses se passent-elles dans le sillon d'une nomination aux Oscars? C'est ce que La Presse a demandé à trois Québécois concernés.

Philippe Falardeau (en nomination pour Monsieur Lazhar, 2011*)

«Il y a trois phases aux Oscars, dit le réalisateur. D'abord, il y a l'attente interminable d'une nomination improbable. Plus on franchit les étapes et plus on se surprend à y croire et on a peur d'être déçu.

«En second lieu, après la nomination, on se dit qu'on est déjà gagnant, quoi qu'il arrive le soir du gala. Les semaines qui suivent sont festives, mais encore une fois, graduellement et presque insidieusement, on se met à espérer les grands honneurs, chose à laquelle on n'a pas forcément rêvé.

«La troisième phase arrive après les Oscars. «Lauréat ou non, le film a déjà gagné en visibilité et les opportunités se multiplient, dit M. Falardeau. Il s'agit d'être patient, de sonder ce qu'on souhaite vraiment faire et de retourner travailler, à Montréal ou ailleurs, avec le même sérieux, le même engagement que pour notre tout premier film.»

Denise Robert (trois nominations, dont un Oscar)

La productrice Denise Robert était derrière Les invasions barbares de son conjoint, Denys Arcand, en nomination aux Oscars pour Le déclin de l'empire américain, Jésus de Montréal et Les invasions barbares (2003). La troisième fois fut la bonne.

À la suite de ces passages, Denys Arcand a reçu plusieurs propositions de scénarios des Américains. «Nous en recevions environ un par semaine et Denys les commentait. Les gens adoraient ça parce qu'il mettait beaucoup d'humour. Mais Denys est resté au Québec parce que c'est sa culture qui l'inspire», dit Mme Robert.

Cette dernière se souvient du questionnement qui a surgi après l'Oscar. «On se dit: qu'est-ce qu'on fait maintenant? Et puis, au retour, je me suis remise au travail avec Denise Filiatrault sur Ma vie en cinémascope. Et j'ai retrouvé la même passion qu'auparavant. La vie continue. On continue à travailler et à donner le meilleur de soi.»

Luc Déry (deux nominations)

Deux nominations coup sur coup avec Incendies (2010) et Monsieur Lazhar (2011). La boîte de production micro_scope ne pouvait espérer meilleure carte de visite.

«Dans les deux cas, cela nous a aidés à vendre le film à l'international et jusqu'auprès de lignes aériennes, indique le producteur Luc Déry. Cela nous a aussi aidés à vendre les droits du film Inch'Allah d'Anaïs Barbeau-Lavalette avant même le tournage.»

Luc Déry et sa partenaire d'affaires Kim McCraw étudient maintenant des propositions de scénarios en provenance des États-Unis.

Il souligne aussi que lorsque sa boîte a approché Thomas Haden Church pour jouer le rôle principal dans le film Whitewash, qu'on verra sous peu, l'acteur américain a été mis en confiance. «Il a pu constater le sérieux de notre démarche.»

Co Hoedeman (Oscar du meilleur court métrage d'animation, 1977)

Trente-cinq ans après avoir reçu un Oscar pour son film Le château de sable, produit par l'ONF, la magie opère encore, assure Co Hoedeman. «Lorsque les gens entrent chez moi, leur oeil est attiré par l'Oscar installé sur une étagère de mon salon et je raconte mon histoire», dit le cinéaste.

«J'avais mis 18 mois à faire le film. À l'époque, on tournait en 35 mm, image par image. Nous n'avions aucun avantage de la technologie actuelle», ajoute-t-il.

Avec un Oscar sont venues les invitations à donner des conférences, à être jury dans des festivals, à faire des présentations, etc.

«J'ai voyagé à travers le monde, dit M. Hoedeman. Aujourd'hui, je fais attention à ne pas trop m'épuiser. J'ai encore du travail à faire.»

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* Les années indiquées sont celles de la sortie du film.