Peu avant sa mort, Claude Jutra a fait don de ses archives personnelles à l'UQAM et à la Cinémathèque québécoise. Après sa mort, sa soeur Mimi a enrichi le fonds de la Cinémathèque québécoise d'autres documents. Le fonds qui se trouve aujourd'hui à l'UQAM est le plus important.

L'auteur de la biographie de Claude Jutra, Yves Lever, a consulté la plupart des documents des deux fonds pour rédiger son ouvrage. Dans les cartons de l'UQAM, on retrouve des documents personnels comme des journaux personnels et des agendas, des correspondances personnelles et professionnelles, plusieurs avec sa famille, des documents concernant sa participation à des activités, divers textes, des poèmes, des chansons et des scénarios annotés. Il y a aussi des documents sonores et filmiques, ainsi que des photographies.

Yves Lever a eu accès à tout. Ou presque. Même si Claude Jutra n'a pas émis de restrictions à la consultation lors du don, le service juridique de l'UQAM a bloqué l'accès à certains documents, et ce, jusqu'en 2040. C'est une décision qu'a prise l'UQAM en accord avec la Loi sur les archives, la Loi sur le droit d'auteur et la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.

Parmi ces documents sous scellés, on retrouve des lettres qui constituent une correspondance entre le cinéaste et une femme qui était amoureuse de Jutra. Cette femme est (ou était) mariée à un homme connu.

Il y a aussi une série de minicassettes provenant de son répondeur téléphonique. Peut-être à cause d'un début d'alzheimer, Claude Jutra enregistrait tous ses appels téléphoniques pendant les dernières années de sa vie.

Un journal devant rester secret durant 56 ans

Mais surtout, parmi les documents actuellement sous scellés, il y aurait un journal personnel, dont certaines pages devaient rester secrètes pendant cinquante-six ans (le journal aurait été offert en 1984).

L'auteur de la biographie qui fait les manchettes actuellement, Yves Lever, n'a pas réussi à faire lever le scellé. Il trouve cela dommage. Ces documents auraient pu apporter un éclairage différent sur sa personnalité. D'autant plus que Claude Jutra se souciait beaucoup de l'état et de la conservation de ses écrits et archives personnelles. Il a d'ailleurs été très généreux lors de la donation. « Comme s'il voulait qu'on se souvienne de lui longtemps », écrit Yves Lever dans son ouvrage.

La Presse a tenté toute la journée hier de parler au directeur du Service des archives et de gestion des documents de l'UQAM, André Gareau. Celui-ci n'a pas répondu à nos appels. Quant au service des relations avec la presse de l'UQAM, on a attendu à la fin de la journée pour nous diriger laconiquement vers le site internet de l'université.