Dimanche soir, à l'occasion de la 15e soirée des Jutra, Michel Côté recevra le Jutra-Hommage pour l'ensemble de sa carrière. À 62 ans, le comédien qui a fait ses débuts au cinéma en 1983 dans Au clair de la lune compte plus d'une vingtaine de films à son palmarès. Il a accepté de revenir pour La Presse sur les personnages qui ont le plus marqué son parcours au grand écran.

1983 : Au clair de la lune d'André Forcier

«C'est un film extrêmement important puisqu'il est devenu culte dans les écoles de cinéma. Je n'ai pas passé d'audition: je suis rentré au bistro Terrapin de Longueuil à midi avec une caisse de 12 pour rencontrer Forcier et je suis ressorti le soir complètement saoul, mais j'avais le rôle! Ça a été une aventure très particulière, car on a tourné de nuit, en janvier et février, à extérieur, nu-tête et nu mains. J'avais juste un manteau de femme que j'avais volé dans une auto. Je ne me suis plus plains de la température pour tout le reste de ma carrière!»

1988 : T'es belle Jeanne de Robert Ménard

«Ce film-là a un peu changé ma vie. Je me suis entraîné pendant trois semaines à l'Institut de réhabilitation. J'y ai rencontré un p'tit gars qui avait perdu une jambe et qui apprenait à marcher avec sa prothèse. Je me suis entraîné avec lui pour jouer cet handicapé et essayer de passer par-dessus la clôture sans me servir de mes jambes. C'est un film qui a eu beaucoup de succès et qui a marqué le début de ma collaboration avec Robert Ménard.»

1989 : Cruising Bar de Robert Ménard

«Robert m'a demandé si j'ai une idée de film. J'avais une idée de pièce de théâtre, car je pensais que Broue allait arrêter. Je voulais rejouer avec la même gang et remplacer le bar par un «cruising-bar». La drague, un sujet universel et inépuisable! Finalement, comme je ne savais pas quel personnage interpréter, Robert m'a convaincu de faire les quatre! Le soir, pendant le tournage, je jouais aussi cinq personnes dans Broue

1989 : Dans le ventre du dragon d'Yves Simoneau

«Yves Simoneau nous a fait répéter à l'École nationale de théâtre. Il nous poussait à proposer des idées et à improviser. Certaines scènes sont le fruit de cette improvisation avec Rémy (Girard). J'ai adoré tourner avec lui, on a une facilité à jouer ensemble. Bozo est un personnage magnifique que je reprendrais demain matin. Il a une belle naïveté. J'ai revu le film l'an dernier et c'est encore très fort.»

2003 : Sur le seuil d'Éric Tessier

«C'est un des premiers films gore québécois. J'entre dans l'univers de Patrick Senécal, qui est le meilleur papa du monde, mais qui est un romancier complètement démoniaque. Le scénario était béton et c'était un rôle formidable à jouer, avec des effets spéciaux et beaucoup d'émotion. Quand la belle Catherine Florent se fait éventrer par ce monstre incarné par Patrick Huard, c'est vraiment incroyable!»

2004 : Le dernier tunnel d'Érik Canuel

«C'était un rôle très demandant physiquement. J'ai dû m'entraîner deux mois et demi pour ne pas me faire un tour de rein en portant des brouettes! Un de mes grands plaisirs a aussi été de tourner avec mon ami Jean Lapointe, qui est acteur naturel extraordinaire. Marc Talon [son personnage] apparaissait comme un Robin des bois qui voulait voler 200 millions à une banque. Le film marchait très bien, mais tout d'un coup, il y a eu un article dans la presse qui remettait en question la véracité des faits, un peu comme avec L'affaire Dumont

2005 : C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée

«C'est un film important pour le Québec. J'ai eu un grand plaisir à tourner avec Danielle Proulx. Je sentais tellement mon personnage que ce n'était presque pas difficile pour moi. Même qu'à un certain moment, je suis allé voir Jean-Marc pour lui dire que je m'inquiétais, car j'avais l'impression de ne plus jouer. Je viens d'une famille sans fille et j'ai deux fils. Mon personnage correspond à 99% des pères sur la Terre à cette époque-là. J'adore Jean-Marc et je crois que son film est passé à l'histoire.»

2009 : De père en flic d'Émile Gaudreault

«C'est un cadeau du ciel. Je me sens tellement privilégié! Ça, c'est du gâteau! Émile est un être absolument charmant et intelligent. J'adore les films d'action et il y en a en masse. On se battait pendant une journée et demie dans la boue avec Louis-José Houde. On a eu du plaisir à tourner en location dans les jardins de Baie Saint-Paul dans une comédie sur un fond intelligent. C'est rare d'avoir pour un même film 4 étoiles de la critique et 10,5 millions au box-office! C'est un des beaux souvenirs de ma carrière.»

2010 : Piché, entre ciel et terre de Sylvain Archambault

«Mon fils Maxime a refusé trois fois le rôle. Il ne voulait pas tourner dans un film de papa ou de maman avant d'arriver à un certain point dans sa carrière. Sylvain Archambault se faisait pressant pour trouver quelqu'un pour jouer mon personnage jeune, et Maxime était sa meilleure option, même s'il était plus beau que moi à l'époque! J'ai dit à Sylvain de lui faire passer une scène d'audition très difficile. Tout s'est bien passé! On n'a pas tourné ensemble, mais je suis quand même venu le voir une fois sur le plateau. Il avait vraiment le swing de Piché avec ses lunettes et la petite tape sur les fesses de l'hôtesse!»

2012 : Omertà de Luc Dionne

«Luc Dionne m'a appris qu'on allait refaire Omertà. Comme il n'avait pas assez d'argent pour faire une série, il a décidé d'opter pour un long métrage. J'avais des craintes, tellement que je me demande même si je n'ai pas refusé! Mais je n'avais pas le choix. On ne peut pas faire Omertà sans Pierre Gautier (son personnage)! Sur le plateau, ça s'est super bien passé. Je n'ai pas boudé mon plaisir. On aime ça, nous, les p'tits garçons, jouer au cowboy. Alors, j'ai remis ma veste anti-balles, des balles dans mon gun; on tourne et on s'amuse!»