Au cours des 19 premiers galas du cinéma québécois, 15 cinéastes différents ont remporté, une fois ou plus, la statuette, Jutra ou Iris, saluant la meilleure réalisation d'un film. À l'aube de la 20e édition du gala, qui aura lieu dimanche, La Presse a voulu savoir quels films québécois ont marqué ces gagnants. Voici ce qui se dégage de leurs réponses.

Léolo

Le second et dernier long métrage de Jean-Claude Lauzon est le grand gagnant de notre petit sondage auprès des réalisateurs. Deux d'entre eux, Stéphane Lafleur et Kim Nguyen, en ont fait leur premier choix alors que trois autres l'ont nommé dans leurs deuxièmes choix (la majorité des interviewés ont nommé plus d'un film et quelques-uns n'ont pas désigné un film en tête de leur palmarès). Il est intéressant de noter que les trois acteurs principaux du film, Maxime Collin, Ginette Reno et Pierre Bourgault, n'ont pas fait du jeu leur première carrière. Seul l'acteur français Julien Guiomar, personnage du grand-père de Léolo, défend une longue feuille de route.

Robert Morin

Si Léolo est le film le plus nommé, Robert Morin est le cinéaste qui inspire de la façon la plus diverse. Louis Bélanger a choisi son film Le voleur vit en enfer alors que Lyne Charlebois cite Requiem pour un beau sans-coeur. Et Mme Charlebois insiste: tout le cinéma de Morin est «nécessaire».

Le premier Villeneuve

Un film québécois de Denis Villeneuve? On pense spontanément à Incendies ou à Polytechnique. Pourtant, c'est son premier film, le court métrage REW FFWD (pour «Rewind - Fast Forward») qui a retenu l'attention. L'oeuvre, produite à l'ONF, raconte l'histoire d'un photographe dont l'automobile tombe en panne dans un secteur réputé violent de la Jamaïque. Après s'être replié sur lui-même, le personnage se met à être attentif à ce qui l'entoure.

L'influence de l'ONF...

Le court métrage de Denis Villeneuve n'est pas le seul nommé par les réalisateurs interviewés à avoir un lien avec l'Office national du film. L'organisme fédéral a aussi produit Pas de deux de Norman McLaren, L'âge de la machine de Gilles Carle, César et son canot d'écorce de Bernard Gosselin, Jeux de la XXIe Olympiade de Jean-Claude Labrecque et Pour la suite du monde de Pierre Perrault et Michel Brault.

Années 60 

Brault et Perrault dont nous venons de parler, tout comme Claude Jutra, Gilles Carle et Bernard Gosselin ont tous vu une de leurs oeuvres des années 60 être nommée comme premier choix à égalité avec d'autres ou comme deuxième choix.Mais, comme un premier choix ferme, seul Denis Villeneuve désigne un film de cette décennie: Pour la suite du monde. Tous les autres premiers choix fermes viennent soit des années 70, 80 ou 90. Dans ses deux choix, Léa Pool fait bande à part en ayant désigné deux films des années 2010, à savoir Le vendeur de Sébastien Pilote et Chien de garde de Sophie Dupuis.

Seule femme au palmarès

Sophie Dupuis est la seule femme nommée au palmarès des films marquants des réalisateurs interviewés. Ni les films d'Anne-Claire Poirier, ni ceux de Paule Baillargeon, Mireille Dansereau, Micheline Lanctôt ou Aimée Danis, pionnières du 7e art féminin québécois, n'ont été choisis.

Oscars? Quels Oscars?

En parallèle à ces absences remarquées, on note aussi que les films québécois ayant remporté un Oscar n'ont pas la cote chez nos interviewés. Les invasions barbares de Denys Arcand et L'homme qui plantait des arbres de Frédéric Back ne sont pas évoqués. Denis Villeneuve nomme Le château de sable de Coe Hoedeman parmi plusieurs courts métrages de l'ONF «qui ont façonné [son] imaginaire».

Le gala Québec Cinéma (tapis rouge et gala) est diffusé, le 3 juin, à 19 h 30, sur les ondes d'ICI Radio-Canada.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Robert Morin au moment de la sortie de son plus récent film, Le problème d'infiltration

Photo fournie par l'ONF

César et son canot d'écorce de Bernard Gosselin